Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Première guerre mondiale

  • L'inauguration du "Monument aux Audois, morts pour la patrie" en 1914

    Se doutaient-ils que l'inauguration du "Monument aux Audois" le 12 juillet 1914, allait précéder de 18 jours l'Ordre de mobilisation de la Grande guerre de 1914-1918 ? Très certainement ! L'ardeur patriotique qui enflamma les cœurs de cette journée, à deux jours de la fête nationale, n'y est pas étrangère. Les autorités souhaitaient depuis longtemps déjà, ériger un monument à la gloire des soldats morts pour la patrie. On avait à la fin du XIXe siècle, constitué un Comité à cet effet et le 29 octobre 1905, le maire Sauzède posait la première pierre au Jardin des plantes (actuel square André Chénier). De la maquette dessinée par Théophile Barrau et exposée au musée des Beaux-arts en 1903, ne sera pas finalement exécuté le monument sculpté.

    Maquette monument aux Audois.JPG

    Fonds H. Alaux / Archives de l'Aude

    La maquette de T. Barrau

    Ce dimanche 12 juillet 1914 commença par un dépôt de gerbes au carré des soldats de la garnison, situé à l'intérieur du cimetière Saint-Michel. Les autorités civiles et militaires prirent ensuite la direction de la cathédrale où le Mgr de Beauséjour les attendait. La foule avait envahi la nef et les travées ; le général Taverna, le colonel de Voillemont du 80e R.I, le lieutenant-colonel commandant le 3e d'artillerie et les officiers de Carcassonne, Narbonne, Castelnaudary. Un banquet avec 325 convives s'ensuivit dans la salle du Grand hôtel Terminus ornée des trophées d'armes et de drapeaux. En début d'après-midi, le cortège divisé en quatre groupes musicaux convergea vers le lieu de l'inauguration, sur le boulevard du Canal (actuel Bd de Varsovie). On pouvait distinguer l'harmonie du 143e régiment de ligne, les pompiers, les sociétés de gymnastiques (L'Atacienne, l'Avant-Garde, l'Avenir), la musique de Trèbes, la société lyrique Saint-Cécile, la Lyre, l'Orphéon, l'Union orphéonique. Sans oublier les Eclaireurs de France ainsi que les vétérans et officiers en retraite.

    img484.jpg

    Une immense tribune tendue de blanc et de rouge avait été dressée devant l'immeuble Tomey. Le monument était encore couvert d'un drap lorsque le colonel Grillières prit la parole au pupitre. Il remercia d'abord tous ceux qui avaient aidé à l'érection du bronze : le sculpteur Carillon et les architectes Vidal et Bertrand. Après quoi, il rappela qu'il ne s'agit pas seulement d'un monument à ceux de 1870. Puis, se lançant dans une énumération, cita les noms des héros de la patrie depuis la Révolution.

    img483.jpg

    Huit bataillons de volontaires se portèrent à l'attaque dans les Pyrénées sous les ordres de Dagobert de Fontenille et de Dugommier.

    Aux côtés de Montcalm, le défenseur du Canada, c'est le Chevalier de Lévis (un Audois) qui combattit pour que les rives du St-Laurent gardassent le prestige du nom français.

    1794 : Général Mirabel (Caunes-Minervois) tué à St-Laurent de Monga

    1801 : Lieutenant Bastoul (Montolieu), mort à Munich

    Entre 1812 et 1815, quatorze généraux nés dans l'Aude assistèrent l'Empereur sur les champs de bataille de l'Europe : Andréossy, Aymard, Cambrial, Chartrand, Dejean, Estève, Cros, etc.

