Jean Augé voit le jour dans le village de Lacombe (Aude) le 1er mai 1924. Son destin va basculer en novembre 1944 au Château des Cheminières, situé à la sortie de Castelnaudary en bordure de la route de Pexiora. Après le départ des troupes d'occupation, il est affecté au gardiennage du château; c'est en manipulant un obus ramassé au sol que Jean Augé perdra ses deux mains. Quatre ans plus tard, il suit les cours d'art plastique de M. Bousquet, sculpteur ayant participé à la décoration du Palais de Chaillot et retiré à Carcassonne comme professeur au lycée Saint-Stanislas. Admis à l'école des Beaux-arts de Genève, Jean Augé est directement intégré en 3e année et obtient en 1953, un 1er prix de sculpture.
A son retour à Carcassonne, il s'installe dans la maison de ses parents située à l'angle des rues de Solferino et Charles Lespinasse, sur la rive droite du Canal du midi. En bordure du toit, il y aurait un buste de Pierre-Paul Riquet. Jean Augé habite là jusqu'en 1956. Il fait ensuite construire sa maison sur les hauteurs de Grazaille dans la rue Achille Rouquet où il vivra jusqu'en 1973.
Dans la façade se trouve encore un parement en pierre taillée de Jean Augé. Il s'agit d'une sculpture d'environ 40x30 cm représentant une femme avec une colombe.
L'œvre de Jean Augé (ci-dessus à gauche avec son ami de toujours, le peintre Jean Camberoque) est immense. Peintures ou sculptures, elles sont réparties dans des collections privées ou dans la ville de Carcassonne. En effet, la SAHLM (Société Audoise d'Habitat à Loyers Modérés) lui a souvent passé commande de sculptures pour orner ses nouveaux immeubles. Tant et si bien que plusieurs habitats portent la trace visible de l'artiste. Malheureusement, tout cet art est méconnu et laissé le plus souvent en déshérance. Notre but ici est de rendre l'hommage que mérite Jean Augé et son oeuvre, afin que celle-ci faute de protection ne soit envoyée au pilon dans quelques décennies avec la destruction des bâtiments. Il faut également regretter l'absence de toute mise en valeur dans le cadre de visites du patrimoine carcassonnais.
St-Vincent de Paul
Dans les années 60, des HLM sont construits en bordure de la route de Narbonne. Ils prennent le nom de cité Ozanam, en hommage à Frédéric Ozanam (1813-1853) le fondateur de la Société Saint-Vincent de Paul. Jean Augé réalisera six sculptures qui ornent les façades des immeubles.
St-Georges terrassant le dragon
Saint-Dominique
Ste-Thérèse de Lisieux
St-Christophe
St-Antoine de Padoue a été déposé lors d'une réfection de façade par la SAHLM, mais n'a jamais été remis en place après les travaux. se trouve actuellement entreposé avec un peu d'indiférence et beaucoup d'oubli, dans une cour de la bastide Saint-Louis. Nous ne donnerons pas l'endroit exact pour lui permettre de conserver toutes ses chances d'être remis à sa place. Il est regrettable tour de même qu'il faille sortir la loupe de Sherlock Holmes dans cette ville, si l'on veut y conserver les oeuvres d'art.
Saint-Antoine est ici représenté devant sa mule qu'il avait fait s'agenouiller devant le Saint-sacrement (hostie dans un ostensoir) pour convaincre un juif de la présence de Dieu dans l'hostie.
Toujours à la cité Ozanam, une série de sculptures en pierre de Ménesbès dans le Luberon représentant les étapes de l'évolution, devait être incluse dans un mur fontaine. Cet endroit est totalement ignoré au point que l'ensemble se détériore inexorablement avec le temps.
Dans la cour d'un immeuble de la rue Barbès, une fille nage avec un dauphin. Sculpture en feuille de plomb martelé et soudé. L'intérieur est en béton léger soutenu par une armature en métal.
Dans la cour de la Résidence de l'Officialité, place Effengfelden.
Femme les pieds dans l'eau, place du centre commercial du Viguier
(Commande de la ville de Carcassonne en 1990)
Derrière l'ancienne Roseraie sur le plateau Paul Lacombe, à l'intérieur d'un oratoire se trouve un christ en bronze. Il a été sculpté et fondu par Jean Augé en 1993. Il a remplacé son prédécesseur en plâtre qui avait fait son temps.
Une sculpture restée à l'état d'ébauche orne la place du village de Couffoulens.
Je lance un appel à la municipalité de Carcassonne, pour qu'elle préserve et mette en valeur ce patrimoine artistique unique dans Carcassonne. Il me semblerait indispensable que ces oeuvres contemporaines fissent l'objet d'une protection, après avoir été répertoriées et inventoriées. Cela évitera qu'elles soient dérobées ou détruites par pure ignorance. Le travail de ce blog en serait une nouvelle fois récompensé.