Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 449

  • Sortie de livres

    Une biographie du plus grand ténor de notre département

    — Léonce Escalaïs—

    (1859-1840)

    vient de paraître chez Édilivre

    image_27569_1_20304_1_9323_1_38646_1_59219.jpg

    Cet ouvrage retrace la carrière du célèbre « fort ténor » français Léonce (Léon) Escalaïs qui, doté d'une quinte aiguë extraordinaire dont un contre-ut retentissant, enthousiasma les foules des théâtres lyriques pendant la dernière partie du XIXe et le tout début du XXe siècle. Il intéresse d'ailleurs toujours les admirateurs de chanteurs de cette époque.
    Au fil des pages, le lecteur suivra l'artiste à travers les différentes étapes de cette carrière en France à l'étranger où il rencontra presque partout les mêmes succès. Son épouse Maria Lureau-Escalaïs est également évoquée, étant donné qu'elle fut un des meilleurs sopranos de son époque et qu'elle connut la gloire à l'Opéra de Paris. De nombreux autres chanteurs sont mentionnés tout au long de cette biographie, ainsi que des ouvrages lyriques dont on n'entend presque plus parler aujourd'hui. Les faits cités, rigoureusement vérifiés, sont replacés dans leur cadre historique et social et s'appuient sur de multiples références qui ont demandé de nombreuses heures de patientes recherches. Une discographie complète, un index des noms, des comptes rendus et des lettres complètent cet ouvrage d'une grande richesse.

    Biographie de J-P Mouchon

    Agrégé de l'Université, docteur de 3e cycle en musicologie et en anglais, docteur ès lettres, lui-même ancien chanteur, Jean-Pierre Mouchon est assurément passionné par les arts musicaux et les lettres. En atteste la parution d'ouvrages scolaires et universitaires, ainsi que de nombreux articles et livres consacrés à des chanteurs lyriques célèbres tels que l'illustre Enrico Caruso, Titta Ruffo, Éline Biarga, Agustarello Affre, ou encore Charles Rousselière

    Léonce Escalaïs

    Édilivre

    208pp

    42€

    Site de l'éditeur

    http://www.edilivre.com/le-tenor-leonce-escalais-1e8cda3cb3.html

    Site officiel du chanteur

    http://opera.escalais.pagesperso-orange.fr/leon/biographie.html

    _______________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2014

    Lien permanent Catégories : Livres
  • "Les médiévales" : l'histoire d'un énorme gâchis culturel pour Carcassonne

    Hiver 85, recommandé par Jean-Marie Rausch, Laurent Maget est reçu par Raymond Chésa, qui souhaite valoriser les atouts de la ville et cibler une stratégie de communication.
    Le contexte est cependant bien différent de celui d’une ville comme Metz. Carcassonne est une ville administrative, militaire et touristique, sans véritable projet de développement innovant,
    Laurent Maget y voit cependant un fort potentiel ; la ville haute accueille le jour des milliers de visiteurs de passage, un théâtre est niché contre les remparts de la vielle citée, possède une bonne jauge et dort en plein mois d’août ; le développement est là, retenir pour la nuit ce flot de visiteurs et fédérer la population locale autour d’un projet culturel. Il propose donc d’investir le théâtre et conçoit les « Médiévales de Carcassonne ». Le projet est accepté par Raymond Chésa, Reste à trouver son financement... Une fois le projet lancé, Laurent Maget fait appel à Nicolas Gérad-Hirne et Jean-Marie Sittler, comme il l’avait fait lors de précédentes opérations.sittler.jpg

    Jean-Marie Sittler (1954-2003)

    Six techniciens du son, six techniciens de l'image, deux cents projecteurs, quatre systèmes de projection de diapositives géantes fonctionnant en simultané et permettant des superpositions de vues. Sur la scène du Grand théâtre de la cité et autour d'elle, on dispose : 40 tonnes de sable, 30 tonnes de terre et 100 balles de paille.

