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  • À l'origine du musée lapidaire, la Société des arts et des sciences de Carcassonne.

    Le 20 novembre 1868, la Société française d'archéologie tint les premières séances de son congrès à Carcassonne sous la présidence du marquis de la Jonquière (préfet de l'Aude) assisté de MM. de Caumont (Président de la société française d'archéologie), Jaubert (Président de la Société des Arts et des Sciences), Mahul, Pothier, de Bonnefoy, abbé Verguet, Tournal, chanoine Barthe, Jaffus et Mgr de la Bouillerie. A l'issue du congrès, la société forma le vœu de la création d'un musée lapidaire à Carcassonne. Dans un premier temps, Monsieur de Caumont invita le chanoine Barthe et l'abbé Verguet - érudits locaux - à publier un catalogue des belles pièces antiques recueillies par la Société des Arts et des Sciences de la ville. Un premier inventaire manuscrit avait été réalisé par le chanoine Barthe ; il sera sauvé de la destruction par Edmond Baichère en 1888. Le premier catalogue rédigé par Verguet et Barthe mais archivé grâce à l'architecte Léon Nelli, fut présenté le 7 février 1869 à la Société des Arts et des Sciences. Il est mentionné un second catalogue, dans lequel étaient notés la provenance des objets déposés avant 1870, avec le nom des donateurs. 

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    Vestiges archéologiques dans la tour de l'évêque

     La Société des Arts et des Sciences sous l'égide de M. Biroteau, maire de la commune, constitua une commission pour la création d'un musée archéologique : MM. Barthe, Verguet, Coste, Jouy, Saulnier, Jalabert, Nelli et Charles de Roquan. À partir du 1er janvier 1869, ces pionniers travaillèrent trois heures par jour à numéroter et à inventorier les objets archéologiques. Le musée lapidaire s'installa dans une salle située à droite, dans la cour de l'actuel musée des Beaux-arts, rue de Verdun.

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    © Chroniques de Carcassonne

    A droite, le musée archéologique de 1869

    Le bulletin de la Société des Arts et des Sciences publié en 1905, nous donne une description précise de cette salle. En bonne place et fort bien exposé se trouvait un sarcophage mérovingien en marbre, orné de feuilles de vigne, découvert dans l'église de Floure. Une somme de 50 francs fut allouée par la Société française d'archéologie pour le restaurer.

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    © Ministère de la culture

    Visible aujourd'hui dans le musée lapidaire de la Cité

    "Ce tombeau mérovingien en marbre blanc de Saint-Béat (Haute-Garonne) a été trouvé dans l'église de Floure, enfoncé dans le mur du midi, entre le sanctuaire et la nef ; la face antérieure seule était visible sur la place dite du presbytère. Il fut enlevé en 1840 par l'agent-voyer Malric, sur l'ordre du maire de la commune, M. Coste-Reboulh, à la demande de Jean-Pierre Cros-Mayrevieille et transporté au musée de Carcassonne. Une inscription se trouvait dans l'église et correspondait à la face postérieure du tombeau qu'elle cachait. C'est la raison pour laquelle elle est dépourvue d'ornements."

    (Catalogue Chanoine Barthe / 1870)

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    © Lieuxsacrés

    Tombeau de St-Saturnin à l'abbaye de Saint-Hilaire d'Aude

    En face du tombeau mérovingien, on plaça contre le mur opposé, le sarcophage de Saint-Saturnin reproduit en plâtre d'après le marbre de Saint-Hilaire. Entre ces deux pièces, on coucha au milieu de la salle afin d'en occuper tout l'espace, des dalles funéraires du XIIIe et XIVe siècles.

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    © voies-achéo-rome

    Musée lapidaire de la Cité

    A l'extrémité nord, une borne milliaire en marbre de Caunes en l'honneur de l'empereur Numérien. Elle fut trouvée à Villesèque-basse, près de Malves-en-Minervois.

    "Principi juventutis M Numerio Numeriano nobilissimo cæsari N(ostro) M(illia) P(assum)"

    Le long des murs étaient exposés des bustes de marbres, des statues gothiques, des têtes de pierre, une belle collection de chapiteaux, des amphores romaines, des vases gallo-romains en terre, des moulins à bras pour huile, etc. Contre le mur, côté cour, des vitrines renfermant plusieurs outils des civilisations primitives, des instruments en silex, bronze, fer et terre cuite.

