Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mammouth

  • La bataille des grandes surfaces à Carcassonne depuis 1972 (Épisode 1)

    Le Centre Commercial Salvaza

    On apprend le 25 mars 1980 dans la presse locale que suite au refus de la construction d'un hypermarché Mammouth à Trèbes, l'enseigne "Euromarché" obtient l'autorisation de s'implanter à la Bourriette (Carcassonne). La Commission Départementale d'Urbanisme Commercial a voté à égalité des voix favorables et défavorables, ce projet sera validé. Il est présenté par M. Hermand et Piau, gérants de la GEREC (Groupement d'Etudes de Réalisation pour l'Expansion Economique) pour le compte de la Société Civile Immobilière "La Rocade Ouest".

    Le projet

    L'entreprise de travaux public Depaule est sollicitée à partir de juin 1981 pour la réalisation du gros oeuvre sur un terrain de 60.000 m2 situé en bordure de la rocade ouest. Il est prévu que la surface commerciale s'étende sur 16.100 m2 et se décompose ainsi : 10.600 m2 pour l'hypermarché, 2000 m2 pour la galerie marchande qui accueillera des boutiques n'excédant pas 80 m2 avec un bail de 9 ans pour 45 à 50.000 francs de loyer annuel, 1500 m2 de magasin de meubles, 300 m2 pour un centre auto, 700 m2 de jardinerie de plein air et une Cafétéria. Ajoutons 1000 places de parking et 400 m2 de locaux techniques. L'hypermarché sera desservi grâce au percement d'un souterrain sous la rocade afin de prolonger le boulevard Denis Papin. L'ouverture est prévue pour le printemps 1982.

    Mammouth-1981 copie.jpg

     Les recours en annulation

    Dès le 14 août 1981, la CCI et la Chambre des métiers farouchement opposés la construction de cette grande surface, vont déposer un recours en annulation du permis de construire. Les arguments sont défendus par trois avocats Carcassonnais : Mme Rieu et MM. Pédron et Follet. 

    1. Entre le moment où fut délivré le permis de construire et aujourd'hui, il y a eu changement d'exploitant ; ce n'est plus "Euromarché" mais "Mammouth" qui s'implante à la Bourriette. L'accord ministériel du 2 juillet 1980 était au bénéfice d'une société qui, depuis, a rétrocédé cette autorisation. Selon les avocats c'est illégal, puisque cet accord n'est ni cessible, ni transmissible.

    2. L'augmentation de la surface autorisée est passée entre temps de 16.100 m2 à 18. 690 m2.

    De son côté, l'avocat du promoteur, Me Koops, fait valoir que le permis de construire avait été demandé par et pour le S.C.I Rocade Ouest. Il n'y a pas eu de substitution. Quant à la surface, cela dépend si on inclut ou non, les galeries marchandes.

    Le commissaire du gouvernement, M. Roustan, demande aux juges le rejet de la requête comme il l'avait déjà fait lors d'une demande d'arrêt des travaux en octobre 1981. Le 3 juillet 1982, le recours en annulation est rejeté. C'est une défaite pour les plaignants qui avaient jusque-là réussi à faire capoter le projet "Mammouth" de Trèbes.

    L'opinion publique

    Les défenseurs de "Mammouth" y allaient de leurs arguments et la presse locale se rangeait de leur côté dans plusieurs articles. Elle prenait à partie les Carcassonnais et mêmes les petits commerçants suspectés de se rendre au "Carrefour" de Portet-sur-Garonne ou au "Mammouth" de Narbonne, quand ces derniers les refusent à Carcassonne. Il est vrai que dans cette commission chargée de donner son avis sur l'implantation de la grande surface, on trouve des noms de commerçants Carcassonnais qui se sont gavés pendant des années, en pratiquant des prix élevés sans aucune concurrence. Néanmoins, la tribune que signe en 1982 dans la presse locale le directeur de la Chambre des métiers de l'Aude, M. Jules Leroy, est à ce titre très visionnaire sur l'état actuel de notre agriculture  et de l'artisanat après 30 ans d'hégémonie des grandes surfaces.

    " Les grandes surfaces ne créent pas le chômage que les salariés du commerce et de l'artisanat. Elles écrasent les revenus des agriculteurs et font disparaître un nombre important d'entreprises industrielles et donc d'emplois. 90% du bénéfice des grandes surfaces est constitué par la "marge arrière", c'est à dire les ristournes exigées par leurs fournisseurs. C'est un véritable racket.

    Un groupe de coopératives, un industriel, pour être "acheté" par la grande surface doivent verser un droit d'entrée (2 à 30 millions anciens) à la centrale d'achat, payer des participations publicitaires énormes et ristourner, hors facture, de 2,5 à 5% du chiffre d'affaires réalisé.

    La coopérative agricole, l'industrie sont obligées d'en passer par la volonté de ces financiers. La coopérative agricole répercute la perte sur ses adhérents et l'industriel, avec une marge inexistante, ferme son entreprise et licencie son personnel.

    Les grandes surfaces, non contentes de racketter sans vergogne, imposent à leurs fournisseurs une loi du silence sous peine d'éviction pure et simple... Leurs dirigeants sont devenus les seigneurs tout puissants des temps modernes, qui agissent en toute impunité."

    (La dépêche / 21 juin 1982)

    Le président François Hollande a déclaré hier à Mende :

    "Je lance encore un appel à cette grande distribution, pour qu'elle offre aux consommateurs la qualité et aux agriculteurs un prix" a lancé le président, rappelant les engagements souscrits le 17 juin lors d'une table-ronde autour du ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll."

    Mammouth-2.jpg

     Le 15 juin 1982, l'hypermarché de l'enseigne Mammouth fondée par les Docks de France en 1966 puis racheté par Auchan, est inauguré. Il prend le nom de Centre Commercial Salvaza, devient le plus grand de la ville et dépasse même ceux de Narbonne et Béziers. Mammouth deviendra Rallye, puis Géant Casino en 1994. Il agrandira encore sa surface de 6605 m2.

    Mammouth 2.jpg

    "Mammouth écrase les prix"

    Son dernier magasin a fermé en France en 2009

    Sources

    ADA 1539W81

    Journaux locaux

    _________________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015