    Yvan-Chiffre.jpg

    Yvan Chiffre

    L'ensemble des cascades des cavaliers est réglée avec un soin d'horloger par un maître du genre, en la personne d'Yvan Chiffre. L'acteur-cascadeur participa à de très nombreux tournages : Le miracle des loups, Fantomas, La grande Vadrouille, OSS 117...

    Les Templiers1.jpg

     "Les templiers"

    Quatre-vingt-dix minutes retracent l'histoire des Templiers en plusieurs actes du 3 au 15 août 1988. La scénariste est Clémence Massart. 

    massart.jpg

    Clémence Massart est la compagne de Philippe Caubère

    Au total 20 000 spectateurs assisteront au spectacle durant la quinzaine, pour un tarif allant de 70 francs (10 euros) à 20 francs (3 euros). En fil rouge, toute la journée, les touristes peuvent se rendre ua marché médiéval (place Pierre Pont), s'initier au tir à l'arc (Douves), se promener à cheval (place Pierre Pont), escalader à mains nues, assiter à la relève de la garde, assister à un concert dans la basilique ou encore, visiter les expositions (Porte narbonnaise, Musée des Beaux-arts, Tour de la Vade). À 18 heures, des joutes payantes sont données dans les lices. L'ensemble des prestations sont subventionnées par le Ministère de la culture, la ville, le département et la région avec le soutien de divers sponsors.

    IMG.jpg

    En 1988, le spectacle fonctionne grâce à une association fondée par les bénévoles locaux

    "Les amis des médiévales"

    Sous la houlette du président Christian Schmitz et de Georges Audouy, architecte de son état, une émulation se créee chaque année autour de ce projet fédérateur.

    audouy.jpg

    À l'occasion du dixième anniversaire, l'équipe décide de construire un village médiéval entièrement démontable car pouvant être réutilisé l'année suivante. Le bourg sera implanté sur la place de la basilique, fermée pour l'occasion. Côté remparts, la grille de la tour Saint-Nazaire sera abaissée et une palissade de bois barrera la rue du Plô. La palissade est constituée de hourds et d'une poterne. La difficulté technique résida dans le fait que l'on ne pût faire de fondation. Seul un appui sur les contreforts de la chapelle de la basilique fut autorisé. À l'intérieur du village, échoppes, étalages et camp de toiles furent animés par une troupe de Francomtois.

    plan.jpg

    Plan des constructions médiévales

    Les travaux de menuiserie furent confiés aux services municipaux en collaboration avec dix-huit personnes au RMI (Revenu Minimum d'Insertion), employées pour l'occasion en contrat CES, prolongés à la fin du spectacle pour l'entretien des décors et des costumes. La gageure consista à installer le village dans les huit jours qui suivirent la fin du festival de juillet.

    Numeriser0025.jpg

    L'association prit ensuite le nom de "Terre d'histoire" et décida en 1997 de traiter la période de l'hérésie Cathare. Les textes et le scénario sont écrits par le comédien Michel Granvale et Aude Balmigère. La composition musicale est l'oeuvre du musicien Serge André.

    Les comédiens

    Bernard Barel, Christian Schmitz, Canelle Edline, Jean-Yves Barthas, Sandrine Gaston, André Cano, Marie-Ange, Cros, Jacques Douat, Colette Rourera, Jacky Poi-Marty, Sébastien Mignard, Jocelyne Barrot, Sandrine Labre, Roger Avalos, Marie-Claire Thomas, Gilles Villan, Éric Bernard, Sébastien Cavaillé, Philippe Abizanda, Jean-Claude Léchuga, Aude Balmigère et Jean-Frédéric Garcia.

