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  • Antoine Marty (1817-1891), maire et bienfaiteur de Carcassonne

    Le 23 septembre 1817, Antoine Marty naquit dans la rue du Port à Carcassonne de Bernard, négociant, et de Marguerite Védrines, fille d’un marchand ferblantier. Une fois fortune faite, cette famille de commerçants fit l’acquisition d’un très bel immeuble situé à l’actuel n°10 de la rue de la République. C’est là qu’Antoine séjourna avec ses parents jusqu’à leur décès, tout en exerçant la profession d’avocat sans jamais contracter mariage, à l’inverse sa sœur Marguerite (1811-1895) et de son frère Jean (1813-1903). Ces derniers épouseront respectivement Jean-Alphonse Coste dit Coste-Reboulh et Zélia Jaffus dont les descendants sont connus sous le nom de Marty-Jaffus. Dans cette famille nous citerons également Jean Antoine Marty (1838-1916), qui sera lui aussi maire de Carcassonne, député et ministre du commerce. C’était le cousin germain d’Antoine.

    Antoine Marty s’opposa à Napoléon III pendant le Second Empire et fonda le Cercle républicain de Carcassonne après le 4 septembre 1870. Il occupa le poste de Premier adjoint au maire durant le mandat de Teisseire et au moment de sa révocation fut désigné pour lui succéder. Ce jour de dimanche 10 septembre 1882, le conseil municipal réélit Teisseire malgré l’arrêté préfectoral le privant de ses fonctions, mais ce dernier ne voulant pas faire obstruction à la vie municipale démissionna dans la foulée. Malgré son absence, dix-huit voix portèrent Marty à la tête du conseil municipal qui, bien qu’ayant accepté la charge, ne présida guère les séances. Antoine Marty se  fit excuser pour maladie et son adjoint, le vétérinaire Casimir Fabre, le remplaça à chaque fois.

    On ne peut donc pas retenir grand chose du mandat d’Antoine Marty, en raison non seulement de son absence, mais surtout de sa durée. Au mois de décembre, prétextant des toujours des ennuis de santé, celui qui n’avait choisi que d’être un prête nom démissionna de ses fonctions. Le 14 janvier, le conseil municipal appelé à lui choisir un successeur, élit Gaston Fédou. Marty poursuivit ses activités d’avocat et s’éteignit chez lui le 27 janvier 1891 d’une attaque d’apoplexie.

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    L’ancien maire légua par testament en date du 22 juillet 1890 enregistré Chez Me Amigues, une somme de 100 000 francs aux pauvres de la ville, divisée pour moitié aux hospices et au bureau de bienfaisance. Une semaine avant son décès, il distribua chez lui 1000 francs, soit 2 francs par personne, à la foule de malheureux qui s’y présentait. Son cousin Jean Marty fut chargé de donner 500 francs aux pauvres le jour de sa sépulture à l’intérieur de la maison mortuaire. Le corps du bienfaiteur fut ensuite conduit à l’église Saint-Vincent où le chanoine Dariez l’attendait. Après quoi, l’inhumation eut lieu au cimetière Saint-Vincent où il repose encore aujourd’hui.

    La ville de Carcassonne par égard pour sa générosité envers les pauvres de la commune, débaptisa la rue des jardins et lui donna le nom d’Antoine Marty le 6 février 1891.

    On a écrit beaucoup d'erreurs sur la biographie de ce personnage. Nous espérons les avoir corrigées.

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  • Benjamin Franklin - ambassadeur des Etats-Unis - et ses frères de Carcassonne.

    Le nom de Benjamin Franklin (1705-1790) est passé à la postérité grâce à son invention du paratonnerre. On peut regretter que le grand public ne l’identifie pas davantage comme le diplomate américain qui lutta avec force pour l’abolition de l’esclavage. Franklin participa à la rédaction de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis et sa Constitution ; il fut à ce titre le premier ambassadeur de ce pays en France de septembre 1778 à mai 1785.

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    L'un des pères fondateurs de la Constitution des Etats-Unis

    Dans les nombreux courriers de Benjamin Franklin conservés au National Archives, on observe que les Carcassonnais entretenaient des relations amicales avec le diplomate. Ces liens s’étaient noués grâce à la Franc-maçonnerie pour laquelle Benjamin Franklin avait été initié en 1731 à la loge Saint-John. Depuis son installation en France comme ambassadeur, il avait été admis à la loge « Les neuf sœurs », installée dans un ancien établissement du noviciat des Jésuites de Paris. Franklin en fut même le Vénérable par deux fois et y reçut Voltaire comme apprenti franc-maçon. Il est fort probable qu’en son sein M. l’Ambassadeur ait connu Pierre Thoron de Lamée, au service du comte d’Artois et affilié à la loge « Les trois frères Unis » à l’Orient de Versailles. Thoron de Lamée, de retour à Carcassonne, deviendra le secrétaire de la loge « Les commandeurs du Temple » de Carcassonne. Ceci expliquerait la relation privilégiée de cette loge avec Benjamin Franklin et les services que le diplomate consentit à accorder à ses nombreuses sollicitations.

