Le projet de construction d'un parking souterrain de 400 places en lieu et place du square Gambetta avait engagé en 2005, la réalisation de sondages préventifs dirigés par l'INRAP (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives). Les historiens locaux connaissaient l'existence sur le site d'un ancien couvent de Franciscains, élevé sur décision de St-Louis après la destruction de celui se trouvant au pied de la cité. Les premières pierres seront posées dans la seconde moitié du XIIIe siècle, mais il faudra attendre la fin du XIVe siècle et le début du XVe pour voir le cloître et la dernière aile des bâtiments conventuels achevés. Les guerres de religion auront raison des bâtiments et les frères se réfugieront à l'intérieur des remparts entourant la nouvelle ville. Ils garderont tout de même leurs terres en jardins sur lesquels on aménagera à la fin du XIXe siècle le square Sainte-Cécile, baptisé ensuite du nom de Gambetta.
Les fouilles préventives menées par Agnès Bergeret débutèrent fin octobre 2006 pour une durée légale de trois mois. Sur les 5500 m2, l'ensemble monastique a été dégagé en collaboration les entreprises du chantier sur une superficie de 3000 m2. C'est le plus important jamais observé en Languedoc-Roussillon, mais la prescription scientifique a concerné seulement quatre zones sur 900 m2. Nous savons que le couvent s'étend plus au sud, au delà du square et empiète sur l'entrée de l'avenue A. Mullot.
© INRAP
A trois mètres en dessous du niveau de la chaussée, les fouilles ont mis en évidence les soubassements d'un cloître, des sépultures et une partie de l'église. Cette dernière n'a pas pu être dégagée, car elle s'étend hors des limites du site de fouilles. Au total, ce sont 93 individus qui ont été inhumés dans différentes parties. Parmi elles, six sépultures dans l'angle sud-ouest du terrain, et un caveau dans la galerie de circulation orientale du cloître où furent dégagés 25 individus.
Les carcassonnais furent invités à se rendre sur le site le 15 février 2007, où une visite leur fut faite par les agents de l'INRAP. Après quoi, les bulldozers écrasèrent cet ensemble archéologique de premier plan. Reste à savoir si le parking en béton armé qui a pris sa place, résistera dans les dix siècles à venir. A titre personnel, je trouve lamentable que l'on ait pas encore pensé à placer un panneau ou une plaque pour rappeler l'emplacement de ce couvent. Ne serait-ce pas la moindre des choses ?
Une vue de l'ensemble du site archéologique
Sur ce cliché, des sépultures inhumées depuis le moyen-âge.
De ce trésor archéologique, il en restera rien ! Après les fouilles préventives, les bulldozers ont fait leur oeuvre ; l'ensemble des fondations du couvent et de l'église sont passées au pilon pour servir d'agrégats. La terre, elle, a servi pour créer un jardin d'enfant dans Carcassonne. Les promesses de la municipalité de l'époque, de conserver une partie de ces trésors en les mettant sous plexiglas dans le futur parking souterrain n'a pas été tenue. On aurait pu, comme cela s'est fait ailleurs, dessiner sur les dalles en surface le plan de ce couvent pour le matérialiser aux yeux du public. Aujourd'hui, les carcassonnais ignorent encore son existence.
Le square Gambetta en 2008... Depuis 2015, un nouvel aménagement de surface a rendu de la verdure à cet immonde glacis. Toutefois, où sont passés les vestiges archéologiques et les squelettes ? Personne n'a l'air à Carcassonne de s'en soucier, mais c'est Carcassonne. A Narbonne (Sous-préfecture), le Musée régional archéologique est actuellement en construction et sera achevé en 2019...
Mis à jour le 18 avril 2017
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