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    Ce musée archéologique aurait pu perdurer et enrichir ses collections. Oui ! mais voilà... En 1888, date du décès du chanoine Barthe, les vestiges sont dans un état déplorable. Les chapiteaux gothiques et romans, les pierres sculptées, les têtes et les colonnes se trouvent entassées pêle-mêle dans de mauvais locaux où la poussière et l'humidité les détériorent inévitablement. Pourquoi ? Dix ans auparavant, le maire Théophile Marcou voulut installer une école laïque de garçon dans la salle occupée par le musée archéologique. Malgré les protestations, la lettre du président de la Société des Arts et des Sciences M. Dougados, rien n'y fit. La mairie récupéra la salle pour les écoliers et les vestiges furent entreposés à l'humidité dans les caves du musée des beaux-arts. Victor Gastilleur tentera au début du XXe siècle de faire installer ces vestiges dans une des tours de la Cité, grâce à ses relations au gouvernement. Il faudra attendre l'année 1927 et l'application de Pierre Embry, pour que le musée lapidaire s'installe définitivement dans le Château comtal à la Cité. Entre-temps, combien de vestiges ont disparu ?

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  • La construction de la Cité Paul Lacombe

    Le 21 avril 1952, eut lieu la pose de la première pierre de la future Cité Paul Lacombe, sur l'ancien parc au matériel de la ville de Carcassonne ; précisément à l'angle de l'avenue Achille Mir et de la rue Paul Lacombe. Cette cérémonie officielle se déroula en présence de MM. le préfet de l'Aude accompagné de M. Manière (Chef de cabinet), Guille (Président du Conseil général), Francis Vals (député), Courrière (sénateur), Larche (Commandant de gendarmerie), Noubel (Conseiller général), Lespinasse (Président des HLM) et bien entendu, M. Marcel Itard-Longueville (Maire de Carcassonne). A l'origine de ce projet, citons le conseil municipal de Carcassonne présidé par le Dr Philippe Soum qui, dans sa séance du 27 février 1948, décida d'instituer un concours pour la construction de logements à cet endroit. Le 12 juillet 1948, le jury désignait Henry Castella, jeune architecte D.P.L.G, comme lauréat du concours. Après approbation définitive le 12 juin 1950 par le ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, l'adjudication revenait le 31 août 1951 à l'entreprise Fiorio. Le montant total des travaux s'élevant à 97 millions de francs. 

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    La Cité Paul Lacombe en 1955

    Le président de l'Office départemental des HLM signala que cette réalisation n'était que le prélude à beaucoup d'autres sur toute l'étendue du département de l'Aude : Coursan, Castelnaudary, Bram, Alzonne, Pexiora, Axat, Caunes-Minervois, La Nouvelle. A Carcassonne, il est prévu l'édification de 200 logements sur le terrain de Saint-Jacques. 

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    Vingt-deux ans après la construction du théâtre municipal, l'entreprise Fiorio se voyait à nouveau confier un chantier par la ville de Carcassonne. A cette époque encore, seules les entreprises du bâtiment n'ayant pas été exclues des marchés publics pour avoir travaillé pour le compte des Allemands, pouvaient postuler. Elles se sont bien rattrapées depuis... Dans l'entreprise Fiorio, le grutier M. Pépino avait participé à la construction du théâtre municipal en 1935.

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    Le groupe comprend trois immeubles fournissant au total trente-six logements. Ils se répartissent de la façon suivante : 20 logements du type III B et 16 logements du type IV B. Les premiers possèdent chacun deux chambres, une salle à manger et une cuisine. Les seconds disposent d'une chambre supplémentaire. Aujourd'hui, la Cité Paul Lacombe entame sa 65e année de règne. 

    Source

    Midi-Libre / 22 avril 1952

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  • Carcassonne, 24 août 1944. Cher François, mon chéri...

