Si l'on jouait au jeu des sept familles de musiciens, on pourrait demander: "Dans la famille Marson, je voudrais le frère". On répondrait aussitôt: "Oui, mais lequel: José, Angel, Denis ou Jean? " Chez les Marson, ils étaient huit frères et soeur dont quatre figurèrent dans les plus importants orchestres de bal de l'Aude. Dans celui de René Cadrès: Jean Marson. Dans celui de Jeanoely: Denis et Angel. Il fallut qu'il y ait un indépendant au caractère bien trempé pour créer sa propre formation, c'est José. Aujourd'hui âgé de 92 ans, il se plaît encore à raconter que son orchestre était le plus important de la région... bien avant René Coll. C'est vrai que dans les années 1950-1960, il était demandé et réputé l'orchestre José Marson ! Le tube du patron c'était "Arivederci Roma", une chanson de 1955 écrite par Renato Rascel, qu'il chantait de sa voix à la Tino Rossi. José Marson c'était le crooner de ses dames, au physique avantageux, dont la famille avait fui l'Italie du Duce pour s'installer à Carcassonne en 1935. Tous les villages du département s'en souviennent sûrement encore... Et puis, vint René Coll pour faire de l'ombre à Marson. Autre mœurs, l'époque yéyé allait-elle faire passer le grand José pour un "has been"*? Si le rital à la voix de velours refusait toujours la comparaison avec son ennemi juré, l'Orchestre de René Coll; il allait toutefois chercher à s'adapter à la nouvelle donne. C'est ainsi que dans les années 70, Marson est toujours là avec certes, des musiciens et chanteuses bien plus jeunes que lui, mais il tient tête... à ce sacré René Coll qui accompagne la tournée de Michel Sardou. Je vous livre une anecdote: Un jour au début des années 1990 (il avait donc 69 ans), il vint me proposer de chanter dans son orchestre. Il fallait que j'apprenne "The final countdown" du groupe de heavy metal suédois "Europe". J'ai décliné la proposition car j'avoue, j'avais pas la voix pour ce style. Qui a dit que José Marson était dépassé? Non, encore il vous dira que son orchestre est meilleur que celui de... Devenez qui... Mais René Coll, bien sûr!
Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 529
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L'orchestre José Marson
De gauche à droite: Marius Laffargue, Henri Daniel, Louis Rivière, Lucien Anicet, J-C Merlane et José Marson* "Has been": anglicisme signifiant "a été"Crédit photo:Marius Laffargue__________________________________© Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013 -
Le siège de la Milice française à Carcassonne
La Milice française est crée le 30 janvier 1943 par le gouvernement de Vichy afin de lutter contre la Résistance. Elle est une force d'appui à la Gestapo et une police collaborationniste dans la traque des juifs, des résistants, des francs maçons, des communistes... Placée sous la responsabilité de son chef Joseph Darnand, elle a torturé, exécuté ou fait massacrer des patriotes français qui se battaient pour la libération de la France de l'occupant nazi. Certains miliciens allèrent jusqu'à incorporer la Waffen SS et furent envoyés sur le front russe pour combattre les communistes.
L'ancien siège de la Milice française
18, place Carnot et 45, rue de Verdun
Le 28 février 1943 se tint au théâtre municipal, la grande soirée inaugurale de la Milice départementale. Selon le journal la Dépêche en date du 3 mars de la même année, cet évènement présidé par le Préfet de l'Aude a eu lieu en présence d'un grand nombre de corps constitués nationaux et locaux dont je ne donnerai pas la liste ici.
Tampon de la Milice départementale
Document officiel
(Lucien Maury/ La résistance audoise/ 1980/ Annexe VII)
A la libération, 78 miliciens audois seront arrêtés. Beaucoup parmi eux furent passés par les armes contre un mur de la caserne Laperrine dont beaucoup de sous-fifres et peu de chefs. Les cercueils en bois furent alignés avec devant chacun d'eux, un condamné. Il y a là un prêtre pour la confession. Pendant que le précédent condamné est exécuté, le suivant se confesse. Pendant ce temps, on place le cadavre du dernier dans le cercueil. Ainsi de suite... Voilà ce que virent de nombreux carcassonnais massés ce jour là autour de la caserne. Cette description est tirée de mon père qui assista à l'âge de 7 ans à ce "spectacle" et en fit longtemps des cauchemars.Ce blog ne fait pas de propagande. Il ose regarder l'histoire en face!
