Discours d'inauguration de Maurice Masseron en 1963
Au nom du conseil d'administration de la Société Carcassonnaise de Logements Populaires, j'ai l'honneur et la joie, Excellence, de vous remettre la chapelle Saint-Vincent de Paul.
C'est en effet sous le vocable de ce grand saint que nous aimerions placer cette chapelle. Pourquoi?
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Parce que la Société carcassonnaise de Logements Populaires a son fondement dans l'élargissement de l'action des conférences de St-Vincent de Paul.
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Parce que cette chapelle est construite sur la Cité Ozanam, et qui parle de Frédéric Ozanam pense aussitôt à St-Vincent de Paul
Ce n'est pas par hasard que les fondateurs de notre société ont appelé du nom d'Ozanam ce quartier de notre ville. Ils nous ont donné l'exemple d'une charité réaliste, efficace et nous essayons, sur leur lancée, de continuer l'action qu'ils ont entreprise, il y a quelques dizaines d'années, en construisant 30 logements à l'Olivette. La crise du logement ne se posant pas avec l'acuité qu'elle revêt de nos jours, notre société, après être longtemps restée en sommeil, s'est éveillée aux problèmes de l'heure.
Construire rapidement de nombreux logements est une tâche compliquée surtout lorsqu'on ne veut pas perdre de vue le côté humain. Les âmes des hommes et des familles ne peuvent s'épanouir que dans un cadre fait à l'échelle humaine qui tient compte de leurs exigences morales, spirituelles, culturelles et matérielles.
Mais les rigieurs financières permettent difficilement de les satisfaire toutes. Nous avons essayé, malgré tout, en limitant la densité, en réduisant au minimum le nombre d'immeubles collectifs, en faisant une expérience d'isolation phonique des planchers, en construisant cette chapelle.
Aux difficultés communes à tous les organismes constructifs, s'est ajoutée celle de la dénomination de chaque groupe de logements. A la froideur d'un numéro ou d'une lettre nous avons préféré substituer le nom d'un saint et là, nous avons dû faire un choix.
Ne pensez pas, Excellence, que ce choix nous a placé devant un cas de conscience, en raison même de l'élimination qu'il suppose, de tel ou tel saint aux mérites bien établis; non plus, d'ailleurs, la crainte de rendre jaloux le serviteur de Dieu éliminé. Mais il nous a fallu trouver douze saints ayant chacun une attitude familière permettant une identification facile. Et Saint-Roch nous a pardonné d'avoir pensé immédiatement à son chien.
Toutefois, après la pose des bas-reliefs, tout n'est pas fini. Au contraire, tout reste à faire, tout commence. Les effigies des saints, elles-mêmes, ne sont garantes de rien. Les statues des dignes serviteurs de Dieu, que nous avons choisis, ne doivent pas être des masques, mais les signes ardents de charité chrétienne toujours plus poussée.
La charité chrétienne n'a jamais fini de se renouveller. Elle ne se traduit pas une fois, ou quelque fois, dans la vie par une action, ou plusieurs actions, mêmes héroïques. Elle s'exprime constamment, à travers les actes les plus simples, les plus humbles de la vie de tous les jours. Et comment mieux que par le soucis constant des autres, peut-on, dans une Cité comme la nôtre, pratiquer cette charité?
Ainsi, Excellence, je remets la chapelle St-Vincent de Paul, c'est à dire un local abritant le seigneur, où les chrétiens se rassemblent pour prier.
Là non plus, Excellence, tout n'est pas fini. Vous venez donner le départ de la construction de la chapelle. Le coeur du seigneur qui contient tous les hommes ne peut pas être comprimé par eux aux dimensions d'un tabernacle, même si ce tabernacle est situé dans un édifice aux lignes modernes, originales, harmonieuses. Permettez-moi de profiter de cette occasion pour féliciter tous ceux qui ont pris part à la construction de cette chapelle, de l'architecte au manoeuvre, en passant par l'entrepreneur et l'ouvrier.
Le coeur du seigneur ne se loge pas ailleurs que dans le coeur des hommes, de tous les hommes. Comme l'église de Dieu, qui ne se construit que par le ralliement à l'amour de tous les coeurs des hommes, la chapelle de la Cité Ozanam n'aura sa vraie dimension que lorsqu'elle aura atteint celle de la Cité tout entière.
L'âme de chacun constitue une pierre que chacun voudra apporter. Ce n'est qu'à cette condition que le seigneur sera logé.
La sacristie et les objets du culte, victimes d'un incendie criminel, dimanche dernier.
Cet acte infâme porte atteinte à la liberté de toutes les croyances. Peu importe qui l'a perpétré; c'est une attaque de l'obscurantisme contre l'esprit de tolérance de ceux qui vivent leurs religions dans le respect de notre état laïc. Celui-ci garanti à tous les mêmes droits en supprimant la religion dans l'état et, de fait, une religion d'état.
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