     Voici les premières lignes d'une lettre qui serait restée inconnue, si la curiosité de Monsieur William Perry  ne l'avait pas poussée à ouvrir le livre de Lucien Maury "La résistance audoise". La scène se passe tout récemment au Centre culturel de la mémoire combattante, où le vice-président prend régulièrement ses quartiers. A l'intérieur de cet ouvrage publié en 1980, une lettre manuscrite utilisée comme marque page attendait qu'une âme charitable voulût bien que l'on s'occupât d'elle. Le colonel Latournerie prit alors soin de la déchiffrer, de la dactylographier et de la confier à David Scagliola, le responsable de ce musée situé rue Trivalle. La seule recommandation que lui fit l'officier fut celle-ci : "Il faut retrouver Françoise !" Spielberg avait bien retrouvé au cinéma, le soldat Ryan au milieu des combats de Normandie. Comment diable mettre la main sur l'identité de Françoise, lorsque l'on a seulement son prénom sur une missive écrite voilà 73 ans ? Ne souhaitant pas que l'ami Scagliola se voit infliger une série de pompes, de corvée de chiottes ou encore de faire le tour de la Trivalle au pas de gymnastique, j'ai décidé de l'aider dans sa tâche. Plaisanterie mise à part, ce texte inédit apporte une orientation nouvelle à la connaissance de la Libération de Carcassonne. Ici, point de romance, ni d'héroïsme exagéré. Juste la vérité de l'instant...

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    © André Zucca

    Photo d'illustration d'une parisienne sous l'Occupation

    Enfin nous voici libérés et Français. Carcassonne est à nouveau une ville Française. Mais hélas pas sans mal, ni sans deuils. Dimanche nous avons connu véritablement la barbarie allemande. De nombreux incidents se sont produits en ville, par les troupes de passage. Celles qui occupaient la ville sont parties samedi et dès l’aube ils ont commencé à faire sauter les munitions et l’essence. Partout où il y en avait c’était un brasier : Salvasa, la Justice (1), Lamourelle, l’école normale des garçons etc. Un peu partout ; vers midi ça a été l’école normale des filles, mais dans le parc c’était affreux à entendre et dans le fond on se réjouissait en pensant c’est la fin pour eux et pour nous et dans la nuit presque tous ont filé. Mais il arrivait des troupes venues de Toulouse et Bordeaux.

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    © ADA 11

    La croix gammée flotte à l'Ecole normale des filles, route de Narbonne

    Le dimanche ils prenaient toutes les bicyclettes, rentraient même dans les maisons où ils ont commis des actes de banditisme, violé les jeunes filles. Colette a été sauvagement prise chez elle et amenée à la cave de Carayol, déshabillée et neuf énergumènes l’ont violée l’un après l’autre, puis l’ont assommée presque sous les yeux de sa mère et de son frère tenus en respect avec des révolvers. A la gendarmerie, une bagarre a eu lieu devant la porte entre le gendarme Raynal et deux boches, le gendarme à moitié assommé criait au secours lorsque Daubercies voyant le mousqueton du boche à terre le prit et frappa le boche sur la tête. Sur le moment tout s’était bien calmé et le commandant avait renvoyé Daubercies à sa maison afin que ce soit tranquille. Mais vers une heure et demie une auto s’arrête devant notre porte et le capitaine de gendarmerie ainsi que six boches armés de grenades, révolvers, mitraillettes et mousquetons sont venus le chercher, l’ont emmené et depuis nous sommes sans nouvelles (2). On croit qu’il est prisonnier d’une colonne qui est passée dans le Minervois et se dirige vers Saint Pons. Tout le monde dans la maison est atterré.

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    © Bulletin de l'Académie des Arts et des Sciences / Tome LV

    André Daubercies

    (1901-1944)

    Après que Lucien ait été libéré samedi voici de nouveau une situation plus triste encore. Ce n’est pas tout : vers une heure de l’après-midi une colonne qui était arrivée à pied et en vélo, et avait cassé la croûte sur les bords du canal face à ton ancienne maison (3), a eu la fâcheuse idée (en entendant de la mitraille sur la route de Toulouse, car ils se battaient entre eux) de tirer sur l’olivette. Ils ont braqué un canon au pont et d’autres ont passé la passerelle, et sur tous les gens qu’ils voyaient tiraient à bout portant. Il y a eu dimanche quarante tués, des maisons complètement brûlées, et des blessés sans compter. Parmi les morts il y avait Baratcia de la banque Le Crédit Lyonnais ainsi qu’un ancien employé de la gare Jean Rey de l’Olivette.