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    Benjamin Frankin et Georges Washington

    Les relations avec les Carcassonnais débutèrent avant même sa nomination au poste d’Ambassadeur de France, si l’on en juge par le courrier que lui adressa Cusson aîné, marchand -fabricant de draps et membre de la loge « La parfaite vérité »,  le 17 mai 1777 :

    "Je fabrique des textiles et des draps pour l’Amérique. Un certain nombre de négociants français les ont demandés et, je le sais, les ont vendus avec profit aux américains, que je voudrais voir bénéficier directement de mes produits bon marché. Mon offre aurait un meilleur accueil si elle relevait de vos auspices. Je poins une liste de prix."

    Une annotation de la main de Franklin mentionne son approbation avec ces mots : « Proposition sur les tissus ». Cusson aîné avait repris la direction Manufacture royale de Pennautier après la mort de son père Paul, survenue le 10 août 1775.

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    Autre exemple, celui du baron de la Courtette - Hôtel St-Martin, rue froidmanteau à Paris -  qui sollicite une audience en 1781 auprès de Monsieur l’ambassadeur. Il s’agit selon toute vraisemblance du sieur d’Uston, lui-même franc-maçon et fabricant de draps - propriétaire du château de la Courtette près de Limoux. La Courtète s’écrit désormais sans la double consonne. Il était le représentant des Commandeurs du temple. Lorsque les Commandeurs du temple acceptèrent la direction du Grand Orient en 1783, ils choisirent La Courtette comme député. « M. Franklin est à la maison tous les matins, sauf les mardis, et sera prêt à recevoir le Barton de la Courtette dès qu’il lui fera l’honneur de l’invoquer. »

    En 1780, le sieur Andrieu écrit à Franklin une lettre dans laquelle il expose son désarroi vis-à-vis de la situation de sa famille. Malgré sa respectabilité, il a enduré « des malheurs marqués » et il lui a été conseillé de tenter sa chance à Paris. Mais sa misère étant plus forte que jamais, son dernier espoir serait d’émigrer en Amérique où ses talents lui permettraient de survivre. Toutefois, n’ayant pas l’argent pour s’y rendre il demande à Benjamin Franklin de bien vouloir l’aider. La recommandation des Commandeurs du temple va accélérer le traitement de la demande d’Andrieu le 18 septembre 1780 :

    Très cher frère,

    Nous n’avons pas douté un seul instant, de vous voir sensible au malheur de la famille que nous vous recommandions, son état était un titre infaillible auprès de vous ; mais nous n’osions nous flatter de vous voir porter votre attention, jusques à nous offrir de faire passer vous-même nos lettres à M. Le chevalier de la Luzerne. Une grande âme ne sait pas faire le bien à demi ; vous nous l’avez prouvé plus que jamais en nous fesant une offre dont nous n’userons pas parce que la famille Andrieu, avait déjà écrit à Monsieur l’Ambassadeur avant votre réponse. Nous ne laisserons pas perdre cependant le fruit de votre bonté, et nous vous supplierons, de vouloir bien vous rappeler les promesses que vous nous avez faites d’écrire en Amérique. Vous mettrez le comble à vos bienfaits, si vous voulez vous intéresser auprès de M. De la Luzerne. Recevez en attendant pour tant de soins nos remerciements. Les éloges les plus pompeux les suivraient, si votre modestie ne nous imposait le plus profond silence […] Notre bonheur sera parfait si nous pouvons avoir le bonheur de vous voir affilié à notre temple, et figurer dignement à côté des hommes illustres que nous possédons déjà. Signé Roques, vénérable en exercice.

    Après plusieurs sollicitations d’affiliation à la loge Carcassonnaise, Franklin finit par lui envoyer un courrier le 1er mai 1783 dans lequel il accepte l’honneur qui lui est fait. Il est adressé à David de Lafajole : 

    "Chers frères, J’ai reçu votre lettre fraternelle du 21 et je suis extrêmement sensible à vos aimables félicitations et à l’honneur que vous proposez de me faire par un acte d’affiliation dans votre très respectable loge. J’accepte l’offre avec une grande satisfaction. Et en vous souhaitant toutes sortes de félicité, en particulier que votre pouvoir de faire le bien soit toujours égal à votre inclination, je reste, votre très affectueux frère."

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    Benjamin Franklin est vénérable d'honneur des Commandeurs du temple de Carcassonne.

    Le 24 juin 1783, les Commandeurs du temple par la plume de Vidal de Saint-Martial, vénérable en exercice, et mandement de Thoron de Lamée, secrétaire, répondent à Benjamin Franklin :

    Au très digne très vertueux et très respectable frère Docteur Franklin, Ministre plénipotentiaire des Etats-Unis de l’Amérique auprès de la Cour de France à l’Orient de Paris,

    A la réception de votre planche, la loge fut extraordinairement assemblée ; à peine eûmes-nous fait lecture de ce que nous vous faites la faveur de nous écrire, que vôtre admission fut célébrée avec tous les transports de la joye la plus vive. Il était impossible de contenir nos frères. Les applaudissements et les vivats les plus redoublés retentissaient de l’Orient à l’Occident. Cependant, voulant à vôtre agrégation tout l’éclat dont elle est susceptible, le fête sollemnelle en fut envoyée à la St-Jean. Nous ne vous en donnâmes pas avis parce que nous respectons trop vos préoccupations. Ce jour est enfin venu après avoir été bien désiré, vous trouverez cy joint le détail de nos travaux mais vous n’y verrez pas quoique on aye pu dire. Cette joye et ces transports dont nous étions pénétrés, enviant tenterait-on de les peindre.