    1813 : Sicard (Caunes-Minervois) tué à Dresde

    Delot de Gléon (Pouzols) et Viviès (Ste-Colombe-sur-l'Hers), morts à Vilna (Vilnius)

    Général Espinasse, mort à Magenta (Italie)

    1870 : Capitaine Gandon du 7e chasseurs

    Lieutenant-colonel Pech, régiment formé des mobiles de l'Aude

    Lieutenant Monod, mort à Dar-el-Aroussi (Maroc)

    Lieutenant Ferrand-Puginier (Castelnaudary), Commandant Roumens, Soldat Nelaton morts à Béni-Ouzian (Maroc)

    img482.jpg

    © Collection Martial Andrieu

    L'inauguration du 12 juillet 1914

    La manifestation se termina avec les discours de Gaston Faucilhon (Maire) et de M. le Préfet de l'Aude. Le 1er août 1914 éclatait la Première guerre mondiale avec son cortège de morts, provoqué par l'extrémisme fanatique du Kaiser Guillaume II et de Français revanchards. Dans les années 30, la municipalité Tomey voulut déplacer le monument sur la place Davilla. Le projet ne se fit pas.

    Capture d’écran 2018-09-05 à 10.32.59.png

    Ce monument a fait pleurer ensuite des veuves et des orphelins après l'armistice de 1940, la Libération de 1945, les guerres d'Algérie et d'Indochine et de tous les conflits qui suivirent. Nous vivons dans une Europe en paix, sachons la préserver de tous les fanatismes prêcheurs de haine et apprentis sorciers de la politique internationale.

    Source

    La Croix / 14 juillet 1914

    Archives Martial Andrieu

    ________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • L'ethnologue Boris Vildé (1908-1942) et son séjour secret à Carcassonne...

    Boris Vildé naît en 1908 à Saint-Petersbourg (Russie) et émigre avec sa mère et sœur après le décès de son père. D'abord en Allemagne, il fait la connaissance d'André Gide venu donner une conférence à Berlin en 1932. Ce dernier lui présente Paul Rivet, directeur du Musée de l'Homme alors que Vildé poursuit ses études en France. Après s'être marié en 1934 avec la fille de l'historien Ferdinand Lot, le jeune ethnologue obtient la nationalité française le 5 septembre 1936. Le 1er janvier 1939, il est nommé au Musée de l'Homme, comme directeur du département des Peuples polaires. Mobilisé dans l’armée française, il est fait prisonnier par les Allemands le 17 juin 1940 dans le Jura. Il s’évade et regagne Paris début juillet. Dès le mois d’août 1940 à Paris, il fonde l’un des premiers mouvements de Résistance, qui se désigne comme " Comité National de Salut Public" qui sera ensuite connu sous le nom de "réseau du Musée de l’Homme". Composé d’intellectuels parisiens et de collègues du Musée de l’Homme, ce groupe est formé au départ par Yvonne Oddon, bibliothécaire du Musée, Boris Vildé et Anatole Lewitsky, autre émigré d’origine russe employé au Musée, également ethnologue et responsable des collections. 

    boris28.jpg

    © museeborisvilde

    Dans cette France majoritairement pétainiste jusqu'en 1942, l'ancien émigré russe distribue des tracts anti-nazis, organise des réseaux et mène toute une série d'actions jugées comme terroristes par le pouvoir. D'après le poète Joë Bousquet, le mouvement de résistance à Carcassonne a eu une triple origine. Envoyé de Paris par Jean Paulhan, Boris Vildé réuni le groupe de Pierre Sire afin d'organiser un réseau dans la capitale audoise. C'est après son troisième séjour à Carcassonne, que l'ethnologue se fera arrêter par la Gestapo. Il sera fusillé au Mont Valérien le 26 février 1942. Nous avons cherché un lien entre les dires de Joë Bousquet et Vildé ; après plusieurs recherches, nous sommes tombé sur "Journal et lettres de prison 1941-1942" qu'il rédigea lors de sa détention. 

    Auter restaurant.jpg

    Chez Auter, rue Courtejaire

    Dans son ouvrage, Vildé rapporte qu'il n'y a rien de mieux qu'un vieux Chambertin 1916 "Celui qu'on peut encore avoir chez Auter à Carcassonne". Pendant des années, Auter fut le restaurant le plus renommé et le plus chic de la ville. On peut donc affirmer que des rendez-vous avec Vildé furent pris dans cet établissement autour d'un repas. Son arrestation prématurée fera capoter le réseau. Signalons également la venue de Roger Stéphane émissaire de Louis Aragon ; ce dont nous avons déjà parlé.

