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Pierre Andreu (1909-1987), un écrivain atypique

Pierre Andreu naît à Carcassonne le 12 juillet 1909 dans une famille de la petite bourgeoisie locale. Son grand père Aloys, natif de Civita Vecchia en Italie, était en garnison à Carcassonne comme sergent et avait fait la connaissance de Marie Rancoule, fille d’un serrurier de la ville originaire d’Alzonne. Tout semblait opposer ces deux familles. Si Aloys Andreu, percepteur à Mouthoumet et fermement républicain embrassait le radicalisme en cette fin du XIXe siècle, les Rancoule étaient plutôt militants Royalistes. A l’ombre de l’église Saint-Vincent, ils priaient pour le retour du roi Henri V, comte de Chambord et dernier des Bourbons.

Si Enric cinc venia deman.                       Si Henri V venait demain.

A quanta festa. A quanta festa !    Ah ! Quelle fête. Ah ! Quelle fête. 

Si Enric cinc venia deman.                         Si Henri V venait demain.

O quanta festa que fariam !          Ah ! Quelle fête que nous ferions !

Pierre Andreu raconte que dans les années 1880-1890, il était facile de duper au moment des élections les notables réactionnaires : urnes truquées, bulletins de l’adversaire graissés, etc. La municipalité républicaine de Carcassonne avait arrêté toutes les affaires avec le serrurier Rancoule, en raison de ses idées monarchistes. Quant à Aloys, son maigre salaire de fonctionnaire ne faisait pas de lui un nanti, car il dépensait davantage que ce qu’il gagnait. C’est dans ce creuset que naquit en 1878 leur fils Théodore Andreu, le futur père de Pierre. Après des études au lycée de Carcassonne aux côtés de ses camarades de classe, issus de bonnes familles de la ville (Delluc, Salvetat, Peytavy, De Vezian, Estève, Parazols, Combes, Lacombe, Meyran, Lordat, Peyrens, Courtial), Théodore voulut entrer à Polytechnique mais dû se résoudre à faire médecine. Après sa thèse, il s’installe à Carcassonne chez le compositeur de musique Paul Lacombe et épouse en 1908 Rose Hérail, issue d’une famille industrielle mazametaine ruinée. Pierre Andreu sera leur fils unique…

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Pierre Andreu dans les années 30

A l’âge de trois ans, celui qui allait devenir plus tard journaliste, essayiste et biographe quitte Carcassonne avec ses parents et s’installe à Paris (quartier Javel). Durant son adolescence, sa pensée est socialiste ; il s’enthousiasme lorsqu’en 1924 le Cartel des gauches remporte les élections. En classe de seconde, il adhère à la L.A.U.R.S (Ligue d’Action Universitaire Républicaine et Socialiste) présidée par un jeune homme : Pierre Mendès-France. Il arborait fièrement au lycée l’insigne de la ligue, au milieu de ses camarades des Jeunesses patriotes et de ceux de l’Action Française, ancrés à l’extrême-droite. Après un baccalauréat obtenu avec mention et un brillant accessit en histoire à la Sorbonne, Pierre Andreu s’inscrit en droit et en Sciences politiques en 1927. Quelques années pendant lesquelles, il vivote et au gré des rencontres découvre Apollinaire, Jarry, Max Jacob, Mallarmé. Il écrit également son premier livre qui reçoit les encouragements de Grasset, l’éditeur. 

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Max Jacob avant son arrestation par la Gestapo

A vingt ans, Andreu monte l’escalier de la rue Nollet et frappe à la porte de celui qu’il admire, le poète Max Jacob. C’est le début d’une amitié qui durera jusqu’à la mort du poète, le 5 mars 1944. Il publiera en 1982 un livre sur Jacob en forme de biographie « Vie et mort de Max Jacob ». La pensée politique socialisante de Pierre Andreu s’étiole dans les années 1930 tout en conservant son idéal humaniste, pour aller progressivement vers le camp adversaire. C’est-à-dire ce qu’il qualifiera lui-même de « fasciste » à la fin de la décennie. Il entre au P.P.F (Parti Populaire Français) fondé par Jacques Doriot, un ancien du Parti Communiste Français qui se distinguera sous l’Occupation comme le meilleur allié idéologique des nazis. Pierre Andreu quittera ce parti réactionnaire en 1936, le jugeant pas assez à gauche et beaucoup trop totalitaire. C’est aussi l’époque où il se lie d’amitié avec Pierre Drieu la Rochelle, auquel il consacrera une biographie en 1979. A la fin de la Seconde guerre mondiale, Pierre Andreu entre à l’O.R.T.F et défend l’action culturelle. Entre 1966 et 1970, il sera même directeur de cette antenne à Beyrouth et défendra la cause Palestinienne en se montrant pro-arabe. 

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Si Andreu peut être considéré comme très à droite, son amitié pour Jacob et Georges Sorel contrebalance cette caricature des étiquettes. A la fin de sa vie, il se rapprochera d’ailleurs de ses premières amours en soutenant Mitterrand et en se liant avec Jacques Julliard, tout en conservant des relations au sein des militants royalistes. L'ensemble des ses correspondances, écrits et documents sont conservés à l'IMEC (Institut des Mémoires de l'Edition Contemporaine). Pierre Andreu s’est éteint le 25 mars 1987 à Paris (Ve) et est inhumé au cimetière de Grenelle.

Quelques œuvres

Histoire des prêtres ouvriers (1960)

Grandeurs et erreurs des prêtres ouvriers (1955)

Le rouge et le blanc (1977)

Georges Sorel

Vie et mort de Max Jacob (1982)

Drieu la Rochelle (1979)

Sources

Le rouge et le blanc : 1928-1944 / 1977

I.M.E.C

Etat-Civil / ADA 11

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Commentaires

  • Un grand merci pour ce récit, , toujours très intéressant .
    Félicitations pour toutes vos recherches

  • merci pour ce portrait détaillé de mon père
    Je regrette seulement la qualificatif d'extrême droite en conclusion de votre article
    Cordialement
    Sylvie Andreu

  • Madame,
    Vos remerciements me touchent.
    Je ne pense pas avoir positionné Pierre Andreu comme étant à l'extrême droite, mais probablement très à droite. Je ne suis sans doute pas le plus qualifié pour déterminer cela.
    Cordialement

  • Pierre Andreu a aidé les premiers écologistes dans les années 70

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