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Églises et lieux de culte - Page 10

  • Le 3 février 1814, le pape Pie VII traverse Carcassonne avec son escorte.

    Le 15 août 1801, la ratification du Concordat par le pape Pie VII visait à normaliser - si l'on peut dire - les relations entre le Saint-siège et le gouvernement français. Or, les soixante-dix-sept articles organiques promulgués le 18 avril 1802 entendent faire de l'église de France une église nationale, indépendante de Rome. Dans un souci de diplomatie et pour faire abroger ces articles, le pape Pie VII accepte le 2 décembre 1804 de venir sacrer Napoléon Bonaparte, Empereur des Français. Non seulement il n'obtiendra pas ce qu'il était venu chercher, mais l'Empereur exigera que Rome se range à ses côtés contre l'Angleterre. Pie VII ne peut s'y résoudre arguant qu'il est un pasteur universel empreint de neutralité politique. L'Empereur engage alors des mesures coercitives contre Rome, dont le point culminant sera l'occupation militaire du Vatican et l'enlèvement du pape Pie VII par le général Radet dans la nuit du 5 au 6 juillet 1809.

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    © BNF

    Le pape est arrêté au Quirinal et conduit à Savone. Pendant cinq années, il va refuser les demandes de Napoléon 1er, malgré l'envoi de nombreux émissaires pour lui arracher une signature. Avant de partir pour la campagne de Russie, le petit caporal fait transférer secrètement Pie VII vers Fontainebleau.

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    L'hospice du Mont-Cenis (Savoie) avant la construction du Barrage

    À l'hospice du Mont-Cenis - aujourd'hui, englouti sous le barrage du même nom - le pape, malade et épuisé par le voyage reçoit l'extrême onction, le 12 juin 1812. Il est sauvé par les bons soins du Dr Balthazar Claraz ; il arrive huit jours plus tard à Fontainebleau. Pendant dix-neuf mois de captivité, il appellera Napoléon "Mon fils" : "Un fils un peu têtu mais un fils quand même."

    Sous la pression, le pape finit par signer le 25 janvier 1813 le Concordat de Fontainebleau, par lequel il abdique sa souveraineté temporelle et consent à venir s'installer en France. Il se rétracte trois mois après et redevient prisonnier d'état. Forcé par la situation politique en Europe, Napoléon 1er restitue ses Etats au pape. Ce dernier repart libre de Fontainebleau à bord d'une voiture tirée par six chevaux, le 23 janvier 1814 et traverse la France pour rejoindre Rome. Deux autres voitures de quatre chevaux, composent l'escorte. Le voyage est secret mais dès Orléans le pape est reconnu. Avertis par les maîtres de poste, le clergé, les autorités et les fidèles se massent sur son passage. L'escorte interdit alors le passage dans les grandes villes.

    Après Limoges, Uzerche (29 janvier), Pie VII couche à Cahors (31 janvier) et Grisolles (1er février). À Villefranche-de-Lauragais, il effectue une halte à 16h devant la maison de Bernard Marty. Le 2 février, il passe la nuit à Castelnaudary.

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    Dans la maison de M. Denille à Alzonne, il se repose avant de repartir pour Carcassonne. Il pleut à verse quand le pape passe en direction de Narbonne.

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    Pie VII par Jacques Louis David

    "L'évêque avait envoyé au devant de Sa Sainteté son séminaire, qui avait à sa tête un de ses directeurs. Le colonel fit arrêter les voitures et le Saint Père se rendit aux désirs ardents de ces jeunes Lévites qui reçurent sa bénédiction. La moitié des habitants de Carcassonne était sur la route. Le Saint Père accueillit de la manière la plus distinguée le digne évêque de cette ville. Il s'était présenté devant sa voiture et lui avait demandé la permission de l'accompagner jusqu'à Moux. Arrivé à Moux, le pape l'ayant reçu dans sa chambre, il le fit assoir près de lui et lui ouvrit son coeur. Pendant la demi-heure d'audience qu'il lui donna, il lui témoigna le grand étonnement où il était de voir qu'il y avait encore en France un si grand nombre de jeunes candidats à l'état ecclésiastique. L'évêque bénissant le seigneur de la faveur qu'il avait eue, n'arriva à Carcassonne qu'après minuit.

    Le préfet de Carcassonne était absent lorsque le pape y passa. Étant arrivé à dix heures du soir, et apprenant qu'il couchait à Moux, il prit des chevaux de poste, et partit aussitôt dans une voiture avec sa famille. Après avoir passé la nuit dans l'auberge, auprès du feu, ils purent entrer le matin dans la chambre du Saint Père. M. le Préfet s'étant jeté à ses genoux, lui fit un compliment auquel le Saint Père fut très sensible ; tous furent admis au baisement des pieds et de l'anneau. Quand Sa Sainteté eut béni les chapelets et les croix que la femme du préfet avait présentés à bénir, le préfet présenta son épée au Souverrain Pontife, le priant de vouloir la bénir. C'est, lui dit le Saint Père en riant, un instrument de guerre, et non de paix. Saint Père, lui répondit le préfet, j'assure Votre Sainteté que je n'en ferai pas mauvais usage. Sa Sainteté mit ses deux mains sur l'épée, et la bénit."

