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La destruction par le feu des archives de la Cité de Carcassonne

Quelle richesse inestimable avons-nous perdue à jamais ce 20 novembre 1793 ? Il est presque impossible de le savoir. On parle très souvent de la profanation des tombeaux des rois de France dans la crypte de Saint-Denis, c'est très regrettable. N'est-ce pas toutefois moins important que la perte de documents historiques de premier plan pour l'histoire de la Cité, dans un grand feu de joie allumé par les sans-culottes ?

"Nous ne résistons pas à la satisfaction d'insérer ici cette pièce tristement curieuse et de livrer, en même, par leurs noms, au mépris et à l'indignation de tous ceux qui s'intéressent au passé, les auteurs de cette sotte exécution". (Guide à la cité de Carcassonne / Pierre Foncin / 1866)

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Aspect de la Cité sous la Révolution française

M. Champollion-Fijeac (1813-1894), dans son Annuaire de l'archiviste, publie le document d'archive relatant d'exaction des sans-culottes contre les archives de la Cité.

Ce jourd'hui 30e brumaire l'an II de la République Française, une, indivisible, quatre heures après-midi, nous, Jean-Marie Guilhem, maire ; officiers municipaux ; procureur de la Commune et notables composant le Conseil Général de la Commune de Carcassonne-Cité, accompagnés du citoyen Charles Assumac, secrétaire-greffier de la Commune ; du citoyen Maguelonne Naucadéry, juge de paix du canton de Carcassonne-Cité ; au milieu du bataillon de la Garde Nationale de la dite Cité, commandé par le citoyen Loubet, drapeau flottant, et de la compagnie des Invalides ou Vétérans de la garnison de la dite Cité, commandée par le citoyen Girot, capitaine de la dite compagnie, nous nous sommes rendus sur la place de la Liberté, ci-devant Belle-vue, où nous avons fait apporter tous les titres, privilèges, immunités, accordés à la dite commune de la Cité, par nos ci-devant Rois, ou, pour mieux dire, tyrans qui insultaient l'égalité, ainsi que deux registres de reconnaissances consenties en 1781, par les habitants ou possesseurs de bien-fonds et maisons de la récente Commune, au ci-devant roi le guillotiné ; et, étant parvenus dans cet ordre sur la dite place de la Liberté, et après avoir fait trois fois le tour des papiers et du bois destiné à faire le feu de joie, le citoyen Guilhem, maire, deux officiers municipaux et le secrétaire-greffier y ont mis le feu aux quatre coins, au milieu des cris de : Vive la République, une, indivisible ! Vive la Liberté, L'Egalité ! Périssent les Tyrans !

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La place de la Liberté en 1793

Le feu ayant duré pendant une heure, les citoyens qui s'y étaient rendus en foule, le Conseil Général de la Commune, et tous les assistants, on, pendant ce temps, avec la joie la plus vive, chanté l'hymne des Marseillais, la Carmagnole et autres couplets patriotes. Le feu étant éteint et les papiers, parchemins, registres, etc... entièrement consumés, et après avoir, sur la porte (Porte Narbonnaise, NDLR) donné l'accolade fraternelle aux commandants du bataillon de la Garde Nationale et de la compagnie des Vétérans, sommes entrés dans la salle publique de la dite maison commune, où nous avons dressé le présente procès-verbal, le jour et an susdits.

Signés : A. Baux, officier municipal ; Guilhem, maire ; Mieux, officier municipal ; Jean Girot, officier municipal ; Valens, Assumac, secrétaire-greffier. 

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Ancien hôtel de ville où fut dressé l'acte des sans-culottes

 Pour la petite histoire, le brûlement des archives n'ayant pas été complet, des titres emportés par le vent avaient été sauvés des flammes et des citoyens s'en étaient emparés. Le lendemain, 1er frimaire An II, une décision du Conseil Général de la Commune les prévenait "qu'ils seraient déclarés suspects s'ils ne les rendaient pas aussitôt." Etre déclaré suspect sous la Terreur, c'était passer en jugement devant un tribunal révolutionnaire qui vous envoyait à coup sûr au Rasoir national. Voilà donc un épisode de notre histoire qui n'enorgueillit pas nos révolutionnaires locaux. Si paraît-il à Carcassonne les têtes furent épargnées, les archives n'eurent pas ce privilège.

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Commentaires

  • On aurait pu savoir si enfin les tours de la Cité etaient, couvertes d'ardoises ou de tuiles ?? Si l 'on regarde dans le departement certains chateaux (Saptes à Conques , et tant d'autres les toitures etaient bien en ardoises , pourquoi depenser tant d'argent pour remplacer les ardoises par des tuiles ??? Pourquoi avoir rasé les toitures des tours situees a droite des tours Narbonnaises enceinte exterieure et avoir posé une dalle de beton sur leur base.???? Il y avait de magnifiques charpentes en chêne , ou sont elles passees ainsi que leurs ardoises ????

















































































    Pourquoi a t on remplace les toitures en ardoises par des tuiles ?? Tous les chateaux environnants ont des toits en ardoise . (Saptes à Conques et pas que ..) Ou sont passees ces belles charpentes en chêne et les ardoises ????Il y en a qui ont su en profiter !!!

  • A la même époque le Conseil Municipal (les mêmes ?)avait aussi décidé dans une de ses délibérations de démolir la Cité. Heureusement le chantier étant énorme, ils n'ont démoli que quelques pans de murs notamment la barbacane de la Porte d'Aude. Sur cet emplacement Viollet-le-Duc construira l'église St Gimer sur la demande des habitants du quartier

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