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Le lotissement du Moulin d'autan par l'architecte Henri Castella

Le long de l’avenue du général Leclerc s’étend sur une centaine de mètres, le lotissement du Moulin d’Autan. Bien que sa dénomination ait quelque peu disparu du langage usuel, c’est ainsi que fut baptisé en 1953 cet immeuble de logements à loyers modérés. Le moulin d’autan, aujourd’hui cerné par les nombreuses maisons bâties sur la colline de la Gravette, surplombait l’ancienne R.N 113. En bordure de celle-ci, un terrain dépourvu de constructions allait, après la Seconde guerre mondiale, susciter l’intérêt des investisseurs à une époque où la France connaissait une grave crise du logement.

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Le lotissement du Moulin d'autan, avenue Leclerc

Le 9 décembre 1953, MM. Romersa et Reynès, respectivement présidents du C.I.L.D.A (Comité Interprofessionnel du Logement de l’Aude) et de la Société Coopérative Départementale d’H.L.M, présentaient à la presse la maquette du lotissement du Moulin d’Autan. Dans les plans du bâtiment, dressés par l’architecte Henri Castella, dont la réalisation devait être confiée à l’entreprise Deville, figurait la construction de vingt-deux maisons mitoyennes de type F4 et F5 pour deux d’entre-elles. Ce qui pourrait paraître banal de nos jours en terme de confort, offrait à ces logements, au début des années 50, toutes les commodités indispensables à la vie d’aujourd’hui : douche, cabinet de toilette, penderies et placards, chauffage à air chaud, etc. A l’intérieur des vieilles masures du quartier populaire de la Trivalle, situé de l’autre côté de l’avenue, certaines familles vivaient encore comme à la fin du XIXe siècle. C’est peu dire de l’état du logement dans cet ancien faubourg de la Cité où désormais, s’achètent à prix d’or des maisons transformées en chambre d’hôtes.

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Financé par le Crédit Foncier de France, avec un prêt à la Caisse d’Allocations Familiales et grâce au 1000 francs par M2 subventionnés par l’état, ce projet voit le jour dès le mois de juillet 1953. Il sera renforcé par le décret du 9 août qui oblige les entreprises à participer à l’effort de construction par une contribution de 1 % de la masse salariale pour financer le logement social. La C.A.F se charge ensuite de trouver les heureux bénéficiaires parmi les familles dans le besoin rencontrant des difficultés pour se loger. Il s’agit pour elles d’accéder à la propriété en payant un loyer en fonction de leurs revenus en échelonnant l’emprunt sur cinq à dix ans. Pour exemple, un couple avec trois enfants dont le salaire n’excède pas 30 000 francs, paiera 10 000 francs de loyer, moins 7200 francs d’allocations logement, soit 2800 francs mensuels. Tout ceci exonéré d’impôts pendant vingt-cinq ans ! Le coût de chaque maison varie selon le type : 1 750 000 francs (F4) et 2 000 000 francs (F5).

Les travaux préparatoire du terrain débutèrent le premier décembre 1953. Le terrassement s’acheva fin janvier 1954 et l’immeuble fut livré durant l’été de la même année. Henri Castella réalisa un ensemble harmonieux dans le style contemporain de l’après-guerre qui garde encore aujourd’hui toute sa valeur architecturale. Il s’entoura de l’artiste Carcassonnais Jean Camberoque qui exécuta des tuiles en céramique peinte pour la façade de chaque maison, financées par le 1% artistique. Cette obligation inscrite dans la loi du 18 mai 1951 et toujours en vigueur, est due à un Audois : le sculpteur René Iché (1897-1954) qui exécuta notamment le monument à la Résistance dans notre ville.

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Avenue Jules Guesde, quartier St-Jacques

On doit également à Henri Castella et au C.I.L.D.A, la construction des maisons de l’avenue Jules Guesde dans le quartier Saint-Jacques et celles de la rue Joseph Bara, bâties avant 1953. Elles portent toutes le style du plus grand architecte contemporain de Carcassonne à qui il faudra bien jour rendre un hommage biographique. Là encore, sur chaque maison… une tuile de Camberoque.

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Constructions d'Henri Castella, rue Bara

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Commentaires

  • Merci pour ce bulletin architectural, dont la particularité est, comme à chaque fois, de pointer du doigt un ensemble qu'on a toujours vu, mais jamais regardé...
    Bravo Martial !!

  • Que du bonheur dans cette maison, que nous avons habité de nombreuses années, la route était bordée de platanes, il n’y avait pas autant de voitures, nous vivions en bonne harmonie avec le voisinage... Quel dommage de voir ce que çˋest devenu, La mairie pourrait intervenir pour nettoyer les façades, quelle honte de voir comme c’est sale..

  • Depuis quand les façades des particuliers peuvent être nettoyés par la Mairie ? Suis intéressé .

  • je vois ce reportage pour la première fois mais le moulin d'autan comporte 2 tranches de maisons .Il ne reste que 2 anciennes personnes qui y habitent depuis l'origine, ma mère et une autre voisine.Cétait une époque heureuse.

  • Encore merci pour votre reportage sur l'architecture d'Henri Castella.
    Signature architecturale forte et toujours reconnaissable
    Henri Castella était un Architecte de grand talent et d' une forte personnalité.
    j'ai eu le privilège de faire parti de son agence depuis 1969 et de l'accompagner jusqu'à sa cessation d'activité début 2000.
    Cela me fait très plaisir de voir que son talent soit reconnu et qu'encore
    aujourd'hui cesnombreuses réalisations sont dans l'air du temps.

  • Non, Monsieur Blanco la mairie ne va pas vous refaire votre façade, vous n’avez pas compris, le Moulin d’autan est un ensemble d’habitation, ce qui est totalement différent.

  • " Je me souviens des temps anciens "... J'avais une petite copine qui habitait dans le lotissement du moulin d'autan, la fille d'un commissaire de police de Carcassonne, un ami de papa.... J'avais intérêt à me tenir à carreau ! Ce devait être en 56/57 ?

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