    Sans compter les 200 figurants...

    chésa.jpg

    Le maire R. Chésa et la troupe, place Carnot

    Affiche.jpg

    L'affiche de 1998

    Numeriser0014.jpg

    La scène du Grand théâtre de la Cité

    La préparation commençait dès le mois de janvier pour les acteurs et avril pour les figurants. Les répétitions se faisaient dans un hangar (et les beaux jours à l'extérieur) tard dans la nuit parfois, dans la zone l'Arnouzette. Ce hangar est maintenant la carrosserie SURROQUE.
    Pendant tout le mois d'août, acteurs et figurants vivaient ensemble. Dès 18 h tout le monde était à la Cité. Une cantine était mise en place dans la cour de l'école (derrière le musée de l'école). Super ambiance, repas fait par des bénévoles ! Ensuite direction le maquillage ! dans les coulisses pas de différence entre acteurs et figurants, un acteur n'était pas supérieur à un figurant. Chaque personne avait son rôle à jouer dans le spectacle !
    Une belle leçon de vie. Après le spectacle, certains soirs les comédiens buvaient tous ensemble le pot de l'amitié ou se retrouvaient au café le Sénéchal !
    Après au lit, car la plupart des personnes travaillaient le lendemain !

    2.jpg

    Comédiens amateurs et professionnels lors du spectacle

    Numeriser0018.jpg

    Dans un grand esprit de camaraderie, l'ensemble des professionnels et des amateurs se réunissaient pour partager de bons moments de détente et d'amitié. Les lendemains étaient difficiles quand il fallait se lever pour aller travailler, car la nuit avait été courte.

    Numeriser0012.jpg

    L'équipe de maquillage dans les loges, sous la scène du Grand théâtre de la Cité.

    Numeriser0001.jpg

    Les saluts pour la dernière où chacun, la larme à l'oeil disait à l'année prochaine !

    Puis...

    Le couperet est tombé: à l'issue de l'appel à projets lancé au mois d'octobre, la mairie de Carcassonne a retiré à l'association Terre d'histoire son monopole sur l'organisation des spectacles médiévaux du mois d'août.

    (La dépêche - 6 décembre 2001)

    La municipalité n'étant pas du même bord politique que le responsable de la troupe, a stoppé toutes les subventions et laissé mourir l'association qui de ce fait, a cessé son activité. En 2002, elle fait appel au comédien italien Carlo Boso pour reprendre le vide culturel du mois d'août. Une collaboration qui finira mal.

    boso.jpg

    Carlo Boso

    La feuille de route qui est donnée au comédien italien par Claudine Desbordes, adjointe à la culture, est de fidéliser les touristes de passage. L'ambition du maître de la Comédia d'el Arte n'est pas mince:

    "Je voudrais faire de Carcassonne une citadelle du théâtre"

    Pour l'été 2002, il annonce les reprises de « Capitaine Fracasse », « Scaramouche », « Don Quichotte » et probablement « Cyrano ». Ces pièces seront jouées « certainement au Grand-Théâtre », par des comédiens exclusivement professionnels appartenant à Mystère Bouffe et à d'autres compagnies européennes. « Des spectacles, explique Boso, compréhensibles par tout public, français, italien ou espagnol... » On commence donc à y voir plus clair dans les projets de Boso qui rappelle que, pour cette année, « s'était d'abord engagé à faire de la programmation ».

    « L'objectif, explique-t-il, c'est de commencer à intégrer des semi- professionnels et des passionnés dans des actions théâtrales à présenter en ville. Si l'on arrive à dépasser la première étape des animations qui auront lieu cette année, nous pourrons alors intégrer les élèves à la grande opération que nous comptons proposer en 2003 au Grand-Théâtre de la Cité. Pour l'instant, la chose est un peu délicate puisqu'il faut fédérer tous les projets et créer une synergie dans la perspective de ce grand événement. Mais bon, la volonté, l'enthousiasme et la foi sont là. »

    Boso s'attaque à la formation du vivier local sur le thème « De la farce médiévale à la commedia dell'arte ». Jusqu'au 24 février, à la MJC, des leçons de chant, danse, escrime, pantomime et théâtre (improvisation, jeu masqué, réalisation de scénarii, etc) seront dispensés par Boso en personne mais aussi son assistant, Gilbert Bourebia, le maître d'armes des Tréteaux de France, Raoul Billery, et la professeur de danse Nelly Quette. Des séances de travail seront également organisées dans la ville. Puis une deuxième session se déroulera du 8 au 21 avril.