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    © G. Sarraute / ADA 11

    Sous le pont du chemin de fer, quai Riquet

    En ville des isolés tiraient dans les principales rues à bout portant ; sur la route de Narbonne c’était la même chose : ils tiraient à travers les volets des maisons. A un moment deux étaient postés à la route au coin de Batz et tiraient dans toutes les directions. Ils ont aperçu madame Despagnet qui sortait la tête et ont tiré, la balle est venue sur le mur de Cavailly, tu verras quel trou ! En face chez Sempere, Georges Mas (4) employé à la ville au service des eaux allait en mission lorsqu’il a été grièvement blessé par des balles explosives qui lui ont déchiqueté le pied et la cheville, le sang giclait partout et chez Sempere où on l’avait rentré on aurait dit un abattoir. Sous le feu de la mitraille, le docteur Piétréra, Lucien Denat et d’autres sont allé le chercher pour le conduire chez le docteur (5) car les ponts étaient infranchissables, les boches tiraient partout. Hélas le pauvre Mas est décédé de ses blessures car son sang a été empoisonné. Vers la Conte, Cassan, une femme qui ramassait dans les vignes de l’herbe, a été blessée et est morte aussi.

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    © Christian Mas

    Charles Mas et son épouse

    Moi pendant ce temps, ainsi que la famille Daubercies inconsolable et la famille Rivière nous étions réunis chez les Denat, une échelle posée contre le mur pour pouvoir passer dans les jardins, et une autre chez les Despagnet pour aller au parc. Vers sept heures le haut-parleur est passé disant que, si la population ripostait, on mettrait le feu à la ville et on prendrait quinze otages pour chaque Allemand tué. Songe la nuit que nous avons passé tous ! Le lendemain, plus rien, plus d’Allemands, rien que des isolés çà et là, mais on avait interdit la veille de sortir jusqu’à nouvel ordre. Vers deux heures un agent en vélo, lisant un papier, passait dans les rues disant de faire les courses au plus vite et de rentrer chez soi. J’essaie donc d’aller voir le patron car je savais par Fabrou qu’il était là. J’avais déjà préparé un mot pour donner à Caumes pour le lui porter car il n’y avait que la police dehors, les gendarmes même étaient en civil depuis la veille. Je vais donc à la viande pour moi et les Daubercies en compagnie de monsieur Despagnet.

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    Le Corps franc de la Montagne noire défile dans Carcassonne

    Arrivés chez Labarre l’horloger (6), le maquis faisait son entrée à la mairie. Immédiatement les agents ont débarrassé et la sirène a sonné afin que les gens rentrent. J’ai donné la lettre à Madame Labarre qui l’a passée au patron. Une heure après nous avons essayé de descendre avec les Denat Emilienne et Lucien, mais au pont (7) on nous en a empêché. Enfin mardi j’ai pu voir madame Mille qui m’a donné un bon potage. Dans la journée de mardi et depuis on fait la chasse à l’homme, car dans la campagne il y en a de cachés. Mardi et mercredi on a enterré les quarante morts de dimanche. Je suis allée mercredi soir à la sépulture de Baratcia. Mais hélas nous ne sommes pas tranquilles car des colonnes perdues errent aux alentours de Carcassonne et lorsqu’ils viennent trop près les sirènes sonnent l’alarme. Les hommes vont les pourchasser mais y laissent leur peau.

    Aujourd’hui vendredi il y a eu les funérailles de six jeunes gens de la ville volontaires qui ont été tués à Pennautier. Parmi eux je connaissais le fils Poujade du Plateau (8) qui est le frère de madame Coste, le café Coste rue Chatran, puis le petit-fils de Marius Guiraud, celui de l’âne, qui est ami avec mémé Vito et le marin qui habitait au coin de Sabatier face à Georges. Il y avait aussi l’officier de paix Ramon que les Allemands ont pendu au château de Baudrigues.

