Après le passage du Prince noir en 1355 et de ses troupes qui incendièrent la ville basse, édifiée sur ordre de Louis IX (Saint-Louis), on procéda à sa reconstruction. En 1247, elle s'étendait au nord et au sud au-delà du périmètre actuel. Disons sur l'actuel quartier des Capucins et le square André Chénier.
© Carcassonne, ville basse / G. Mot
Un an après la mise à sac, on fut obligé de reconsidérer les pourtours de la ville en réduisant sa superficie. Elle fut rescindée de moitié en raison des coûts de construction et de la perte d'un nombre conséquent d'habitants. En 1331, Carcassonne dénombrait 20 000 sujets du roi de France. On enserra la ville de remparts de 12 mètres de hauteur sur 3 mètres d'épaisseur avec un chemin de ronde. A chaque angle, quatre bastions flanqués d'une tourelle pour les commander : Tour Saint-Martial (école du Bastion), Tour du bourreau (ancienne clinique St-Vincent), Tour des Jacobins (Maison de retraite Montmorency) et Tour Grosse (Calvaire). Les fossés de 12 mètres de large sur 5 mètres de profondeur étaient alimentés par des recs (ruisseaux) ou escouladous. Le premier (Tourtel) au niveau de la Tour du bourreau, vers La Prade ; le second au niveau de la porte des Cordeliers (Le toual), vers l'Aude. Quatre portes fortifiées gardaient les entrées de la ville : Porte des Carmes (rue Clémenceau), Porte des Cordeliers (rue de Verdun), Porte de Toulouse (rue de Verdun) et la Porte des Jacobins (rue Courtejaire).
© Carcassonne, ville basse / G. Mot
En 1764, Monseigneur Armand Bazin de Bezons décida de transformer les anciens fossés en promenade. Ils furent comblés ; des ormeaux et du gazon furent plantés. C'est la configuration actuelle des boulevards, à l'exception de celui d'Omer Sarraut.
À la recherche des anciens remparts...
En face de l'actuel square Chénier, sur l'emprise des immeubles longeant le boulevard Sarraut se trouvait la promenade arborée décidée par Mgr de Bezons. Cependant, à la suite de la transformation du vieux chemin de Toulouse et de Pennautier en route départementale après la Révolution, il s'avérait que les bastions étaient frôlés par la nouvelle route. Diverses auberges et relais de poste s'étaient implantés en avant du rempart nord. C'est pour cela que ces anciens murs se trouvent aliénés dans ces immeubles, auxquels ils servent de point d'appui. Les remparts n'ont pas disparu ; ils sont cachés à l'intérieur des maisons du boulevard Sarraut.
© Cartulaire de Mahul / Tome 6 (2e partie)
L'actuel boulevard O. Sarraut vers 1780
Il reste un seul vestige des arbres plantés sous Mgr de Bezons. On l'appelle le platane des orphelines, en raison de sa proximité avec l'Œuvre des Orphelines qui s'appuyait jusqu'en 1974 sur le bastion St-Martial. Ce beau plantureux fait quatre mètres de circonférence.
© Google maps
Le platane des Orphelines, rue A. Tomey
Lorsque les écuries de l'ancienne brasserie Lauth (aujourd'hui, immeuble liberté) - à droite, sur la photo ci-dessus - se sont écroulées au début des années 70, la ville voulut y faire un parking. On appela ce projet l'îlot Liberté. On rasa ces immeubles vétustes du XIXe siècle, ce qui permit de mettre au jour une partie des anciens remparts de la bastide Saint-Louis, dans sa partie nord.
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L'ancienne écurie Lauth écroulée, à côté de l'actuel restaurant Chez Fred.
En partant de l'ouest, ce mur accolé au bastion Saint-Martial avait une épaisseur de 3 mètres à la base. On peut encore en apercevoir des vestiges en bordure du parking, place Lucie Aubrac. Il est coupé par la rue Tomey, puis reprend entre le restaurant Chez Fred et l'immeuble Liberté. C'est là qu'on le découvrit en 1975, lors de la démolition des écuries.
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A droite, la mise au jour des anciens remparts de 1356 avec le chemin de ronde. A gauche, la cour de la brasserie Lauth (actuellement, Chez Fred), avec au-dessous des caves voûtées.
La situation en 2017 avec les vestiges de ce rempart
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Dans l'écurie Lauth avant sa destruction, on voit la partie de l'enceinte avec ce pourrait ressembler dans le mur à une meurtrière. Nous sommes là, au niveau de la rue médiévale telle qu'on la voyait au XIVe siècle.
L'ancienne route de Toulouse (Bleu) ; la promenade de Mgr de Bezons au XVIIIe siècle (vert) ; les remparts médiévaux (rouge). Nous allons maintenant cheminer virtuellement sur le chemin de ronde... Plusieurs étages supérieurs de la rue de la liberté, ont les greniers de ces maisons sur ce chemin de ronde. Par exemple, l'ancien maréchalerie de M. Picheric, s'appuie intérieurement sur le rempart.
Maréchalerie Pichéric, 65 rue Armagnac
Après avoir sauté ladite rue, il se poursuit jusqu'à la rue Clémenceau. L'ancienne quincaillerie Rey 113 (Supermarché G20), avait démoli un tronçon pour établir son commerce et son parking souterrain. Le magasin d'optique Ducoup s'appuie sur la face externe qui reliait à cet endroit la Porte des Carmes.
La Porte des Carmes au XVIIIe siècle
Son emplacement en 2017. On l'appelait aussi Porte Dillon.
Si l'on continue, le mur historique en question sépare les anciens immeubles Ouliac de ceux de la boutique Camaïeu, rue de la liberté. A l'immeuble des meubles Wolf alias Teisseire (N°24), au temps où c'était une menuiserie, des trous avaient été pratiqués dans l'épaisseur du rempart pour façonner plus commodément les pièces de bois. En cet endroit, le mur avait conservé son chemin de ronde, son faîte constitué de dalles en un mètre de large et de longueurs diverses avec bord en encorbellement. Malheureusement, une terrasse en béton, construite vers 1935, s'appuie dessus.
Après cet immeuble, on trouve l'ancien entrepôt Ouliac. Là, on voyait encore vers 1930 les restes d'un escalier qui servait à monter sur le rempart. Ces défenses étaient crénelées, mais sans meurtrières. Elles s'élevaient à 12 mètres de hauteur du bas des fossés. Enfin, face au magasin Jaumes dans la rue Bringer, se trouvait une partie du bastion du bourreau, appelé aussi le Landremont et de la Figuière. Ce bastion disparut à la Belle époque car il s'avançait trop vers le carrefour du Minervois et gênait la circulation.
L'ancienne Clinique St-Vincent édifiée en 1958 sur laquelle se trouvait le bastion du Bourreau. Il servait de logement à l'exécuteur des hautes œuvres... La fois prochaine, nous évoquerons les secrets des boulevards Jean Jaurès et Camille Pelletan.
Sources
Antoine Labarre / L'Indépendant / 1975
Gustave Mot / Carcassonne, ville basse / 1963
Synthèse et souvenirs / Martial Andrieu
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