    © La dépêche - 11 février 2002

    carcassone.jpg

    L'expérience Carlo Boso et son théâtre de tréteaux dont l'idée était loin d'être idiote se révèlera un échec. 150 spectateurs payants en moyenne au théâtre de la Cité le soir, sur 3000 places assises !

    Dans une interview du 19 septembre 2002, l'adjointe indique :

    "Ceux qui viennent pour voir des pierres et acheter une épée en plastique ne viennent pas voir une pièce de commedia dell'arte le soir."

    Alors, Carcassonne est-elle condamnée à proposer "Plus belle la vie" pour son action culturelle ? C'est sûr que la ménagère de moins de 50 ans, en faisant ses courses dans le vaste supermarché du mauvais goût y trouverait son compte ! Pauvre Carlo Boso... Georges-François Hirsch avait subit le même sort en 1989 au festival de la Cité.

    "Même si quand j'ai vu « Scaramouche » à Altigone, une salle de sept cents places, c'était plein. « Scaramouche » avait fait trois mille personnes sur la grande place de Lyon. Mais je rappelle que nous étions dans l'urgence, et que l'ambition est toujours de faire une véritable création."

    Pourquoi cela ne marche t-il pas à Carcassonne ? Parce qu'on ne patiente pas et que l'argent doit rentrer de suite dans les caisses, sachant qu'un festival construit sa renommée sur plusieurs années. La facilité c'est de tout fermer au bout d'un an. Ou bien, Carcassonne est une terre d'incultes... Ce que je ne crois pas.

    "Au moment de choisir le meilleur projet, la préférence de deux adjoints allaient à ce que présente monsieur Sitler. Les autres étaient pour Carlo Boso. Je suis allée à Foix voir la création de M. Sitler. C'était encore une fresque historique, avec encore des cathares qu'on brûle. Je me suis ennuyée. J'ai une autre ambition pour notre ville. Quant au Grand Roque ou à Terre d'Histoire, une ville a-t-elle vocation à faire vivre des compagnies ou à financer des bénévoles qui ont seulement envie de s'amuser l'été. Bientôt, avec la MJC et les stages de l'Afdas, on aura une vraie compagnie avec des vrais pros, à Carcassonne. Et je le répète pour la Xe fois, Christian Schmitz (NDLR: l'ancien président de Terre d'Histoire) a employé des méthodes indignes. Il m'a menacée en disant que c'était Terre d'Histoire ou rien."

    Les Néphalies d'OC

    L'année suivante Carlo Boso est à la tête des Néphalies d'Oc chargé de mettre-en-scène une fresque médiévale. Bilan : 300 000 € de manque à gagner pour un budget d'un million dont 152 000 € de subventions de la ville.

    « Cette perte a été générée par l'impossibilité pour nous de mettre en place un camp médiéval à l'entrée de la Cité, près de la porte narbonnaise » explique G. Ibanez, président de cette association.

    Christian Aniot pour La dépêche, écrit:

    Aussi louable soit la mise en scène de Carlo Boso, qui n'est pas passé au travers des critiques notamment sur le contenu historique de son spectacle, tout le monde est d'accord pour dire que la direction confiée à Jean-Pierre Friche fut sincère mais que le directeur du théâtre de Namur été débordé par la quantité de tâches à assumer et ses engagements ici et ailleurs. « Dès le 8 juillet, confie Georges Ibanez, j'ai dû intervenir. Les informations sur la vente des billets ne remontaient pas. J'en ai informé le conseil d'administration ». Bien que de bonne volonté, l'association Néphalies d'Oc aurait commis des erreurs de casting qui l'ont privée des bonnes personnes aux bons postes.

    Aujourd'hui, l'association déclare s'être acquittée de ses obligations contractuelles envers les interprètes du spectacle. Reste à savoir ce qui adviendra après lecture définitive du bilan. Claudine Desbordes conserve son optimisme. L'adjointe au maire espère que la collaboration projetée pour la suite entre Carlo Boso, Anne Brenon, Michel Roquebert et le Cercle d'études cathares donnera de la valeur ajoutée à cette épopée estivale.