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    Devant la Milice, place Carnot. Les restes de Jean Bringer

    Carcassonne était rassemblé place Carnot car on avait exposé les corps à la Milice, cette fois tout était bien organisé car pour les quarante premiers ce n’était pas tout à fait ça. On voit que le comité de libération nommé par Alger est en place depuis jeudi, et les drapeaux alliés flottent sur la mairie. Malheureusement il y a onze morts de plus des suites de blessures car ces balles explosives ne pardonnent pas. Maurice Chataigné le menuisier à côté d’Eugène est bien mal, ainsi que le petit Boyer qui est le fils de la femme de François Gouze, ainsi que le petit Combette du plateau. Les camps de F.F.I. arrivent pour repartir. Aujourd’hui Mazamet (9) est arrivé, ils ont mangé au square à midi et sont repartis sur Conques pour chasser les boches qui ravagent les villages.

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    © Coll. Martial Andrieu

    Femmes tondues à la Libération de Carcassonne


    En ville, ils ramassent les miliciens et collaborateurs ainsi que les collaboratrices et les femmes qui ont été avec les Allemands. Ces dernières ont les cheveux rasés, on leur fait une croix, un U ou le tour de la tête et on leur laisse quelques mèches. Une que tu connais la Tavaillot est du nombre, elle n’ose plus sortir. Tandis que les collaboratrices et de la Gestapo comme la grande de Montlegun et sa copine, en plus d’avoir les cheveux rasés sont en prison. Il y a aussi l’Italienne et son père de chez madame Pia à côté d’Anduze. Les prisons de Carcassonne et Limoux regorgent. Les boches ont laissé du ravitaillement. Mardi on a touché presque une demi-livre de viande par personne, aujourd’hui vendredi une demi-livre de beurre et demain un peu plus de pain. Ces jours-ci quelques boulangers ont fait du pain blanc. On va toucher un demi-litre d’huile d’olives et des boîtes de sardines pour les J.

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    Groupe de Miliciens au Square Gambetta


    Vive la Libération, Vive de Gaulle, Vive la France. Cet après-midi, à l’École normale nous avons assisté au lever des couleurs par les enfants garçons et filles. Le drapeau a été amené à l’école en procession, tenu par quatre enfants de prisonniers, deux garçons et deux filles. Puis on l’a hissé, observé une minute de silence et tout le monde a chanté la Marseillaise. Aujourd’hui samedi, on vient d’apprendre la nouvelle que Mestre , le beau-frère de Mimi Bourdil, en allant braconner les lapins vers Baudrigues, a passé sur une mine et a sauté. On l’enterre demain à quatre heures et Ramon l’officier de paix à deux heures. A midi, comme je descendais voir madame Mille, on rentrait onze collaborateurs et miliciens. Il y avait Fages coiffeur, Poret docteur. La foule était déchainée, criait et applaudissait. Pas grand-chose de plus à te dire, demain huit jours qu’on a pris madame Daubercies et encore pas de nouvelles. Moi, pour ma part, j’ai eu tellement peur avec tous ces évènements que tous les jours depuis dimanche j’ai des pointes au cœur qui me font bien souffrir. Si ça continue j’irai au docteur pour qu’il me donne quelque chose.

    J’espère que vous autres avez été tranquilles à la campagne et ne vous êtes pas trop fait de soucis pour nous. Enfin nous sommes en bonne santé et j’espère que ça continuera. Pour le moment je ne vais pas à l’herbe car il y a des francs-tireurs et puis des mines, alors je tiens à la vie et reste dedans. A bientôt de te revoir et de vous revoir tous. J’espère qu’une vie normale commencera bientôt pour nous. Mille gros baisers.
                                                                   Françoise.

    Notes du blog

    1. Caserne de la Justice, route de Montréal. 2. Le gendarme Daubercies sera torturé et retrouvé mort avec le visage tuméfié, en bordure de la route de Villegly. Une stèle rappelle son souvenir. La gendarmerie de Limoux porte son nom (Source : J-L Bonnet / Bull. Académie des arts et des sciences / 2015) 3. Route minervoise, puis en face au Quai Riquet. 4. Il s'agit de Charles Mas, le père de Christian décédé en 2015. 5. Clinique du Dr Delteil, Bd Camille Pelletan. 6. En haut de la rue de la mairie (A. Ramond). 7. Pont neuf. 8. Plateau Paul Lacombe. 9. Corps Franc de la Montagne noire.

    Si quelqu'un pense avoir des renseignements nous permettant d'identifier Paulette ou le destinataire de ce courrier, merci de le signaler en commentaires sur le blog. Au-delà de l'importance de votre témoignage, pensez aux conséquences pour M. Scagliola...

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