    IMG_8750-fi2512645x990.jpg

    L'ancien restaurant Auter est désormais occupé par le maroquinier Stalric.

    Sources

    Journal et lettres de prison / Boris Vildé

    Pierre Sire, le résistant / Joë Bousquet

    ______________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • Le 26 août 1923, Carcassonne reçoit le maréchal Joffre

    Au matin du 26 août 1923, le maréchal Joseph Joffre arrive en gare de Carcassonne par le rapide Paris-Font Romeu, à 8H02. Le train a 20 minutes de retard lorsque le glorieux combattant de la Grande guerre descend du wagon. Il est aussitôt accueilli par M. Vincent Jordy (adjoint au maire) qui représente en son absence le Dr Albert Tomey. On remarque également MM. Maurice Sarraut (sénateur), Renard (préfet de l'Aude), Milhet (député), Albert (Président de l'Association des mutilés), le colonel Crébassol (commandant d'armes), Rougé (secrétaire de la préfecture), Cazenave (conseiller de la préfecture), Justin Guilhem (Conseiller général), Estève (Directeur des postes), etc... Après avoir salué ces personnalités, le maréchal s'est rendu en automobile à la préfecture ; sur son passage, une foule dense et enthousiaste s'était massée le long du Jardin des plantes.

    1024px-Joseph_Joffre_Nw_joffre_02_nw.png

    © Wikipédia

    M. Albert Sarraut, ministre des colonies est allé rejoindre le maréchal à la préfecture et, à 9 heures et demi, le cortège officiel monta à la Cité par le square Gambetta et le Pont vieux. Quand le maréchal arriva sur la place du château comtal, l'Union Musicale exécute la Marseillaise ; puis M. Poux, le savant archiviste départemental, donne au maréchal quelques explications sur le château et son rôle dans l'histoire de la Cité. Du château, le cortège se rend à la Tour Narbonnaise et on monte dans la salle des chevaliers, où un partitif d'honneur est offert par la municipalité. M. Poux continue ses explications sur la Cité par un tableau d'ensemble des fortifications et un bref historique de l'antique forteresse. Autour de la table où le vin d'honneur est servi prennent place les personnalités et d'autres, parmi lesquelles : MM. Durand (Sénateur), Constans (député), Albert et Mestre (Association des mutilés), Bès et Marsans (Association des vétérans), Granat et Argiles (Association des médaillés militaires).

    M. Jordy souhaite la bienvenue au maréchal au nom des Carcassonnais et salue en lui, l'enfant du pays. Joseph Joffre était né à Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales. Le maréchal remercie Carcassonne pour son chaleureux accueil et indique qu'il connaît bien cette ville, dans laquelle il a passé en 1868 son baccalauréat, auquel il fut... recalé. Depuis il n'y était pas revenu, mais n'en compte pas moins des amis parmi les citoyens.

    P1050603.jpg

    L'adjoint au maire présente pour la première fois le livre d'or de la ville à la signature des illustres visiteurs de Carcassonne. C'est donc le maréchal Joffre qui a l'honneur de l'inaugurer.

    sigean11130_52d68cb118ce8.jpg

    À 10h15, le glorieux maréchal part pour Sigean par la route de Narbonne en compagnie du ministre, du préfet et des membres du parlement. Il doit inaugurer dans l'après-midi, le monument aux morts de la ville de Sigean. Joseph Joffre y prononcera ce bref discours :

    "Je suis heureux de me retrouver parmi cette population de Sigean, que j'ai connue et appréciée autrefois, il y a une trentaine d'années, lorsque je venais presque annuellement rendre visite à mon ami Gauthier, dont je connais le mérite patriotique."

    Par décision du conseil municipal de Carcassonne, l'avenue de la gare prit le nom du maréchal Joffre, le 4 mars 1936 ; il en fut de même pour celle du maréchal Foch.

    Sources

    L'express du midi / 27 août 1924

    Carcassonne et ses rues / Léon Riba

    __________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016