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  • Un criminel de guerre nazi au château du parc de Capendu

    Au début de l'année 1944, les Allemands craignent qu'un débarquement des alliés ne s'effectue par la côte Languedocienne. Le 12 janvier, à la Milice de Carcassonne on apprend par le chef de cabinet du préfet de l'Aude que la côte est en cours d'évacuation. Les villes de Sigean, La Palme, La Nouvelle, Leucate sont frappées par cet ordre qui sera effectif le 15 février 1944. Les généraux Allemands Blaskowitz (commandant la Première armée), Wiese (commandant la 19e armée), Rommel (commandant le groupe d'armée B) et Von Rundstedt (commandant en chef du front Ouest), inspectent cette côte. 

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    © dday-overlord.com

    Generalfeldmarschall Gerd von Rundstedt

    La Résistance est au courant grâces aux informateurs du réseau Gallia, dirigés dans l'Aude par Maurice Jean. Le commandant des gardes-voies, Froly, fournit des fiches techniques sur les ouvrages d'art ; 400 points sensibles sont ainsi répertoriés. Maurand, un entrepreneur du sous-secteur de Leucate, se fait embaucher pour la construction de blockhaus et relève les plans des fortifications. On compte également de nombreux employés de la SNCF qui surveillent les mouvements de troupes. Emmanuel Gabarros, monteur de lignes aux PTT de Narbonne, se distingue en s'approchant assez près du logement du général commandant une division allemande récemment arrivée pour distinguer sur les chemises de l'officier ses initiales. Ceci permit l'identifier ainsi que son état-major et sa division : le général Richter.

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    Le château du parc à Capendu

    A Capendu se trouve le Quartier Général du 4e corps d'armée allemand commandé par le général Erich Petersen (1889-1963). Il est réparti entre quatre châteaux du lieu. C'est dans l'un de ceux-là que vit la comtesse Van Wyhe, dite Camille, ancien agent de l'Intelligence Service en Hollande pendant la Grande guerre. Pour la bonne cause, la comtesse se lie avec un officier supérieur allemand auprès duquel elle soutire des informations pour le réseau Gallia.

    "Chaque jour, le courrier circule entrer les quatre châteaux par les soins d'un soldat allemand. Ce soldat, un Autrichien anti-nazi, travaille pour le réseau Gallia pour qui il est Frédéric. Seuls la comtesse et Maurice Jean sont au courant de ce double-jeu. Les documents passent d'abord chez la comtesse qui les photographie avant qu'ils n'atteignent leurs destinataires. Frédéric n'accepta jamais de récompense. Il voulait seulement rentrer chez lui. Le réseau dispose également de deux informateurs allemands dans ce sous-secteur.

    En 1944, un Oberleutnant, commandant un groupement de panzers de la division Das Reich, est recruté. Il est fatigué de la guerre, songe à déserter et livre ses informations sur les effectifs et les mouvements de sa division contre rétribution en dollars. En juin 1944, la "Das Reich" fait mouvement vers la Normandie, s'illustrant en chemin par les pendaisons de Tulle et le massacre d'Oradour-sur-Glane, et nul n'entend plus parler de cet officier.

    Un feldwebel de la Luftwaffe surnommé Franck, qui a été en poste dans la région de Peenemüde, informe le réseau des essais de V1 peu avant que n'aient lieu les premiers tirs sur l'Angleterre. Il livre également des renseignements sur les mouvements de son unité quand elle part en opération contre les maquis, et sur une nouvelle arme antichar, le Panzerfaust. 

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    Von Rundstedt au procès de Nuremberg

    Le Géneralfeldmarschall von Rundstedt séjourne trois jours au château du parc de Capendu. La comtesse alias Camille, imagine un plan pour faire enlever le général et l'envoyer en Angleterre. Un commando de résistants viendrait, capturerait l'officier et le conduirait vers un terrain d'atterrissage. Ce projet jugé trop risqué sera refusé par le chef de région du réseau Gallia. Gerd von Rundstedt sera arrêté le 1er mai 1945 par les troupes américaines et fait prisonnier. Accusé de crimes de guerre en raison de sa participation aux assassinats de masse dans les régions soviétiques occupées, il assiste au procès de Nuremberg. En raison de sa santé chancelante et de son âge, les britanniques le libèreront en mai 1949. Il meurt le 24 février 1953 à Hanovre à l'âge de 73 ans.

