Une fois la satisfaction passée d'avoir été entendu, non sans mal, sur la nécessité de sauvegarder l'ancienne maison de la Gestapo, on pouvait croire que j'allais me contenter de cette annonce. Or, il n'en est rien puisqu'il nous reste un travail essentiel à accomplir. Il nous faut obtenir l'inscription ou le classement de cette bâtisse, à l'inventaire supplémentaire des Monument historiques. Pourquoi? Le citoyen éclairé qui s'est battu contre vents et marées pour le résultat que l'on connaît maintenant, ne lâchera pas l'affaire. Les décideurs se sont bien gardés d'annoncer sur les ondes télévisuelles et radiophoniques en juin dernier qu'ils avaient délivré un permis pour raser cette maison. Aujourd'hui, la vie politique a repris ses droits et chacun y va de son Credo, la larme à l’œil et à coup de communiqués, cherchant presque à faire oublier qui est à l'origine du résultat obtenu. Il me semble que cela n'est pas très honnête, surtout quand rien n'est vraiment acquis. Eh! oui... Toute la problématique est là !
Qu'adviendra t-il de ce bâtiment s'il n'est pas classé, après les échéances électorales de 2014? Je ne remets surtout pas en cause la bonne foi, ni l'engagement du premier magistrat de la ville sur ce dossier. Sa décision est excellente. Toutefois, je connais fort bien les politiciens pour les avoir tous fréquentés de près... Plusieurs hypothèses négatives me viennent à l'esprit:
– La municipalité change de majorité et J-C Pérez est battu. Les nouveaux possédants de l'Hôtel de ville ne seront pas tenus par les promesses de l'ancien maire. Dans le cas où ils changeraient de vue sur la destination de cette maison, ils pourraient la laisser pourrir encore davantage puis décider de la raser. L'argument tout trouvé serait que sa réhabilitation coûterait trop cher à la commune.
– J-C Pérez est réélu mais est contraint par la loi sur le cumul des mandats de se démettre au profit de son mandat de député. Un nouveau maire socialiste est alors désigné. Que fera t-il?
– J-C Pérez est réélu. Le budget de la ville de Carcassonne est de plus en plus exsangue. On est obligé de le destiner en priorité au fonctionnement et non à l'investissement communal. On n'a pas pu faire débloquer des fonds européens, départementaux et régionaux pour alléger le coût revenant à la ville pour la restauration de la maison. Le projet est alors mis en attente et fait murer les ouvertures du bâtiment pour des raisons de sécurité.
Je connais qu'un seul moyen pour palier à ces pires scénarios:
Le classement de l'ancienne maison de la Gestapo comme Monument historique!
Il a au moins deux avantages. Celui qu'empêcher durablement sa destruction et celui de pouvoir récolter des subventions de l'état pour sa réhabilitation.
Selon le maire de Carcassonne que j'ai interrogé sur le sujet, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) n'est pas très chaude. Ce serait incompréhensible aujourd'hui que la ville de Carcassonne avec l'annonce d'un projet si ambitieux sur le plan symbolique, n'exige pas un classement. Ce serait se couper de subsides en pièces sonnantes et trébuchantes...
"A l'instar de cette demande, je souhaite que ce dossier puisse être instruit en vue de son inscription du titre des Monuments historiques. J'émets dès à présent un avis très favorable."
(J-M Huertas / Architecte du SDAP/ 19 août 209)
Pourquoi donc la DRAC n'a t-elle pas tenu compte de ce courrier en date du 19 août 2009, envoyé par M. Huertas (Architecte des Bâtiments de France) à ses services? Il demande le classement de cette maison en raison de son caractère historique, tout simplement. On a balayé d'un revers de main, la prescription d'un architecte d'état!
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