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30 squelettes médiévaux jetés dans la fosse commune du cimetière La Conte.

A l'emplacement de l'actuel Hôtel des postes, place de Lattre de Tassigny, se trouvait il y a environ deux siècles, le couvent des Cordeliers. Il fut rasé au tout début du XXe siècle.couvent1.jpg

Façade du couvent, rue Barbès

Le mur donnant sur l'actuelle rue Barbès, fut refait au XVIIe siècle. L'abside était rectiligne, mais avait été dégradée par la destruction des décorations. Seuls les arceaux avaient encore belle allure. Dans la cour (actuelle, place de Lattre), se trouvaient des chapelles latérales ; on y entrait par des ouvertures en plein cintre datant de la restauration du XVIIe siècle.

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Le portail, qui s'ouvrait sur la rue Barbès était en pierre et portait un écusson fruste. Le clocher ne manquait pas d'élégance.

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A l'ouest (face à la rue J. Bringer), le fond de l'église était limité par la maison Grassialo dont la façade s'ornait d'une série d'arcades. Sur l'une d'entre elles fut pratiqué au XVIIe siècle, une porte rectangulaire sur laquelle en lisait en creux : "l'observance".

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Faisant suite à cette façade, s'élevait une curieuse tour octogonale de style Renaissance pourvue d'un escalier à vis. On voulut d'abord la conserver pour y installer une antenne de télécommunication ; ce projet étant abandonné, elle fut rasée sans autre forme de procès. Le Directoire du département occupa le couvent ; il était tenu de payer un loyer à l'état qui l'avait déclaré Bien national. Le 14 avril, l'ingénieur Chevalier et Jean Embry, plâtrier de la ville, estimèrent l'église à 4000 livres et le reste à 6950 livres. D'après le procès verbal de la circonscription des paroisse du district de Carcassonne, l'église des "ci-devants Cordeliers" est alors conservée comme oratoire. L'un des vicaires de la paroisse Saint-Vincent a obligation d'aller y dire la messe les dimanches et jours de fêtes, pour la commodité des vieillards et des femmes enceintes qui habitent le fond de la ville. Le procès verbal imprimé du Conseil du département de l'Aude constate qu'à l'ouverture de chacun des sermons de 1791, 1792 et 1793, le Conseil en corps assista à la messe du Saint-Esprit, célébrée en l'église des Cordeliers. En 1871, l'église est affectée comme magasin à fourrages pour le régiment de dragons et les annexes servent de magasin à l'intendance.

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Vue de la destruction de la maison Grassialo, sur l'emprise de l'actuel magasin de l'entreprise Duarte. Au fond, on aperçoit l'ancien clocher de la chapelle des Domicains, rue de Verdun.

L’église des Cordeliers sur l’emplacement de laquelle fut construit l’hôtel des postes par l’architecte de la ville, Gordien, élève de mon père, servait de salle d’exposition, de salle de banquets ou de réunions. Chaque année de belles peintures ou dessins y étaient exposés avec les sculptures de jeunes statuaires qui se sont fait un nom plus tard dans le domaine des arts. Tous ont laissé de leurs œuvres pour le musée.
Il y avait une salle spéciale où étaient recueillies les œuvres des Carcassonnais, quelques-unes, de haute valeur. Comme les autres, ces chefs-d’œuvre ont disparu dans la réserve où ils s’abiment en laissant croire qu’à Carcassonne il n’y a pas de peinture possible en dehors du XVIIe ou XVIIIe siècle et maintenant de l’art moderne et cubique.
Actuellement, faute de salle, les réunions sont impossibles et pourtant, il s’y en est produit de bien célèbres. On y donnait aussi des fêtes et de grands concerts.
La place de la poste était occupée par la manutention des régiments où nous allions chercher le pain chaque jour. Il y avait en bordure de la rue de la préfecture, la maison de Grassialo, par laquelle on y pénétrait. C’était la maison d’un jurisconsulte renommé, construite sur l’emplacement du couvent des Carmélites qui fut déserté au moment de la peste de 1347. Elle possédait deux fenêtres géminées au 1er étage et sept arcades en plein cintre pour boutiques au rez-de-chaussée. J’ai sauvé bien par hasard, après sa destruction, les belles fenêtres du XVIe siècle que j’ai fait transporter au musée de sculpture comparée de la Cité. (Raymond Esparseil / 1960)

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© Sudfrance

Fenêtres de la maison Grassialo sauvées par Raymond Esparseil

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En lieu et place, s'élève depuis 1907 l'hôtel des postes.

Il était en usage jusqu'à la Révolution d'inhumer les personnes notables de la ville dans les églises. Ces personnes finançaient et entretenaient les chapelles où ils désiraient être enterrés. Il en était de même pour les religieux qui avaient leur sépulture dans le chœur de la nef. Dans le courant du mois de juillet 1974, l'administration des PTT a fait effectuer des travaux dans l'hôtel des Postes. 

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Des travaux de terrassement dans le centre de tri ont permis la découvertes à trois mètres de profondeur et l'exhumation d'une trentaine de squelettes. Nous voyons sur la photo ci-dessus avec quelles précautions et quel intérêt pour la recherche scientifique, les ouvriers du bâtiment ont retiré les restes des moines. Tant et si bien qu'on les a jetés dans une fosse commune au cimetière de la Conte. La même opération fut entreprise lors de la destruction du cimetière médiéval de Villalbe au début des années 1970, par la mairie d'Antoine Gayraud. 

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© Antoine Labarre

Dalle funéraire trouvée en 1974 (Couvent des Cordeliers)

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© Antoine Labarre

Dalles trouvées en 1974 (Couvent des Cordeliers)

A droite : "Sépulture de Pierre Jalat, 1763" mesurant 0,70 m de long sur 0,45 de large et 0,08 m d'épaisseur. 

A gauche : Une dalle portant ce signe énigmatique (1m x 0,55 x à,10)

Ces dalles ont été découvertes dans la seconde partie de la salle de tri, près du mur des anciens guichets. Reste à savoir ce qu'elles sont devenues...

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© Martial Andrieu

Elles furent entreposées, à même le sol, jusqu'en 2012 dans la cour du musée des beaux-arts, avec d'autres vestiges. Ceci sans indications de la provenance... Ci-dessus, il s'agit bien de la dalle au destin énigmatique. Voyez déjà comme le temps depuis 40 ans a fait son œuvre.

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© Martial Andrieu

Voici celle de Pierre Jalat, au même endroit. Il manque la partie supérieure... Depuis que l'on a refait la cour du musée des beaux-arts en 2013, les vestiges ont été enlevés. Où sont-ils ?

Sources

L'Indépendant / 16 septembre 1974

Souvenirs R. Esparseil / 1960

Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

Photos

Couvent des cordeliers / ADA 11

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