    (Précis historique du voyage et de la captivité de Pie VII / 1814)

    Il s'agit du Baron Trouvé, préfet de l'Aude qui, sentant le vent tourner se rangera bientôt de côté de la Restauration. Au moment où il apprit le passage du pape, il se trouvait à Castelnaudary pour des manoeuvres militaires. Il arriva à Moux à trois heures du matin. Dans ce village, le pape Pie VII passera la nuit dans le logis d'Antoine Robert Théron, maître de poste, situé sur le Grand chemin. Né à Mirepeisset, il était le fils de François Théron.

    De cet évènement, la tradition populaire aura gardé ce dicton :

    A Mos, an Papas et papillons

    A Sant Coat, avèm d'aïga.

    (À Moux, ils ont le pape et les papillons. À Saint-Couat, nous avons l'eau)

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  • La chapelle Notre-Dame de la santé et ses trésors

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    Notre-Dame de la santé se situe à l'entrée du Pont vieux en direction de la cité. Il s'agit d'une chapelle de dévotion qui communiquait autrefois intérieurement, avec l'hôpital des pélerins de St-Jacques (ancienne maternité). Lorsqu'il y a plus d'une quinzaine d'années on a creusé pour construire le parking de l'hôtel des trois couronnes, les équipes du chantier ont mis au jour bien des choses intéressantes. En premier lieu, les anciens remparts qui ceindaient la ville à cet endroit et des traces de l'incendie, provoqué par le passage du Prince noir. En second lieu, des restes humains inhumés durant l'épisode tragique de la peste.

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    © C. Marquié

    Le chantier de fouilles en 1992, lors de la construction de l'Hôtel des 3 couronnes

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    L'ensemble du bâtiment a été restauré il y a plus d'une dizaine d'années, d'une manière remarquable si l'on en croit le Chanoine Marcel Bories. L'abbé qui y disait la messe en latin tous les dimanches dans la chapelle, est un véritable puits de science en ce qui concerne l'histoire de la ville. Lors de cette réfection ont a enlevé une quantité importante des ex-voto. Il n'en reste qu'un quart; ce qui tend à prouver la ferveur autour du lieu autrefois. La particularité de Notre-Dame de la santé c'est qu'elle est la propriété de l'état, comme la Cathédrale St-Michel, l'église St-Gimer et la Basilique St-Nazaire. Au niveau de la toiture, des pierres de 50x50 comme des tuiles forment la voute sous une chape de plomb.

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    L'église a trois représentations de Notre-Dame de la santé: à l'extérieur, au dessus du maître autel et sur le mur latéral droit.

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    Cette carte postale du début du XXe siècle, nous montre une chapelle entièrement décorée et peinte. L'humidité a t-elle eue raison de ces décors? Le Maître autel a lui disparu avec l'ensemble des cadélabres.

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    Dans une niche sérieusement fermée :

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    La statue à ses plus beaux jours, richement parée. Là aussi, les vêtements et autres bijoux ont disparu.

    Merci à l'abbé Marcel Bories pour son aide

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  • Un squelette mis au jour dans un champ à Villalbe

    Une découverte archéologique de premier plan a été faite en 2009 et d'une manière fortuite par Florian Sabadie, fils de l'ancien propriétaire du domaine de St-Geniès à Villalbe. Dans un champ à proximité du domaine, il a découvert les restes d'une sépulture médiévale qui gisait là depuis des siècles, dans une tombe anthropomorphe. Avec intelligence, l'inventeur n'a pas détruit le site comme, hélas, beaucoup trop d'agriculteurs l'ont fait par le passé pour se débarrasser d'une encombrante découverte. Il s'est mis en rapport avec l'INRAP de Montpellier puis sur mes conseils, avec des membres de la "Société d'études scientifiques de l'Aude". Ces derniers ont envoyé sur le site M. Jean-Paul Cazes qui a mené des fouilles similaires sur le château de Termes.

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    Le squelette dans sa tombe reposait depuis, selon les estimations, le Xe ou XIe siècle.

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    Cette poterie a été découverte sous l'aisselle de la défunte. Il s'agirait selon les experts d'une production que l'on estimait être de la fin du Moyen-âge. Or, de récentes découvertes ont permis de les dater autour de l'an mil de notre ère.

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    M. Jean-Paul Cazes prend des mesures. Il s'agirait d'une personne de sexe féminin d'une taille d'un mètre et soixante centimètres. L'intégralité du squelette a été dégagée et transportée au dépôt archéologique de Carcassonne. Une étude approfondie a été menée et les conclusions rendues. Nous vous les donnerons très bientôt.

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    Nous savions grâce à des textes et à la tradition orale qu'il existait une église avec un cimetière attenant à Villalbe sur le domaine de St-Geniès (voir mes articles sur ce blog). Sur cette photo aérienne prise grâce à Google earth au dessus du site, nous observons une grande masse blanchâtre au sol. Selon mes hypothèses (non scientifiques), on pourrait y voir les contours du cimetière et de l'église du loup. En 1776, il est écrit sur un compoix "Masures de l'esglise et simetière Sainct Genest ditte l'église d'al loup".

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    Il ne pourrait s'agir que d'une église romane et tout ceci n'est pour l'instant qu'à mettre au conditionnel...
    Villalbe n'a pas finit de livrer ses secrets! Qu'il me soit permis de remercier la famille Sabadie car sans son intérêt pour l'histoire, que seraient devenus ces vestiges archéologiques?  
     
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