Nous poursuivons notre tour des anciens remparts médiévaux avec aujourd'hui, les boulevards Jean Jaurès et Camille Pelletan. Afin de faire face à de probables attaques des Huguenots, la ville dut revoir ses systèmes de défense. À partir de 1530, les vieux murs du XIVe siècle furent aménagés en une courtine et renforcés à l'aide des pierres des anciens couvents des Cordeliers et des Jacobins. Ces bâtiments situés à l'extérieur des remparts - square Gambetta et en-dessous de l'actuelle caserne Laperrine - menaçant la défense de la ville basse, furent rasés. Les religieux se réfugièrent à l'intérieur des remparts et rebâtirent leurs couvents sur l'emplacement actuel de la poste centrale et du Théâtre municipal Jean Alary. Quatre gros bastions triangulaires à oreillons, englobant les vieilles tours médiévales, firent leur apparition.
L'intérieur comprenait deux rampes d'accès pour monter l'artillerie sur les terrasses, au-dessous desquelles ont pratiquées casemates, soutes et chambres de mines, galeries de circulation débouchant par des poternes sur les fossés. (Gustave Mot)
Un bon schéma valant mieux qu'un long discours, nous avons dessiné à l'échelle sur une vue aérienne Google maps, l'emplacement du Bastion du bourreau à partir des contours du bastion du Calvaire. Le seul qui est aujourd'hui intact à 90 % - il ne lui manque qu'un oreillon. Après quoi, nous avons juxtaposé les deux images à l'endroit où se tenait celui du bourreau, à l'angle du boulevard Sarraut et du boulevard Jean Jaurès. Au centre, la tour du XIVe siècle.
Nous nous trouvons actuellement à la pointe extrême de ce bastion construit en 1590 avec les pierres du couvent des Cordeliers. En face, se trouvait depuis 1958 la clinique Saint-Vincent transformée maintenant en logements. Les travaux de démolition du bastion du bourreau débutèrent le 3 mars 1885. Il est possible que les pierres aient été vendues pour édifier les belles demeures le long du boulevard Jean Jaurès. Les restes de la tour médiévale ont été abattus en 1974, lors de la rénovation de la clinique St-Vincent. Déjà en 1962, on y avait trouvé deux magnifiques chapiteaux gothiques avec leurs colonnes.
Cette maison de 1903 a été bâtie sur le tracé de l'oreillon sud-est, d'où sa forme arrondie. Dans le même alignement, citons l'entrepôt de charbon Gisclard. C'est sur l'ancien Cinéma des familles, que fut édifiée la clinique St-Vincent en 1958. Si l'on poursuit en direction du square Gambetta, on remarquera que les maisons ont été posées sur les anciens remparts. Il suffit de descendre dans les caves...
C'est le cas par exemple ici
Fermant la rue du 4 septembre, on trouvait la tour de la Bouscaterie. Quelques mètres plus loin, à l'hôtel Central, la tour de la Curaterie. A l'angle de la rue de Verdun, une grand tour carrée ressemblant à un bastion, qui avait nom de "Tour de Jaule". Ici, la déformation de geôle qui faisait fonction de prison. L'entrée de cette prison se trouvait rue de Verdun (Actuellement, caviste Le verre d'un), à côté de la poterne ayant remplacé la porte des Cordeliers.
De cette prison, il reste la porte monumentale du XVe siècle, avec arceau en tiers points et piliers moulurés. C'est une entrée massive dont la façade comportait des meurtrières. Une de celles-ci fut démolie pour créer un couloir.
Dessin de la bastide par Antoine Labarre.
C'était une tour carrée de 5 mètres environ de couloir sur 3 mètres de passage, surmontée d'un étage et munie d'ouvertures pour le tir à l'arquebuse avec un mâchicoulis. Sa construction avait été décidée en 1570 par le capitaine Puget, chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem aux ordres du Maréchal de Danville. Cet individu passait pour un expert militaire et fut député à Carcassonne, en raison des évènements, pour défendre la ville contre les Huguenots.
Après que Mgr de Bezons a fait combler les fossés en 1764 et planté des arbres, il fut question de remplacer les anciennes portes défensives par des entrées monumentales. Ce projet ne se fit que pour l'actuelle Porte des Jacobins. Nous nous projèterons la fois prochaine entre les bastions Montmorency et de la Tour Grosse.
Sources
Antoine Labarre / L'Indépendant / 1975
Gustave Mot / carcassonne, ville basse / 1963
H. Alaux / Quartiers et faubourgs au fil du temps / 2002
Synthèse et notes / Martial Andrieu
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