Dans la rue des Etudes, ce bâtiment de couleur saumon du plus bel effet architectural, a écrasé l'abside de l'église des Augustins fondée au XIIIe siècle. Suite à la mise au jour de ces vestiges lors de la destruction d''immeubles au numéros 43 et 45 de la rue des Etudes, des chercheurs alertent immédiatement M. Pellissier - Architecte des Bâtiments de France - et M. Massy - directeur des Antiquités. Les travaux de démolition avaient déjà endommagé une partie de l'abside. C'est donc en urgence que les scientifiques sont intervenus ; on peut les remercier.
© Patrick Mangin
Ce que l'on a détruit sans autre forme de procès
Des structures visibles après les premiers travaux, il restait :
- Le mur sud de l'abside conservé sur une élévation de 6,50 m comprenant une niche ogivale en parfait état.
- Le contrefort sud-est, conservé sur la même hauteur
- Le mur nord-est de la nef
- un reste de mur nord de l'abside
© Patrick Mangin
Les sépultures
Dans cette partie du choeur, une douzaine d'individus ont été prélevés. Cela représente une petite partie de l'ensemble des inhumations car seulement 50 % du choeur a pu être fouillé. Il semble qu'il y ait eu des ossements dans la partie superficielle déjà décaissée par la pelleteuse avant l'intervention des archéologues. La plupart des sépultures avaient été ensevelies dans des cercueils et les squelettes portaient au doigt des bagues en métal précieux. Ces objets ont peut-être été entreposés dans un dépôt du service de l'archéologie à Carcassonne. Il est bien dommage pour les Carcassonnais que notre ville n'envisage pas la construction d'un musée archéologique, dans lequel figureraient tous ces objets de fouilles. L'abside a été rasée après les fouilles malgré la demande des chercheurs ; on aurait pu simplement la préserver sous une dalle vitrée.
Les restes de l'abside
Une statue polychrome
Un fragment de statue polychrome a été versé au Musée des Beaux-arts. Qu'est-il advenu de lui ? Se trouve t-il dans une vitrine parmi les collections permanentes ou en réserve ?
Plan de 1729
Ce qu'il reste de visible
Le couvent des Augustins s'étendait tout le long de la rue de Verdun. On peut encore en voir des vestiges dans les différents immeubles. Sur cette photo aérienne de 1954, nous avons dessiné grossièrement l'emprise de l'église des Augustins. Il faudrait ajouter le cloître et les bâtiments conventuels et nous aurions la dimension de ce site.
Dans l'un d'entre eux, une partie de l'ancienne nef fut transformée en jardin (point rouge). Dans la boucherie Safon : un bénitier, un morceau de rosace et d'une porte en ogive sur l'ancien mur ouest de l'église.
© Le 104
Le restaurant bio "Le 104", rue de Verdun, est installé dans la nef de l'église des Augustins
© Jacques Blanco
Dans le magasin Bio-Vivre - 104, rue de Verdun - les vieilles pierres de la nef de l'église des Augustins (XIIIe siècle) témoignent encore de ce riche passé religieux.
C'est là que le roi Louis XIV en 1660 s'arrêta pour assister à la messe avant d'épouser l'Infante d'Espagne. Cette église abrita également la relique du Saint-Suaire sensée avoir recouvert le corps du Christ. Elle se trouve actuellement conservée à l'abri des regards dans la cathédrale Saint-Michel.
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Commentaires
que de richesses ignorées volontairement Carcassonne a un passé si riche tous les jours vous nous le faites découvrir merci Martial ..votre blog est est super intéressant ....
Merci pour toutes ces infos Incroyable histoire ET UN GACHIS DE +
c'est à pleurer !!!
Effectivement , que de richesse ont disparu dans notre ville souvent par manque d'argent , souvent aussi par la non volonté des Elus .
En effet , je tenais à apporter un éclairage rectificatif sur les fouilles lors de la réalisation du parking souterrain des trois Couronnes ,la Société propriétaire de l'Hôtel dont j'étais le gérant a lorsque nous avons constaté les premières traces de vestiges pris l'initiative d'alerter la Direction régionale de la recherche archéologique , pris l'initiative d'arrêter le chantier pendant trois mois , pris en charge financièrement le coût des fouilles (300000€ soit 30millions de centimes en 1992)
j'ai proposé à Mr Chésa Maire de Carcassonne suite à ces découvertes de réserver cet emplacement ( propriété de la Commune pour réaliser en complément du parking un musée regroupant les vestiges archéologiques de Carcassonne et l'évocation historique de la création de la Ville Basse.
Cette proposition n'a pas été retenue , les archéologues ont récupéré des vestiges , réalisés des photos des fouilles et ont libéré le chantier .
a leur demande et à nos frais , nous avons réservé et aménagé dans le parking un secteur où ont été conservé une partie des anciens quais avec un four et les traces de l'incendie de la Ville par le Prince noir .
Voila encore une réalisation manquée qui aurait pu apporter un plus considérable à la découverte de la Bastide au pied de la Cité Médiévale .
c'est là où habitait Lilou en fait! tatie
Il y avait aussi à fouiller et étudier le plus grand cimetière urbain médiéval de France.
Oups, le plus grand cimetière urbain était contigu à la chapelle N.-D. de la Santé.
Au couvent des Augustins, il y avait un cimetière. Nombres de sépultures ont été trouvée lorsque il y a eu un fort décaissement pour réaliser le parking Littré, rue Littré.
La peinture, visible dans la niche avec le litre funéraire est un des rares témoignages de l'ancienne église, vu par Louis XIV lorsqu'il s'est arrêté à Carcassonne et s'est recueilli devant la relique du saint Suaire possédée par les moines Augustins de Carcassonne. Dans la chapelle se trouvait la sépulture du sieur Gontier, surintendant des Mines du Languedoc qui habitait le magnifique château de La Caunette (Lastours).
La peinture, visible dans la niche avec le litre funéraire est un des rares témoignages de l'ancienne église, vu par Louis XIV lorsqu'il s'est arrêté à Carcassonne et s'est recueilli devant la relique du saint Suaire possédée par les moines Augustins de Carcassonne. Dans la chapelle se trouvait la sépulture du sieur Gontier, surintendant des Mines du Languedoc qui habitait le magnifique château de La Caunette (Lastours).