    Sources

    Mémoire DEA Histoire du XXe siècle/ J-P Meyssonnier / IEP de Paris /1994

    Antimaçonnisme, Francs-maçons et Résistance dans le midi Toulousain

    Wikipédia

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  • L'église des Carmes, de sa fondation à aujourd'hui

    Les Carmes s'établirent pour la première fois à Carcassonne par autorisation du roi Saint-Louis en 1267, sur l'emplacement voisin de l'entrée de la ville (Jardin André Chénier). Ils se transportèrent dans l'intérieur de la Bastide, là où subsiste encore l'église fondée en 1297.

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    © aude.catholique.fr

    L'église possède une seule nef avec une abside et douze chapelles. Les deux du fond furent masquées par la construction de la tribune qui reçut un orgue en 1853. Trente ans plus tard, celui-ci était déposé et installé dans l'église de Lagrasse. Les chapelles sont ogivales et uniformément orientées, surmontées de fenêtres ogivales à meneaux. Certaines furent remplacées postérieurement par des baies orbiculaires sans ornements. Si la voûte de la nef n'est probablement pas d'origine, contrairement à celle des chapelles.

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    L'entrée par la rue Courtejaire

    On doit à Engalhière, peintre décorateur de Toulouse, la décoration intérieure réalisée en 1851. Ce travail fort bien exécuté a masqué ou empâté diverses inscriptions ou écussons assez bien conservés. Le sol actuel, formé d'un parquet en planches, se trouve surhaussé de cinquante centimètres environ au-dessus du sol de la construction. Il suffit d'observer l'enfouissement des bases des piliers qui supportent les arcs des travées. Ce rehaussement fut opéré quand à la Révolution, l'église devint une remise de roulage ; afin de mettre le sol au niveau de la rue. Cet édifice aliéné par la Nation en 1791, avait été acheté par Sarand et servit jusqu'en 1850 de remise.

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    © Claude Boyer / L'indépendant

    Le sol primitif est presque entièrement occupé par des caveaux ; au XVe et XVIe siècles, les familles des notables de la paroisse de St-Vincent avaient leur sépulture dans l'église des Carmes. Le mausolée de la famille de Saint-André, qui était un des précieux ornements de l'église des Carmes, a été transporté au musée des Augustins de Toulouse en 1848. Il s'y trouve toujours...

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    © Musée des Augustins

    Bas-relief funéraire de la famille de Saint-André

    Le 26 novembre 1848, un club démocratique qui s'était s'installé dans l'église et tient un banquet sous la présidence de Théophile Marcou. Deux ans plus tard, l'ordre des Carmes rachète le couvent et fait restaurer la chapelle. Elle sera consacrée par Mgr de Bonnechose le 14 octobre 1851. Les Carmes furent chassés le 16 octobre 1880. La congrégation est dissoute par la loi du 1er juillet 1901 et l'église occupée l'année suivante par un asile dirigé par M. Chosset. La chapelle ne sera réouverte au culte qu'à partir du 27 juin 1909. En 1925, le couvent et la chapelle seront rachetés par la paroisse St-Vincent.

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    © France 3

     Aujourd'hui, l'église des Carmes se trouve dans une situation de péril. Sans de profondes et coûteuses restaurations, cet édifice religieux du XIIIe siècle sera fermé au public. Une souscription a été lancée afin de réunir les fonds nécessaires (2 millions d'euros) à cette remise en état. On peut se rapprocher de l'Evêché de Carcassonne, 89 rue Jean Bringer.

    Quelques dates à retenir

    1698 : Inhumation de J-J Mélair, sculpteur, dans l'église

    1855 : Érection de la statue St-Jean-de-la-croix (L. Nelli)

    1860 : Érection de la statue de la Vierge en marbre blanc (Perrin)

    1871 : Inauguration de la chapelle de la Vierge

    1872 : Inauguration des chapelles du Sacré-cœur, N-D de la Salette, St-Albert, St-Jean Baptiste

    1876 : Réfection de la porte d'entrée, rue Clémenceau.

