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  • La maison de René Nelli sert de dépôt de cageots.

    C’est sous ce titre peu flatteur qu’un canard régional vient de se pencher sur le cas du legs de Suzanne Nelli au Conseil départemental de l’Aude. Plus particulièrement, la maison de René Nelli située dans la rue du Palais à Carcassonne. Nous avions, sur ce sujet, rédigé un article sur ce blog il y a quelques mois. Il n’est jamais inutile de se mettre à plusieurs pour dénoncer l’incurie en matière culturelle et patrimoniale. Aussi, nous prenons la peine de retranscrire in-extenso l’article de ce journal ci-dessous.

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    Suzanne Nelli décède le 24 août 2007. La machine successorale s’enclenche. Le président du Conseil général, Marcel Rainaud, est enthousiaste et accepte les dernières volontés de Suzanne Nelli. Alain Tarlier, alors vice-président délégué à la culture au département déclare même : « Charge à nous maintenant de transformer cette demeure en lieu de vie qui participera à l’enrichissement culturel et touristique de la Bastide ».

    Mais patatras en 2019, le Conseil général annonce la vente de la maison. Nous sommes sous la présidence d’André Viola qui n’est pas connu pour son attrait pour l’œuvre de Nelli. Ma bibliothèque de Nelli, elle, se balade depuis la liquidation judiciaire du Centre d’études cathares. Nous sommes en août 2020 et la maison Nelli n’est pas vendue. Contacté, le Conseil départemental nous indique : « Un compromis de vente a été signé et la somme sera reversée à l’héritier. Pour les œuvres, Philippe Ramon (NDLR : neveu de René Nelli et, comme chacun le sait, brillant président de l’association d’études du catharisme / René Nelli) en a récupéré la majorité pour en réaliser une scénographie au château de Bouisse ».

    Sauf que tout cela est un immense gâchis, un abandon, une trahison. Et si Suzanne Nelli a effectivement bien signé un legs, on est très limite sur le plan judiciaire.

    A l’époque, l’Université de Cambridge s’était montrée intéressée par le fonds Nelli. Au regard de ce qu’il se passe aujourd’hui, il aurait été mieux de laisser tout cela partir au-delà de la Manche. Cette situation devrait agacer la présidente de la Région Occitanie, Carole Delga, très attachée au projet originel.

    A lire sur www.laglorieuse.info

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2022

  • Dom Robert (1907-1997) et "Les paons de Palaja"

    Au mois de juillet 1940, Guy de Chaunac (1907-1997) alias Dom Robert en religion vient de passer plusieurs mois en Lorraine au sein d’un GRDI (Groupement Reconnaissance Division Infanterie). La guerre est perdue. Elle n’a pas épargné les ecclésiastiques des devoirs imposés par la patrie à tout homme en âge de combattre. Comme un très grand nombre de leurs frères, ils ont dû déposer les armes un peu trop tôt. Se résoudre à abdiquer devant la puissance meurtrière d’une idéologie conquérante. L’âme de Dom Robert n’a pas été conçue pour guerroyer ; elle s’est forgée en poésie contemplative de la nature, à travers l’étude des Arts Décoratifs. Finalement, cet armistice délivre plus à cet instant, qu’il ne déçoit. Dom Robert pose ses bagages dans l’une des caserne de Carcassonne. Tel un chevalier errant dépourvu de chef, il n’a plus qu’un chemin à suivre. Celui de sa foi, éprouvée devant le martyre d’un pays désormais vaincu. Avant de s’en retourner au monastère d’En-Calcat, Dom Robert profite de ces quelques jours d’oisiveté. Plus tout à fait militaire, sans être redevenu complètement moine, il chemine par les sentiers autour de Carcassonne. Nous aimons à penser que le père Antony (1903-1974) l’accompagne. Noël Delevalle revient lui aussi de Lorraine. Carcassonne l’a démobilisé avec son régiment.

    Laissons Dom Robert raconter lui-même ce qu’il advint de sa promenade : « En juin 1940, revenant de Lorraine, nous avons débarqué dans l’Aude, à Carcassonne, et c’est là, vraiment, que j’ai ressenti ce vrai coup de foudre. C’était le lendemain de l’armistice, je crois, je ne sais plus, mais ce qui est clair, c’est que l’on se promenait. Il faisait réellement très, très chaud, nous étions près d’une vaste propriété, bordée d’un très haut mur sur le bord de la route, et là, tout à coup, j’entends le cri d’un paon. C’était formidable. On fait un vaste tour, on trouve une grande entrée, on ouvre la grille, on rentre dans cette propriété et on se trouve dans un jardin. Alors là, une fontaine, un paon… et des paons, des coqs, et des poules et des canards, c’était ravissant ! Là, cela a été quelque chose de foudroyant et je crois que j’ai soudainement acquis un style. J’ignorais complètement ce que cela deviendrait, mais cela est sorti, je me suis mis à dessiner, sans arrêt. »

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    © Musée Dom Robert

    Aquarelle

    À l’intérieur de ce corps de ferme, il peint l’aquarelle. Sous ses pinceaux s’immortalisent « Les paons de Palaja ». C’est le titre ! Grâce à lui, nous savons que cette vaste propriété se trouve dans ce village. Un mur très haut sur le bord d’une route, nous n’en connaissons qu’un. Il s’agit très probablement de celui du château de Palaja. À cette époque, Mademoiselle Estève du Pujol en a la propriété. Héritage par alliance de la famille Bary, vieille famille bourgeoise, qu’elle donne au soins de Jean Jacob. Tiens ! Un autre Jacob prénommé Max, célèbre celui-ci, avait dix ans plus tôt conduit Dom Robert à la tonsure. « Les paons de Palaja », tissés à Aubusson, sont la partie centrale du premier carton intitulé L’été. L’Aide de Jean Lurçat a été précieuse pour sa réalisation. On peut lire en latin la parole d’évangile suivante : « Or je vous dis que Salomon lui-même dans toute sa gloire n’a pas été vêtu comme l’un d’eux (Matthieu 6, 29). »

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    © Musée Dom Robert

    L'été

    L'ancienne école de Sorèze (Tarn) conserve les œuvres de Dom Robert à l'intérieur d'un musée qui lui est dédié. C'est en visitant ce lieu que l'idée m'est venue de rechercher le nom de la propriété que l'artiste ne donne jamais. L'hypothèse la plus sérieuse c'est le château de Palaja.

    https://www.domrobert.com

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