© Musée des Beaux-arts de Carcassonne (réserves)
Ecce homo
Armand Honoré Prache naquit le 3 novembre 1798 à Fanjeaux de Antoine Claire (1767-1843), artiste puis menuisier, et de Marine Marie Marthe Galibert (1775-1830), fille d’un officier de santé. Doué pour le dessin en véritable autodidacte, le jeune Prache entra à l’Ecole des Beaux-arts de Toulouse et obtint pendant deux ans une bourse d’études du Conseil général de l’Aude. Entre 1819 et 1824, plusieurs prix lui seront attribués dont le Grand prix de peinture en 1822. Ses tableaux de composition, les Funérailles d’Hippias et la Lutte d’Apollon et de Pan ornèrent l’ancienne salle des illustres du Capitole de Toulouse. Lors de la destruction de la salle en 1887 et de la construction de l’actuelle galerie qui porte le même nom en 1892, les tableaux furent déposés. Où sont-ils aujourd’hui ? Probablement dans les réserves d’un musée toulousain.
Portrait d'une femme
A l’Ecole des Beaux-arts de Paris, Honoré Prache fut l’élève du baron Anoine-Jean Gros (1771-1835) et se nourrit d’un style bientôt désuet dont il ne pourra réellement s’affranchir. Est-ce la disgrâce de Gros ou le manque d’argent qui obligera Prache à rentrer bientôt au pays ? Sans avoir eu le temps de terminer ses études et de pouvoir goûter au succès qui lui était promis, le jeune peintre retourna dans l’Aude. Vers 1930, il fut engagé comme professeur de dessin aux collèges de Castelnaudary puis de Montolieu, chez les lazaristes. Huit années plus tard, Honoré Prache se fixa à Carcassonne et enseigna le dessin au Petit séminaire (actuel lycée Saint-Stanislas), puis plus tard à l’école Montès.
© Eglise Saint-Nicolas-de-la-Grave (82)
Saint-Roch
Un grand nombre d’églises paroissiales de l’Aude, du Tarn et de l’Ariège lui passèrent commande de tableaux à partir du milieu du XIXe siècle. La cathédrale Saint-Michel ne fut pas en reste, d’après les ordres reçus de Monseigneur de Gualy. Quatre grands tableaux qui après avoir décoré Saint-Michel furent déplacés dans les dépendances par Viollet-le-duc lors de la restauration de la cathédrale : Les saints évêques de Carcassonne demandant à Jésus-Christ la grâce de leur ville épiscopale ; Prière à Saint-Lupin par Mgr de Saint-Rome Gualy au milieu de son chapitre ; Supplice de Saint-Nazaire et Saint-Celse ; Saint-Pierre et Saint-Paul guérissant les malades à Jérusalem. Ecce homo fut remis à la famille Prache à la mort de Mgr de Gualy.
© Collégiale de Castelnaudary / Restauration Céline Stivanin-Bouquet
Le prophète Jérémie devant Jérusalem en ruine
En 1854, lors de la construction du lycée impérial de Carcassonne, Honoré Prache eut la naïveté de croire que seuls ses diplômes et ses mérites suffiraient pour qu’il obtienne un poste de professeur de dessin. Sa droiture et le refus de toute compromission eurent raison de sa candidature. Il se prit alors de passion pour la poésie et écrivit des vers en languedocien qui en 1868 lui valurent d’être primés au concours de la Société archéologique de Béziers. Toute cette poésie sera rassemblée dans un recueil publié Chez Pomiès à Carcassonne l’année suivante : « Pouëzios patouëzos ».
Lorsque vint l’heure à laquelle Honoré Prache dut quitter ce monde, une pieuse personne amena un prêtre près de son lit. Il répondit à ce dernier par les vers de Voltaire : « Les prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense ; Notre crédulité fait toute leur science. » Il ajouta même : « Dieu est trop grand et vous êtes trop petit pour que je vous permette de me parler de lui. » Il s’éteignit le 23 avril 1871 dans sa maison du 5, boulevard de la préfecture (actuel Bd Jean Jaurès) entouré de son épouse et de sa fille Guillermine (1831-1896). Cette dernière avait épousé le compositeur Pierre Germain (1817-1891) dont une rue porte le nom à Carcassonne. Bernard Germain (1856-1845), son grand oncle et ami de Gamelin père, fut engagé par ce dernier pour le seconder dans la classe de dessin de l’Ecole centrale de l’Aude.
© Musée des Augustins de Toulouse (réserves)
Les funérailles de Patrocle
Au cours de son existence Honoré Prache se sera montré comme un dessinateur hors de pair. Ce n’est donc pas un hasard si l’un de ses élèves fut l’excellent architecte Marius Esparseil. Il conçut également les décors de l’opéra Simon de Montfort, composé par son gendre. En revanche, les couleurs de Prache sont ternes et les sujets qu’il choisit de peintre passèrent de mode. Aussi, n’est-il connu que des spécialistes de l’art sacré de notre département. Il mériterait sans doute une étude plus élargie de ses oeuvres. Il est inhumé dans le caveau familial au cimetière Saint-Vincent.
Sources
Cet article a été réalisé grâce à un article biographique paru en 1880 dans le journal "La cité" et rédigé par Alban Germain. Quelques erreurs ont été corrigées et de nouveaux éléments, fruits de nos recherches, l'ont complété.
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Commentaires
merci beaucoup; très intéressant
encore un artiste audois méconnu et remis en lumière -merci Martial - on regarde les tableaux et les monuments avec d'autres yeux depuis que nous lisons vos articles --