    Conclusions

    Claudine Desbordes, adjointe à la culture, est mise au placard à la mort du maire Raymond Chésa en 2005 par Gérard Larrat, le nouveau maire par succession. Carlo Boso est remercié et Les Néphalies d'Oc doivent près de 92 000 € de dettes. Le nouveau maire annonce qu'il reprend en main l'ensemble du dossier des spectacles estivaux. Le mois d'août en fera les frais.

    «Cet événement fonctionnera en liaison avec les tour-opérators afin d'attirer un maximum de touristes pendant l'année." (Gérard Larrat)

    C'est la fin des spectacles du mois d'août.

    _____________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2014

  • Raymond Chésa (1937-2005), maire de Carcassonne

    L'année prochaine 10 ans se seront écoulés depuis le 11 janvier 2005, où disparaissait celui qui fit le plus long mandat de maire de Carcassonne depuis le Dr Tomey. Pendant près de 22 ans Raymond Chésa ce stratège politique, tant redouté mais aussi respecté par ses adversaires, présida à la destinée des carcassonnaises et des carcassonnais. A travers une maxime, il avait tracé sa ligne politique: "Le plus dur, c'est de durer" disait-il. Il aura défié l'usure du pouvoir avec une idée toute simple, celle d'occuper le terrain en allant toujours à la rencontre des habitants.

    2916956242.jpg

    Raymond Chésa était né le 10 février 1937 à Carcassonne dans une famille d'immigrés espagnols. Afin de parodier la chanson d'André Dassary, nous pourrions chanter "Ramuntcho c'était le roi de la Trivalle". C'est de ce quartier populaire et cosmopolite de la ville où se côtoyaient gitans, espagnols et français qu'il s'est sûrement inspiré pour gérer plus tard sa ville. L'envie politique n'est pas venue de suite. Après ses études primaires puis secondaires, une licence et un CAPES de physique-chimie, il devint professeur au lycée agricole Charlemagne à partir de 1965. Isabelle, sa fille, naîtra le le 7 avril de cette année là.

    3934077570.jpg

    Après un passage au PSU (parti socialiste unifié), Raymond Chésa se range très vite derrière le général de Gaulle. Il milite à l'UNR-UDT, mais ce n'est qu'en 1971 qu'il est candidat sur la liste Grossetête contre Antoine Gayraud. En 1976, il est battu de très peu aux élections cantonales contre le député-maire socialiste de Carcassonne. L'année suivante, la liste "Carcassonne demain" qu'il conduit pour les municipales est battue (46% contre 54%) face au maire sortant. Son unique tentative à la députation est un échec en 1978, contre Joseph Vidal (PS). Finalement, c'est le 21 mars 1982 qu'il remporte son premier scrutin en devenant le Conseiller général du canton centre contre le sortant Pierre Moffre (PCF). Un succès que le président du RPR audois, amplifie avec le basculement de Carcassonne de la gauche vers la droite en mars 1983. Contre toute attente, la liste PS-PC-MRG perd la préfecture de l'Aude à cause de ses divisions. Raymond Chésa est désormais incontournable.

    2428309986.jpg

    Les années suivantes, Raymond Chésa devient Conseiller régional (1986) sous la présidence de Jacques Blanc. Sous sa direction, le RPR local enregistre plusieurs victoires aux cantonales. Si bien qu'en 1992, la droite compte un nombre de conseillers généraux (une dizaine) jamais atteint auparavant dans l'assemblée départementale. A Carcassonne, seul le canton ouest restera à gauche. En mars 1989, il est réélu comme maire au premier tour. Ceci, malgré un lac qui ne se remplit pas et l'affaire Orta qui plongea les finances de la ville dans le rouge. En 1993, c'est toute la droite locale qui est bénéfiaire de l'effet Chésa : La vague bleue déferle sur la France et Gérard Larrat est élu député de la 1ère circonscription de l'Aude. Quant au maire, on pense à lui à Paris pour occuper le secrétarait d'état à l'agriculture et à la pèche. Finalement, il sera élu comme Député européen jusqu'en 1999 avec sa fille, comme attachée parlementaire. La liste "Carcassonne avance" est réélue en 1995 pour un troisième mandat, malgré une liste DVD de Jacques Albarel portée par d'anciens colistiers devenus opposants.