    Source

    L'église des Carmes / Louis Cros

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  • Dans les cachots de Carcassonne du XVIIIe au XXe siècle...

    Au cours du XVIIIe siècle et jusqu'à la Révolution, les condamnés n'étaient plus emprisonnés dans la Cité. La prison, appelée également la geôle, avait été déplacée au début de la rue Mage (actuelle, rue de Verdun) et occupait un petit bastion à gauche débordant sur le boulevard.

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    © Google maps

    De l'entrée de cette prison, il subsiste la porte dans l'immeuble du n°2 de la rue de Verdun, occupé par un caviste. Selon plusieurs études rédigées dans les années 1920 dans le bulletin de la SESA, ce bâtiment devait avoir un aspect fortifié puisqu'au cours de travaux pour ouvrir un couloir, on dut percer un mur qui comportait une meurtrière.

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    Une cellule de la prison

    L'immeuble comportait une douzaine de cellules à l'étage et d'autres dans le sous-sol, qui sert aujourd'hui de cave au marchand de vin. Les bas-flancs de pierre (photo ci-dessus) servaient de couchette aux prisonniers.

    "Si on descend pour la visite des lieux, on remarque le soubassement du couloir en pierre taillée et au bas de l'escalier, le départ rond d'un autre escalier hélicoïdal comblé. Probablement, il desservait une souricière pour conduire les détenus peu communs au Palais de justice (Présidial), situé en face du côté droit de la rue (aujourd'hui, Musée des beaux-arts)." Antoine Labarre.

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    L'ancien Présidial, rue de Verdun

    Élevé en 1657 lors du transfert de la justice qui siégeait à la Cité dans les dépendances de l'Évêché - peut-être au logis de l'inquisition - le Présidial vint s'établir dans la rue Mage. Malgré la transformation de la façade durant le Premier Empire, le tribunal garde encore la disposition des salles du XVIIe siècle. En entrant à gauche le prétoire ; en face, le concierge et une écurie ; à l'étage, la bibliothèque et les archives. Le Présidial rendit la justice à cet endroit jusqu'en 1861, date à laquelle l'actuel Palais de Justice fut construit en face de l'actuelle préfecture de l'Aude.

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    © ADA 11

    Construction du Palais de justice

    Vers 1830, le Conseil général fit construire une gendarmerie et une nouvelle prison, afin de remplacer les anciennes geôles de la rue de Verdun. 

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    La prison et la gendarmerie face au square Gambetta vers 1910

    Ces bâtiments se trouvaient sur l'emplacement actuel du groupe scolaire Jean Jaurès, inauguré en 1928 par le Président de la République M. Gaston Doumergue. Ils ont été rasés à cette occasion.

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    Il reste quelques grandes cellules dépourvues de grilles dans le sous-sol de l'école Jean Jaurès, au niveau du préau. Gageons que dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine, un conférencier obtiendra l'autorisation de les faire visiter au public.

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    Portes des cellules en réemploi dans le jardin d'un particulier

    Au temps où les coupables étaient emprisonnés et jugés en la Cité, les exécutions avaient lieu sur le Prado. Là, y fut pendu à un arbre pour cause de duel le 21 décembre 1591, l'avocat général Gibron. AU XVIe siècle, celles-ci se faisaient au-lieu dit "Les justices", en bordure de la voie romaine (avenue H. Gout) dans le parc du chirurgien Héran. On y dressait les touches patibulaires. Il a été trouvé en ce lieu des pièces de monnaies d'époque romaine.

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    A la Révolution, Jeanne Establet - dite Jeanne la noire en raison de son teint basané - accompagnée de Chanard et de Boyer, assassins du Procureur général syndic Verdier, furent guillotinés en décembre 1792 sur la place Carnot. Les petits délinquants étaient exposés au pilori sur la place des halles, actuelle place Eggenfelden. Un rond de pavés marque encore aujourd'hui l'emplacement de ce pilori.

    Sources

    La prison de Carcassonne / C. Boyer / Bull. SESA 1923

    Le présidial de Carcassonne / J. Sablayrolles / Bull. SESA 1929

    Antoine Labarre et remerciements à son fils Louis

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