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Les Ateliers de charité à Carcassonne après la Révolution de 1848

La Révolution du 24 février 1848 avait chassé Louis-Philippe 1er du pouvoir. La IIe République était proclamée et un nouveau gouvernement provisoire s’installait aux commandes du pays avec Alphonse de Lamartine. C’est pendant les deux mois et demi précédant les élections qui feront désenchanter les partisans de la démocratie sociale, que sont instaurés les Ateliers nationaux. L’état fonde une disposition basée sur la solidarité nationale dans laquelle il prend à sa charge la rémunération des ouvriers, réglemente leur droit au travail et surtout offre aux plus démunis d’entre-eux la possibilité d’avoir un emploi au sein de ces ateliers. A Paris, on les appelle nationaux mais en province, ils portent les noms d’ateliers de charité ou d’ateliers communaux. Cette organisation sociale sera brutalement supprimée au mois de juin 1848 par le gouvernement Cavaignac, résolument républicain mais fermement conservateur.

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Membres du gouvernement provisoire

A Carcassonne, les conservateurs qui avaient suivi Marcou et Barbès le 24 février 1848 ne s’étaient pour ainsi dire, pas mouillés dans cette révolution. Trop heureux d’avoir chassé l’usurpateur orléaniste, ils étaient depuis longtemps convaincus d’être des légitimistes alliés de circonstances de républicains, dont le destin ne serait que provisoire. Mal organisés et en manque de candidats sérieux, les républicains devaient recruter parmi les convertis.

On donne donc aux notables la responsabilité provisoire des affaires de la commune. Jean Paul Bausil, maire à partir du 10 mars, se détache pour n’être pas le plus conservateur. Il gardera d’ailleurs sa fonction jusqu’à la fin du gouvernement provisoire, le 8 mai 1848. En revanche, son successeur Eugène Jouy possède toute l’assurance du républicain de circonstance, dissimulant jusque-là les aspects les plus réactionnaires du monarchiste légitimiste. Lors du premier tour des élections municipales de l’été 1848, les rouges obtiennent à Carcassonne le double des suffrages des monarchistes et remportent quatre élus. Au second tour, ils décident de retirer leurs candidats car le maire Jouy maintient le scrutin au lendemain. Or, il s’agit d’un lundi et les ouvriers ne choisiront certainement pas de perdre une journée de salaire pour aller voter. Jouy en est bien conscient et même à si à Limoux on a repoussé le scrutin au dimanche suivant, lui n’en démord pas. Il est accusé de partialité et de favoriser le clan du patronat, quand celui-ci exige des chefs d’ateliers un chantage à l’emploi sur les ouvriers : « Votez pour la liste grise, où vous n’aurez plus de travail. »

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Louis Blanc (1811-1882), ministre du gouvernement provisoire de la Deuxième République. Il est à l'origine du droit du travail en faveur des ouvriers et de l'ouverture des Ateliers nationaux.

La coalition royaliste triomphe mais dote la ville d’un conseil municipal - bigarré d’opinions les plus étranges - dont l’impuissance et l’impopularité deviennent grandissante. Le jour de l’installation, le préfet Lamarque recherche un maire et propose au conseil de lui désigner ceux qui voudraient revêtir l’écharpe. Comme aucun ne se propose, le préfet nomme Bernard Sicre ; un autre notable ayant fait sa fortune avec le négoce des draps. D’emblée, le conseil réuni en commission décrète que les finances de la ville sont exsangues. La première mesure à prendre est donc celle de faire fermer les ateliers de charité et de renvoyer les ouvriers.

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Louis Eugène Cavaignac, Président du Conseil des ministres. 

Jean Paul Bausil, qui n’avait pas démissionné de ses fonctions de conseiller municipal, s’élève contre la volonté de ses collègues, disposés à renvoyer des centaines d’ouvriers sans qu’ils aient eu le temps de se retourner. L’ancien maire met avant le sort cruel des familles dépourvues brutalement de ressources, mais son argumentaire se heurte aux exigences budgétaires de nombreux conseillers. Qu’importe ! S’il le faut, Me Bausil s’engage à payer de sa poche les 500 francs nécessaires au maintien des jours de travail supplémentaire. La honte ayant sans doute atteint le cœur d’âmes aussi peu charitables, le conseil municipal octroie aux ouvriers une semaine de délai à l’issue de laquelle les ateliers sont définitivement supprimés. C’était grand peine à voir cette colonne d’ouvriers, une branche d’olivier à la main, venir déposer leurs outils à l’hôtel de ville, note Marcou dans son journal « La fraternité ».

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Commentaires

  • C'est une partie de l'histoire de France rarement évoquée. Merci pour l'avoir traitée avec en plus des éléments locaux.

  • Avec votre aide une fois de plus, nous avons ouvert une porte de notre histoire nationale et locale pour laisser entrer
    le vent de notre connaissance.
    Amicalement, Pierre-Baptiste

  • on se rend compte que rien n'a changé et que certaines usines ont fermé leurs portes et déménagé dans la nuit tout le matériel de production--- quand respectera t'on les travailleurs et leurs outils de travail ?,

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