Passez dans les rues de Carcassonne et demandez aux passants si le nom d'Achille Rouquet leur dit quelque chose... Je vous parie — à moins que vous ne tombiez sur l'érudit du coin — que personne ne sera en mesure de répondre à votre question. C'est malheureusement le lot d'un ensemble d'illustres artistes, scientifiques ou écrivains de notre ville dont le nom s'arrête à une plaque de rue. Ne pourrait-on pas s'énorgueillir à travers des manifestations culturelles d'avoir eu des Paul Lacombe (compositeur), André Cayatte (réalisateur), Ferdinand Alquié (philosophe), Paul Sabatier (Chimiste), Gamelin (peintre)...? Pour ce qui concerne Achille Rouquet, Carcassonne a oublié que c'est grâce à lui, si chaque 14 juillet, la cité s'embrase en faisant rentrer un grand nombre de devises dans ses caisses. Qu'importe ! Au diable l'histoire et la culture ; puisqu'on a transformé la cité médiévale en un supermarché du mauvais goût, on peut bien se passer de ces futiles considérations qui ne feront pas grossir davantage les tiroirs-caisses. Car, c'est bien ainsi qu'on raisonne au pays de Joë Bousquet en terme de culture.
Achille Rouquet
est né à Carcassonne le 8 janvier 1851, au numéro 3 de la rue Victor Hugo. Toute sa vie, il n'a eu de cesse de glorifier, de magnifier et d'aimer Carcassonne. Après ses études au lycée de Carcassonne, il devient pendant quelque temps clerc de notaire avant de se marier le 22 octobre 1878 avec Henriette Ramondenq, dont il aura quatre enfants. Son épouse tient un magasin d'ouvrages de dames avec sa sœur ; il s'installera avec elle dans la maison paternelle.
Le poète
Achille Rouquet écrit un grand nombre de poésies dont certaines seront mises en musique par Paul Lacombe. Citons "Dans la candeur des matins blonds", par exemple. À ce titre, il est lauréat des concours poétiques de Marseille, Béziers, Agen, Toulouse et Bordeaux et 1er grand prix et membre d'honneur de l'Alliance des poètes.
En 1883, il fonde la première bibliothèque municipale de Carcassonne à travers la Société de lecture. En 1892, c'est l'Escolo Audenco (Ecole Audoise du Félibrige). En mai de l'année suivante, il organise les manifestations de la Sainte-Estelle. En août 1898, c'est la venue des "Cadets de Gascogne", troupe itinérante composée de poètes et de personnalités arts et de la politique. Parmi elles, Frédéric Mistral, Benjamin Constant, Mounet-Sully, Falguière... Cette année-là, il créé l'embrasement de la Cité qui encore aujourd'hui est le plus beau feu d'artifice de France.
Le xylographe
Son œuvre "La ville du passé" est publiée dans "La revue méridionnale" en 1911. L'ouvrage est décoré de cent trois bois gravés et deux dessins d'Auguste, Jane et Achille Rouquet. 35 ont été tirés sur papier Japon et 300 sur Alfa. Ci-dessus une réédition de 1925, dont le tirage a été plus important.
Le journaliste
La Revue de l'Aude est le premier journal de la vie littéraire qu'il fonde en 1886. Il prendra ensuite treize ans plus tard, le nom de La Revue méridionnale. On peut y lire des texte de Frédéric Mistral, Achille Mir, Gaston Jourdanne...
La Revue méridionale s'arrêtera en plein conflit de la Grande Guerre, vers 1916.
Sa fin de vie
Achille Rouquet avait une petite maison "Castel Grazailles" sur la colline de Grazailles au milieu de ses vignes. C'était la campagne où les Carcassonnais se rendaient les dimanches à la belle saison. Peut-être non loin de la rue qui porte depuis 1955 son nom... Quant à sa maison de la rue Victor Hugo, il l'a vendu et a quitté la ville qu'il aimait tant pour rejoindre ses enfants.
C'est encore aujourd'hui une mercerie !
La maison d'Achille Rouquet, 3 rue Victor Hugo. Avouez encore une fois que la ville pour laquelle il a tant œuvré, le lui rend fort mal. Pas une plaque commémorative ! N'aurait-on pas pu donner le nom de la médiathèque à Achille Rouquet, qui fut le premier à la concevoir ? Dormez braves gens, les animateurs de fiestas veillent sur notre culture !
Sources
Jean Amiel / Six Ataciens célèbres / 1929
Un grand merci à M. Alain Rouquet, petit-fils d'Achille Rouquet
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