Marie Jean Henri Andrieu naît à Carcassonne le 26 avril 1839 dans une famille de la bourgeoisie locale. Son père Jean est propriétaire et s’est marié avec Mélanie Besaucèle issue d’une lignée de personnages connus, dont le plus célèbre fut l’évêque constitutionnel de l’Aude Guillaume Besaucèle entre 1791 et 1801. Le jeune Henri possède de grandes dispositions pour le dessin et on l’envoie naturellement chez le maître Jean Jalabert, 12 boulevard Barbès. C’est son meilleur élève, dit-on. Toutefois, les parents qui n’ont pas dut tout l’intention d’en faire un artiste sans le sou, tentent de modérer les ardeurs de ce fils qu’ils destinent aux affaires commerciales. Qu’importe ! A vingt-ans, Andrieu file à Paris et se fait admettre à l’atelier de François Edouard Picot. Ses qualités étaient telles qu’il fut reçu l’un des premiers à l’Ecole des Beaux-Arts. Il y rencontre le languedocien Alexandre Cabanel qui lui prodigue ses conseils - un de ses tableaux « Martyr chrétien » est conservé au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne. Autour de lui, Vibert, Bellecour et Guillaumet se sont tous fait un nom. Qu’est-il donc arrivé à Henri Andrieu pour que son œuvre tombe dans l’oubli ? La paresse, l’éloignement ? Peut-être, mais surtout sa famille qui, pour le forcer à rentrer à Carcassonne, lui coupa les vivres. Andrieu n’eut pas d’autre choix que d’abandonner l’Ecole des Beaux-Arts et un avenir artistique prometteur.
Nature morte aux faunes
Il revint donc chez lui et fit de la peinture l’un de ses passe-temps. Au mariage de sa sœur - future épouse du cousin banquier Arnaud Antoine Louis Marie Besaucèle - il officie en tant que parrain : « Henri Andrieu, vingt-six ans, sans profession. » C’est certainement plus chic qu’artiste peintre… Le vieux garçon se met au chevalet en dilettante et avec son ami Edouard Vié, envoie ses toiles au Salon de Paris.
Une rue d'Alet
En 1877, un étude « l’Oiseleur » fut très remarquée. L’année suivante, « Une rue d’Alet » gagne son billet pour l’Exposition Universelle au Palais des Champs-Elysées. Cette toile sera achetée chez Drouot récemment pour 8000 euros par un amateur d’art.
© Drouot
"Nature morte aux alouettes, gibecière et miroir aux alouettes"
Cette toile de 1884 proviendrait des collections du château du Chesnay à Courcemont (Drouot)
A l’instar de son contemporain Narcisse Salières dont nous avons évoqué le souvenir hier, Henri Andrieu finira sa vie à Marseille. Dans la cité phocéenne, il décède le 25 octobre 1908 à son domicile 9, Quai du Canal. C’est aujourd’hui, le Cours Jean Ballard. Le Carcassonnais Henri Andrieu ne s’est pas marié et n’a pas eu d’enfants. Ses toiles sont vendues aux enchères publiques, mais on ne sait pas ce que fut la vie de cet artiste. Espérons désormais qu’à la lueur de cet article, un crédit plus grand sera apporté à l’ensemble de ses œuvres.
Sources
Cet article a été surtout réalisé à partir d'une recherche généalogique. Les informations sur l'activité artistique du peintre proviennent du journal La Cité, publié en 1880. Les photographies ont été recherchées sur internet. Aucun renseignement n'a été puisé chez les historiens locaux contemporains, qui n'ont certainement jamais écrit sur Henri Andrieu. Ceci constitue donc un article inédit.
Photo en Une
Paysanne sur un chemin. Huile sur toile d'Henri Andrieu acquise pour 200 € sur un site d'enchères.
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