    Chirac 1988 Dôme.jpg

    LE COUP DE POKER DE CHÉSA

    En 1992, rien ne va plus dans la majorité municipale ! Les frondeurs amenés par Nicole Bertrou, Didier Jocteur-Monroziers, Charles Domas, Michel Sampietro, Jacques Albarel... dénoncent la dictature du maire et entendent bien le renverser au sein du Conseil municipal. Le mesures de retortions ne vont pas tarder. Chésa commence par enlever leurs délégations aux adjoints frondeurs avant de provoquer une nouvelle élection du maire au sein du conseil. Après avoir consulté et compté ses soutiens, il démissionne de son poste de maire et redevient pour quelques heures, simple conseiller municipal. Lors du conseil municipal du 12 mai 1992 particulièrement houleux, une nouvelle élection a lieu au cours de laquelle se présentent au poste de : Nicole Bertrou (UDF), Raymond Chésa (RPR) et Simon Peyras (PC). Chésa va t-il réunir sur son nom le nombre suffisant de suffrages ? Le suspense est à son comble. Le premier tour donne 24 voix à Chésa, 15 à Bertrou, 3 à Peyras et 1 blanc. Finalement, Chésa l'emporte ensuite au second tour ce qui lui permet de placer désormais les 7 frondeurs dans l'opposition municipale. Trois démissionneront : MM. Sampietro, Monrozier et Albael. Ces mêmes frondeurs présents sur une liste de droite menée Jacques Albarel, n'empèchera pas Chésa de se faire réélire pour un troisième mandat consécutif en mars 1995.

    LA CAMPAGNE PRÉSIDENTIELLE DE 1995

    Au moment de la cohabitation de 1993 qui porte Édouard Balladur, l'ami de 30 ans de Jacques Chirac, comme premier ministre, une large partie de la droite gaulliste amenée par Charles Pasqua et les centristes, choisit de soutenir le chef du gouvernement comme candidat à la présidentielle de 1995. Le fondateur du RPR après deux échecs (1981 et 1988) n'a plus la côte auprès d'une partie de ses "amis". Chacun s'accorde à penser que Balladur est le plus capable pour remporter l'élection. À cette époque, Chirac ne dépasse les 15% d'intentions de vote, mais entend se présenter quand même. Raymond Chésa, fidèle à sa sensibilité gaulliste et à son amitié, ne se laissera pas bercer par les appels de Pasqua à soutenir Balladur. D'emblée, il décide de faire campagne pour un Chirac au fond du trou. Soulignons tout de même que Chésa n'aimait guère les centristes qu'il jugeait incapables de se déterminer sur leurs positions ; toujours prêts à planter une épine dans le pied du RPR. Ce coup de Trafalgar de Balladur poussé par Sarkozy et Bayrou, le maire de Carcassonne l'avait senti en fin politique comme la revanche sur la défaite de Giscard, provoquée par Chirac lui-même en 1981. Le RPR audois fera campagne donc pour Chirac avec la suite que nous connaissons tous.

    LA DISSOLUTION DE 1997

    La gauche pense très fort en 2001 que son tour en venu, car le contexte politique national est propice. En effet, le gouvernement de Lionel Jospin se porte plutôt bien dans les sondages et Chirac, est isolé. Carcassonne restera à droite, contre toute attente et l'on sentira la frustration chez ses opposants. Cette élection ne sera que le reflet de la future défaite du PS le 21 avril 2002 aux élections présidentielles. Raymond Chésa est atteint par la maladie au cours de son quatrième mandat et tout en restant maire, il passe ses pouvoirs de signature à son premier adjoint Gérard Larrat. Emporté par le mal, il décède le 11 janvier 2005. La foule est immense à ses obsèques célébrées à la cathédrale St-Michel, puis Ramon de la Trivalla est inhumé au cimetière de la cité.

    ___________________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2014