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La Cité - Page 3

  • "Twilight at Carcassonne" par James Francis Cooke

    "Twilight at Carcassonne" (Crépuscule à Carcassonne) est une partition de musique écrite en 1933 par le compositeur américain James Francis Cooke. Le recueil pour piano solo comprend également quatre autres pièces exaltant la beauté d'autres châteaux français : Fontainebleau, Versailles, Avignon et La Malmaison. A l'intérieur figure le texte traduit en anglais du poème de Gustave Nadaud "Carcassonne". Lorsqu'on fait une recherche dans les vieux journaux américains du début du XXe siècle, on s'aperçoit vraiment que cette chanson a traversé l'Atlantique. Elle participe à cette époque à l'engouement de la bourgeoisie américaine pour les vieilles pierres de France. Jusqu'aux années 1960, on ne comptait pas les hôtes de marque à l'Hôtel de la cité venus tout droit du Nouveau monde. Il se peut fort bien que James Francis Cooke ait lui-même fait le voyage et qu'au cours de l'une de visite en France, il ait eu l'idée de composer ces morceaux.

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    La partition est dédicacée à Isidore Philip (1863-1958), l'un des plus grands pianistes français du XIXe siècle. Né en Hongrie et d'origine juive, Philip dut s'exiler aux Etats-Unis en 1941 à cause des lois raciales promulguées par le maréchal Pétain. Il enseigna à New-York où il rencontra James Francis Cooke.

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    © Kubey-Rembradt Studio à Philadelphie

    James Francis Cooke en 1920

    James Francis Cooke (1875-1960) consacra toute sa vie à musique. Compositeur, professeur et théoricien de la musique, il avait fait ses études dans le conservatoire royal de Wurburg en Allemagne en 1900. Il est l'auteur d'un grand nombre de pièces vocales et orchestrales, dont un ballet. Le gouvernement français l'a élevé au grade de Chevalier de la légion d'honneur pour ses services dans les domaines de l'art et de l'éducation.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Le chef-d'oeuvre de Louis Lacombe, artisan plâtrier Carcassonnais

    Les plus humbles sont très souvent les plus méritants, il conviendrait ne pas l'oublier... C'est l'histoire d'un Carcassonnais né le 12 mai 1856 dans une famille miséreuse, comme il en existe tant dans la Cité médiévale à cette époque. Guillaume et Julie Lacombe exercent la profession de tisserand et habitent dans une vieille demeure accrochée à la Barbacane près du château comtal. C'est pour ainsi dire une espèce de bidonville dans lequel on subsiste grâce aux manufactures de draps pour un salaire de misère. Là, a vu le jour Louis Lacombe.

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    Louis Lacombe dans son atelier

    Cet homme singulier n'a pas suivi le métier de ses parents ; il s'est formé pour devenir artisan maçon. Plus exactement, plâtrier. Après son mariage avec Marie-Elisabeth Lannes en 1879, il a installé son atelier dans le faubourg de la Trivalle, numéro 138. Cigalet - c'est son sobriquet - voue une véritable admiration pour sa Cité à tel point qu'il envisage d'en faire une maquette. Chaque jour que Dieu fait, il monte chez la vieille dame de pierre. A l'aide d'un mètre ruban, il mesure lui-même la largeur des créneaux. Avec une corde, il pointe sa mesure afin de relever la hauteur des tours. Pas question d'être dans l'à-peu-près, car Cigalet veut que sa maquette soit parfaitement à l'échelle de 1/100e. Les remparts font deux kilomètres de long... Les cinquante tours et les cinq portes d'entrées sont d'une fidélité qui défie l'imagination. On y reconnaît chaque fenêtre, chaque mâchicoulis, chaque tuile. La maquette fait 20 mètres de périmètre et 4,50 mètres de diamètre.

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    © Monuments nationaux

    Détail de la maquette

    Ce qui impressionne, c'est le temps qu'à mis notre artisan pour réaliser cette œuvre : 40 années ! Tout son loisir y passa et quand on voit la beauté de sa Basilique Saint-Nazaire, on ne peut être qu'admiratif. Quand son travail fut achevé, Louis Lacombe en fit don à la Cité et on l'exposa dans une des salles du château. Jusqu'à sa mort en 1933, le petit plâtrier de la Trivalle faisait lui-même visiter son œuvre en noyer au touristes. Il reconstituait l'embrasement de la Cité avec des ampoules rouges... 

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    La basilique Saint-Nazaire et Saint-Celse

    La consécration suprême vint après sa mort, le 4 avril 1961, lorsque le Ministère de la culture classa la maquette à l'inventaire des Monuments historiques. Si vous visitez l'intérieur du château comtal vous verrez encore la sublime Cité de Carcassonne de Louis Lacombe. Le petit plâtrier devenu architecte miniaturiste.

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  • Le pavage de la rue Cros-Mayrevieille dans la Cité de Carcassonne

    Autrefois, la rue Cros-Mayrevieille n'était les jours de pluie qu'un ruissellement de boues et de saletés transporté en bas de la Porte Narbonnaise. Ceux qui ne voulaient pas se salir devait tenir le haut du pavé, d'où l'expression passée dans le langage commun. Celle-ci définit aujourd'hui plus largement une personne qui se démarque par son statut social : on dit qu'elle tient le haut du pavé. Dans cette cité médiévale, on peut également battre le pavé depuis 1975, c'est-à-dire errer sans but dans les rues. Il est vrai que l'enfer est pavé de bonnes intentions... 

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    © Antoine Courrière / L'Indépendant

    Nous ne saurions vous dire si les rues de la Cité étaient pavées au Moyen-âge. Cependant, nous savons que la rue Cros-Mayrevieille ne l'était visiblement pas avant le mois de février 1975. A cette époque où il fait un froid de canard quand le vent s'engouffre par la Porte Narbonnaise, des ouvriers s'activaient à la pose de pavés. Leur patron, âgé de 75 ans, courbait échine et confiait au journal l'Indépendant : "Le mal de reins ? Connais pas !" Autres mœurs, autres temps... Le journaliste n'épargne pas les boutiquiers de la Cité qui pourront profiter de ce beau pavage :

    " Aujourd'hui, c'est elle qui souffre (La Cité) sous les coups du progrès. Violée par le long défilé des moteurs à explosion et souillée par le toc de certaines boutiques qui n'hésitent pas à y exposer des petites Tour Eiffel, des Vierges de Lourdes et autres laideurs de plastique. Dégradée par des fils électriques, on pourrait la comparer à un personnage du Moyen-âge fumant une cigarette et portant cravate, montre magnétique et chaussettes en nylon."

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    Lorsque désormais vos pieds battront le pavé à cet endroit, ayez une pensée émue pour ce vieil artisan qui les a posés 43 ans plus tôt. 

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