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patrimoine - Page 3

  • Et pendant que David Guetta, la Cité sombra sous l'enfumage

    Vous avez pu voir dans le documentaire sur la Cité de Carcassonne diffusé sur France 5 dimanche dernier, l'administrateur du château comtal présenter une mosaïque romaine. Une mosaïque de l'époque d'Auguste, et non du IIIe siècle comme dit par erreur dans le commentaire. Monsieur Dedolin, l'administrateur du château, fait part de sa volonté d'ouvrir au public ce merveilleux vestige archéologique. Nous ne pouvons qu'aprouver ce projet pour lequel nous militons depuis longtemps sur ce blog, mais avec la mutation annoncée de M. Dedolin à St-Cloud, il risque fort d'être remis aux calandes grecques.

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    La mosaïque recoupée par les murs médiévaux

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    C'est dans la cour du château comtal (ici au premier plan) que l'on a découvert des vestiges archéologies de tout premier plan. Afin de les protéger, on a coulé une dalle de béton soutenue par les piliers.

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    Sur cet emplacement, on a découvert une maison du Ier siècle de notre ère avec une mosaïque et les fondations de l'église Sainte-Marie du XIIe siècle. Cette dernière fut rasée au XVIIIe siècle.

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    L'abside de la chapelle sous trouve sous la dalle de béton. Nous voyons à droite l'étayage de chantier pour la soutenir.

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    Un laboureur, détail de la mosaïque

    (Bull. Sesa/ Tome LXVII, 1967)

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    Mosaïque provenant de la villa Gallo-romaine de Gourgouli à Peyriac-Minervois, installée en 1967 en ce lieu par Claude Journet.

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    Nous nous sommes procurés une note interne signée de la main Patricia Corbett, l'administratrice qui a précédé M. Dedolin dans ses fonctions au sein du château comtal. Datée du 27 février 2006, voici ce qu'elle indique:

     « Le diagnostic réalisé par SOCOTEC [bureau de contrôle] sur la solidité de la dalle de la cour d'honneur couvrant la mosaïque soulève des problèmes d'ordre structurel important qui mettent en cause la solidité générale de cette partie de l'édifice. » En conséquence cette note de service interdit « l’accès au public et au personnel » de cette salle. Elle interdit aussi « l'organisation de toute manifestation ou rassemblement de groupes de visites sur la dalle de la cour d'honneur » et affirme que « la mise en place d'un étaiement est demandée à l'Architecte en chef des monuments historiques »

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    Aucun étai n'a été posé depuis cette date et la dalle continue à se dégrader. L'eau qui la traverse dépose un voile calcaire sur la mosaïque. Nous apercevons même une fissure sur le soutenement à droite.

    En attendant cette reconstruction indispensable nous apprenons qu’une sorte de croissanterie va être installée sur la dalle. Ce choix de cet emplacement a été dicté par des raisons commerciales : il est dans un point de passage obligé, à la fin du circuit sur les remparts donc à un moment de la visite où les touristes risquent d’être assoiffés et affamés. Cette installation va donc contribuer à créer des rassemblements de personnes sur la dalle, particulièrement aux moments de pics de fréquentation. Il est donc surprenant de constater l’autorisation de cette installation alors que la note de service interdit toute manifestation ou rassemblement sur cette dalle pour des raisons de sécurité !

    Ainsi va la vie à Carcassonne et que l'enfumage continue!

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • La chapelle de Sainte-Croix, à jamais disparue (suite)

    A la suite de l'article d'avant-hier sur la chapelle de Sainte-Croix, la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude m'a fait parvenir des éléments complémentaires issus des travaux d'Antoine Labarre, réalisés en 1969. Au nom des lecteurs de ce blog, je remercie son trésorier M. Michel Prun et l'ensemble du bureau de cette illustre association.

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    Plan en coupe de la chapelle Sainte-Croix détruite en 1966

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    Aquarelle de Mme P. Andrieu peinte en 1925

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    La chapelle en 1966

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    La même situation en 2013

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    Le chevet de la chapelle en 1966

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  • Gambetta: un effroyable jardin

    Il y a dans Carcassonne une esplanade qui fait l'unanimité contre elle à l'entrée de la ville, au coeur du parcours touristique vers la cité: Gambetta. Nous allons essayer de tracer le parcours de ce projet et d'en constater les dégats...

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    Il était une fois, un squaremagnifique qui faisait la fierté des habitants de Carcassonne.

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    Là, tout n'était qu'ordre et beauté, luxe, calme et volupté.

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    Malheureusement, les allemands firent détruire ce havre de paix en 1944 pour des raisons de défense.

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    La remise en état après la libération est confiée à M. Brice, architecte paysagiste, par délibération du conseil municipal en date du 25 juillet 1946. Le nouveau jardin fut ouvert le 10 juin 1948. Ensuite au début des années 70, on va installer une fontaine avec des jets d'eau et creuser des canaux, dans lesquels viendront se poser de beaux cygnes. Nous allions avec nos parents donner du pain à ces animaux et cela reste dans nos souvenirs. Dans ce nouveau square, il y avait aussi des statues (Paul Lacombe, Déodat de Séverac et Paul Sabatier) et des jeux pour les enfants.

