Il était une fois un enfant issu d'une modeste famille de Carcassonne qui rêvait d'être artiste depuis qu'il avait entendu sur un vieux disque, la voix de Luis Mariano. Dans le grenier, au milieu de vieux habits et de quelques objets, il s'était construit un personnage d'opérette à l'habit de lumière et à la voix d'or. De son idole, il finit par connaître tout le répertoire vocal et s'imagina un jour mettre ses pas dans les siens. Alors, lors des repas de famille cet enfant ne se faisait jamais prier pour tester un public tout acquis à sa cause. Quand vinrent plus tard les auditions de piano des élèves de sa tante, le Joselito Carcassonnais fut appelé à se produire ; là encore, tout le monde tombait en pâmoison devant lui. Au conservatoire de Toulouse, il fut admis dans la classe de chant au milieu, cette fois, de plusieurs concurrents très sérieux. Ce fut par la petite porte et sans enthousiasme pour le génie qu'il pensait détenir dans ses cordes vocales. On changea de registre, laissant l'opérette de Francis Lopez jugée au second plan, pour l'excellence d'un enseignement placé entre les mains de pédagogues assurés de détenir la vérité. Au bout de trois ans, le jury du concours fit tomber le couperet comme Robespierre sur Desmoulins : "Il ne sait pas chanter" - "Il ne fera jamais rien dans ce métier". Le jeune homme, désespéré d'avoir été ainsi bafoué par une bande de briseurs de rêves détenant la vérité séculaire de l'auguste institution, renonça à prolonger l'expérience toulousaine. Au cours de l'un de ses voyages chez un cousin à Figueras, celui-ci lui conseilla de se faire entendre par un maître du chant : Helmut Lips. "C'est vrai lui dit-il, on ne vous a rien appris à Toulouse. Toutefois, votre voix est comparable à celle d'Alfredo Kraus. Je vais vous enseigner un très bon professeur près de chez vous. Il s'agit d'une vraie passionnée de la voix : Christiane Sans à Pexiora." Pendant plusieurs années, le Joselito Carcassonnais suivit les conseils de cette dame, dont l'unique diplôme avait été de former d'excellents chanteurs. C'est ainsi qu'il put ensuite entrer dans le Chœur de l'armée française, puis à l'Opéra de Limoges. On le vit à la télévision pour le 50e anniversaire du débarquement en Normandie où il chanta face à Bill Clinton, Queen Elisabeth 2, François Mitterrand, Tony Blair. Aujourd'hui, il se produit sur toutes les scènes de France : Caen, Rouen, Bordeaux, Opéra-Comique à Paris, Reims, etc. Un jour viendra sans doute, où il lui sera permis de se produire dans le département de l'Aude... En attendant, il repense souvent au conservatoire de Toulouse. De tous ceux auquel il était promis un grand avenir, il n'en reste peut-être que trois ou quatre dans le métier. Aujourd'hui, cet enfant ne sera jamais ni Pavarotti, ni Kraus, ni Alagna mais il a plaisir de vous faire partager ce qu'il a au fond de son cœur.