    Le comte de Caux [NDLR : Louis Gaspard de Roger de Cahuzac (1736-1827), chevalier de Saint-Louis] absent n’a point eu l’honneur de vous représenter et vous lavez fait vous-même. Un peintre italien et maçon a copié votre portrait d’après Veilles peintre en migmature sur l’émail à Paris. Ceux qui ont eu le bonheur de vous voir ne peuvent se méprendre à ses traits. C’est cette image qui a été apportée en triomphe le jour de votre affiliation. Une délibération de la Loge ordonne quelle restera perpétuellement dans notre temple.

    Quoique éloigné de nous par ce moyen, vous serez toujours présent à nos assemblées. C’est cela que vous recevrez nos hommages et que vous serez témoin de ces vœux ardents que nous formons pour la conservation des jours d’un homme d’un sage et d’un savant qui n’a pas dédaigné de s’unir plus étroitement à nous. [Note : Les francs-maçons de Carcassonne. 24 juin 1783]

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    Le médaillon en émail qui se trouvait dans le temple de Carcassonne. Il est l'ouvre de Jean-Baptiste Weyler (1747-1791

    Sources

    Nous satisferons les demandes en nous écrivant à l'adresse de ce blog

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  • Jean Antoine Marty (1838-1916), Ministre du commerce et maire de Carcassonne

    Ce fils de négociant naquit à Carcassonne le 31 janvier 1838, étudia le droit et obtint son doctorat à Paris. Il se maria le 9 mai 1865 à Azille avec Marie Augusta Fabre avec laquelle il eut deux garçons : Antoine (1866-1929), préfet de la Vienne et Albert (1871-1942), docteur en médecine, maire d’Aix-les-bains. Avocat inscrit au barreau de Carcassonne, Jean Marty fut un opposant farouche au Second Empire et donna son adhésion au manifeste antiplébiscitaire en 1869. L’avènement de la République le fit entrer au conseil municipal et lui permit de se faire élire bâtonnier le 15 novembre 1875. Par suite de la démission d’Abel Petit, il accepta le 7 dimanche 1885 le poste de maire plus par dévouement que par conviction : « Si je ne consultais que mes goûts, je refuserais les fonctions que vous me faites l’honneur de me confier. Mais dans les circonstances actuelles un refus pourrait ressembler à une défection. C’est pourquoi j’accepte. »

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    Il ne le conserva d’ailleurs pas longtemps puisqu’ayant choisi de conduire la liste républicaine aux élections législatives d’octobre 1885 contre les conservateurs réactionnaires, il choisit de démissionner aussitôt après avoir été élu député. De nouvelles élections municipales devaient avoir lieu afin de compléter le conseil municipal et nommer un nouveau maire. 

    A l’Assemblée nationale, le nouveau député siégea à côté de Jean Casimir Périer qui le nomma ensuite Ministre du commerce de son gouvernement du 3 décembre 1893 au 30 mai 1894. Le Président du Conseil des ministres avait pu apprécier les qualités de celui qui avait présidé le groupe viticole et la commission des douanes à la chambre des députés. Favorable aux poursuites contre le général Boulanger et cosignataire de la proposition de loi sur les retraites des ouvriers de Jean Jaurès, l’activité parlementaire de Marty fut des plus remarquées. Malgré cela, il ne put empêcher la perte de la mairie de Carcassonne au profit des radicaux en 1896. Il perdit successivement les législatives de 1898 contre Théron et 1906 contre Jules Sauzède. Il commença alors une carrière dans la magistrature le 8 octobre 1900 en qualité de Conseiller à la cour d’appel de Paris. Chevalier de la légion d’honneur par décret du 11 janvier 1908, la mémoire de Jean Antoine Marty s’effaça avec l’avènement du radicalisme dans l’Aude. On donna bien volontiers plus de gloire à son cousin germain Antoine Marty, dont la vie politique fut quasi anecdotique. Le ministre Marty n’aura pas les honneurs d’une artère dans Carcassonne ; il s’éteindra chez, 8 rue de la République, le 5 novembre 1916. Inhumé le 7 novembre 1916 à Carcassonne, il repose au cimetière Saint-Vincent.

    marty jean antoine

    La tombe du député et ministre Jean Antoine Marty. Il repose avec son épouse, son fils Antoine et sa belle-fille.

    Sources

    Etat-civil / ADA 11

    Le Courier de l'Aude, la Fraternité

    Délibérations du conseil municipal

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