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    La municipalité Chésa décide en 2001, la construction d'un parking souterrain sous le square. Personne alors, ne semble s'opposer à ce projet qui va mettre plusieurs années à se réaliser. Le jardin dans sa version 1970 est alors livré à la pioche des engins de chantier à partir de 2004. Il va rester dans cet état végétatif pendant deux ans, comme une verrue au centre d'un écrin historique. En 2008, la majorité municipale portée par Gérard Larrat décide de reprendre les travaux... Mais voilà... le projet d'architecte retenu par la ville, semble plaire aux élus en charge du dossier. Il s'agit de l'atelier REC. Voici sur son site la présentation de son travail et chacun appréciera... ou pas:

    L'aménagement urbain du square Gambetta joue sur deux plateaux : un urbain avec ses promenades et un plateau fonctionnel en sous-sol jouant le rôle de parking. Ce lieu a deux fonctions : celui de desserte du parking qui vient désengorger le réseau voirie, et parallèlement celui de pôle avec sa grande esplanade. Cette dernière fait partie intégrante de la ville grâce à un jeu de dalles, de carrés de pelouse qui amènent visuellement les passants d'un point à un autre de la place. De plus les objets viennent ponctuellement offrir des espaces semi-couverts et orienter physiquement les promeneurs tout en créant des événements sur l'esplanade. Ce projet offre enfin la particularité d’être minéral mais aussi végétal par l'importance des essences mises en place.

    http://www.architectesonline.com/architecte-rec-projet_264.html

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    Le projet est présenté dans le Magazine municipal d'informations "Carcassonne, ta ville" à l'automne 2006. L'image est très petite, mais en l'agrandissant on s'aperçoit de ce qu'allait devenir notre beau jardin. D'ailleurs, on parle d'aménagement de l'esplanade Gambetta. Cela y est, on vient unilatéralement de débaptiser le square, en faisant fi de l'histoire sentimentale des carcassonnais avec ce lieu. Fallait-il à cette époque s'en émouvoir, quand on sait qu'il n'existe qu'une minorité de carcassonnais pour défendre le patrimoine? Bref, pas de comité de défense pour le square!

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    Le chantier est énorme et coûtera la bagatelle de 12 millions d'euros (source: ville de Carcassonne). Sa livraison doit être prévue pour 2008, l'année des élections municipales. On a mis 6 ans pour débuter les travaux et seulement deux ans pour les achever. "Vite et bien, ne marchent jamais ensembles", comme disait ma grand-mère!...

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    Voici le résultat! Si je suis méchant, je dis que l'on a retenu le plus mauvais architecte. Savez-vous que pour masquer cet emplâtre de Trésorerie générale, hérité des années 1950, il était prévu l'élévation d'un mur d'eau. On a modifié le plan urbanistique de la ville, puisque on a coupé le tracé historique du boulevard Camille Pelletan à Jean Jaurès. Les véhicules de secours doivent désormais contourner le square pour rejoindre le boulevard. Autrefois, ils avaient un accès direct.

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     Quand on a fait les travaux de terrassement, les fouilles archéologiques ont été baclées et pourtant il y avait un ancien couvent sur ce lieu. Les rares éléments des fouilles, devaient intégrer des vitrines placées dans le parking. Vous les avez vues quelque part, vous? Trois ans après, voici ci-dessous un triste constat qui coûte et coûtera au contribuable carcassonnais...

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    Sur ces plaques, il y a des jets d'eau qui ne fonctionnent plus.

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    Les dalles sont régulièrement cassées sous le poids des camions (Magie de Noêl, spectacles du festival, marché du samedi...). "Y a calqun qué pagara", comme disait mon grand-père!

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    Les dalles se chevauchent et les personnes agées comme les enfants, peuvent tomber avec les conséquences que l'on connaît. Est-ce une faille technique ou un effet de style?

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    Le mobilier urbain est déjà rouillé, quatre ans après sa pose. Il comprend des bancs, des banquettes et des corbeilles à papier. L'ensemble de la gamme "Cléa" a été commandé et acheté chez une société toulousaine "Univers et Cité", basée à Castanet Tolosan. Les bancs pour à-peu-près 500 euros pièce (il y en a plus d'une vingtaine), sans compter les corbeilles.

    http://www.univers-et-cite.com/mobilier-urbain/reference/carcassonne

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    La ville prend l'électricité pour éclairer cette esplanade, en tirant un fil au dessus de la route. C'est très écolo et surtout très beau et efficace.

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    L'espace dans les virages est des plus restreint et il est périlleux d'y circuler. Il y a eu de nombreux accrochages à ces endroits, où le passage des camions est absolument impossible.

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    Enfin, le gazon qui n'est vert que l'hiver faute de drain suffisant, est la proie des véhicules des marchands ambulants. Ceux-ci passent dessus en laissant des ornières, les samedis pour le marché. En conclusion, je dirais que cette esplanade est une vaste gabegie dont nous payons et paierons la note longtemps.

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    La statue d'Héléna sculptée par Sudre en 1902 et qui se trouvait au fond du Square Chénier, a été posée en 2010 face à l'avenue du général Leclerc. D'ailleurs sait-on que la maquette en marbre se trouve au Musée des monnaies et médailles de Perpignan (photo ci-dessus)? Voilà une bien maigre consolation en regard des autres oeuvres d'art remisées au serres municipales et qui attendent depuis des lustres un lieu d'exposition.

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    Il faut bien tenter de redonner un peu de fraîcheur à ce square devenu par la force des choses, une esplanade soviétique. Actuellement, elle accueille les oeuvres éphémères de Marc Walter. Elles sont réalisées avec des branches issues de l'élagage des platanes de Carcassonne. Un projet pérenne, cette fois, est à l'étude dans les bureaux des services de l'urbanisme de la ville de Carcassonne.

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