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Jean Sébédio - dit "Le sultan" - joueur mythique de l'ASC
Jean Sébédio était un joueur international de rugby à XV, membre de l'équipe de l'AS Carcassonne au milieu des années 1920. Il participera aux côtés d'Albert Domec, à la finale de championnat de France perdue en 1925 sur le stade de Maraussan à Narbonne contre Perpignan (5 à 0).
"Le sultan",surnommé ainsi en raison de sa participation à la guerre en Syrie, est né le 6 décembre 1890 à St-Jean de Luz. International de 1913 à 1923, il se distingue très tôt par sa taille, sa force, sa vitesse et son agilité pour un avant de cette époque. On le retrouve en 1920 sous les couleurs de Béziers, puis de Carcassonne pendant quatre ans de 1921 à 1925.
L'ASC en 1921 (Sébédio avec le ballon)
L'ASC lors de la finale de 1925
De gauche à droite
Assis: A. Domec, A. Miquel, R. Llary, R. Mauran, P. Marty, J. Roux, H. Gleizes
Debout: F. Andrieu, E. Aguado, A. Cadenat, G. Raynaud, J. Sébédio, J. Raynaud, J. Castérot, H. Séguier
On voit ici Jean Sébédio avec sa moustache légendaire, au centre, contre l'Aviron Bayonnais le 17 novembre 1921 à la Pépinière. Le Sultan, était la terreur des arbitres. Lors d'un match contre Le Boucau à Carcassonne, l'ASC échoue à un mètre de la ligne: "Essai" s'exclame alors Sébédio ! L'arbitre montre qu'il manque un mètre et Sébédio de répondre aussi sec: "A Carcassonne, cela fait un essai !" Bédère, le capitaine boucanais proteste, mais Sébédio se tournant vers l'arbitre: "Monsieur l'arbitre, il vous insulte ! Faites votre devoir, mettez-le à la porte!" Et celui-ci, de l'expulser sous la pression du Sultan. Sébédio devint ensuite l'entraîneur du FC Lézignan, qu'il mena jusqu'à la finale perdue contre l'US Quillan (11-8) le 19 mai 1929. On dit qu'il s'installait sur une chaise pour diriger les joueurs et que d'un claquement de fouet donnait ses ordres. Voilà un sacré personnage...
D'un premier mariage, Jean Sébédio aura deux filles dont une d'entre elles se mariera avec Antoine Blain, chapelier dans la rue de Verdun. En seconde noce il épousera Valentine, soeur de Jean Roucairos. Ce dernier tenait une station service sur le boulevard Camille Pelletan (actuellement, les antiquités Sourou). Sébédio, avait la sienne à l'angle du boulevard et de la rue de l'hospice (voir photo ci-dessus); il était faché avec son voisin et beau frère. Parmi ses amis, il comptait son ancien co-équipier Jean Roux. Un homme d'une grande élégance qui avait un affenage sur la place Davilla. Pendant la guerre, le Sultan faisait partie de la résistance et on le retrouva à la libération comme responsable de la prison. Ses excès réguliers avec l'alcool le rendirent gravement malade, à tel point qu'il mourra à l'âge de 61 ans le 12 juin 1951 à Carcassonne. Il est inhumé au Pays-basque dans le cimetière de Ciboure. Si vous passez à St-Jean de Luz, vous verrez sa maison située chemin du phare.
Au même endroit aujourd'hui
Philippe Blain, ancien international de Volley-ball et désormais entraîneur de l'équipe de France a des origines carcassonnaises. Il est l'arrière petit-neveu de Jean Sébédio.
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