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Peintres et sculpteurs - Page 24

  • Charles Marville (1816-1879) croqua les ruines de la Cité de Carcassonne

    On connaît Charles François Bossu, dit Marville, comme "Photographe de la ville de Paris" dont il s'évertua à immortaliser les rues avant leurs destructions sous le Second Empire à partir de 1858. Sait-on qu'il fut d'abord comme tous les pionniers de la photographie, peintre-graveur ?

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    Autoportrait de 1861

    Marville fut également "Photographe du musée impérial du Louvre" et, fait intéressant pour nous, collabora avec Eugène Viollet-le-duc aux grands chantiers de restauration. Nous avons découvert dans une gravure représentant les ruines de la porte d'Aude, sa signature à côté de celle de Andrew Best et Leloir. En poussant plus loin notre recherche, nous avons appris que ces derniers possédaient un atelier de gravure dans lequel ils étaient associés. Cette piste, nous permit de faire le lien avec un magazine historique qui parut de 1833 à 1838, appelé "Le magasin pittoresque". Restait à retrouver la date exacte de parution pour la gravure ci-dessous.

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    Le magasin pittoresque (Octobre 1838)

    Bien avant Le Gray, qui photographia officiellement les ruines de la cité médiévale en 1851, un autre photographe en fit un dessin en 1838. Viollet-le-duc s'est-il servi des dessins primitifs de Marville? Ce qui est certain c'est que ce dernier a bénéficié de l'apport photographique qui, vers 1855 n'était utilisé qu'à des fins essentiellement archéologiques. Toutefois, il serait naïf de penser que l'architecte pût baser sa réflexion sur cette nouvelle science qui en l'état, ne permettait pas des prises de vues d'une extrême précsion. Le croquis de l'architecte avait de beaux jours devant lui.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • Un Faune dans l'hôtel de ville

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     Carcassonne possède deux villes longtemps rivales, la Cité et la Bastide séparées par une frontière que l'on situe au milieu du Pont vieux. Elle possède également deux mairies; la première construite sur son aînée en 1935 dans la rue Courtejaire, la seconde dans la rue Aimé Ramond depuis 1977. Au bas de l'escalier d'honneur de la première, sur un socle est posée une sculpture en marbre blanc. Quand on y regarde de plus près, on s'aperçoit que cet angelot possède deux cornes au front, une queue en tire-bouchon, un regard un peu diabolique et des pattes de chèvre. Il s'agirait d'un Faune et plus exactement de Pan, divinité romaine protectrice des troupeaux. Quand on sait qu'à cet endroit des générations de mariés se sont fait photographier, on est amusé par ce symbole...

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    Cette œuvre est datée de la fin du XIXe siècle; elle est donc antérieure à la construction du bâtiment. Pan dans une mairie c'est un peu cocasse, car on le verrait bien dans un parc ou dans un jardin. N'y était-il pas à l'origine? Voilà qui demande vérification...

    Le "Petit faune" est une oeuvre en marbre du sculpteur français Hubert Lavigne (1818-1882) qui obtint la troisième place au Prix de Rome en 1843. La date de création (1865) et le nom de l'artiste sont gravés au dos de cette pièce. D'après le Catalogue interministériel des dépôts d'oeuvres d'art de l'état, elle fut acquise en salon de 1866 et déposée dans les collections du Musée des Beaux-arts de Carcassonne, deux plus tard. Par déduction, nous avançons l'hypothèse tout à fait raisonnable, qu'elle fut placée à la mairie lors de sa construction 1934.

    À quel salon participa Lavigne ? Au salon des artistes français de Paris:

    "Quant à M. Lavigne, on peut lui dire, sans craindre
    de lui tourner la tète, que son Petit faune à la vipère
    est une des pièces intéressantes de notre exposition
    de sculpture; non-seulement parce que le sujet est
    spirituellement conçu, et que ce petit sauvageon
    d'enfant fait une grimace comique en secouant la
    vermine rampante qui s'entortille à son pied. Il ne
    faudrait rien de plus, je le sais, pour éveiller l'atten-
    tion du public et pour assurer à ce faune une place
    d'honneur à l'étalage des marchands de bronze;
    mais j'ai autre chose à louer dans l'ouvrage de
    M. Lavigne. La petite tête est d'une finesse remar-
    quable, sous ses cheveux de marcassin effarouché ; le
    ventre est bien modelé, et le dos fait un bon revers
    à la médaille ; il y a de jolis morceaux dans les bras,
    et le genou, que j'ai gardé pour la bonne bouche,
    ne déparerait pas l'œuvre d'un homme fait."

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  • Une affiche de la distillerie Sabatier vaut-elle de l'or (2) ?

    Toujours à la recherche de l'artiste qui aurait décoré la salle des fêtes du Palais de la Micheline situé sur l'avenue du général Leclerc (voir nos précédentes chroniques), nous tentons de résoudre cette énigme à partir des affiches publicitaires de la distillerie. S'il était très peu probable que Mucha en fut à l'origine malgré des ressemblances évidentes, l'affiche de Oury ne nous convainc pas davantage d'une façon formelle. Nous avons donc poursuivi nos investigations jusqu'à retrouver une autre publicité bien moins connue que la première. Elle est signée de l'artiste toulousain Marius Jognarelli dont il n'existe hélas que peu d'éléments biographique. Aidé dans notre tâche par Christelle Escourrou native de Carcassonne, professeur de l'art à Toulouse, nous présentons ce sujet.

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    Affiche 143x110 cm, imprimée chez Roudière à Carcassonne

    Cette affiche ventant les bienfaits de la liqueur "La Micheline", est d'un style tout à fait différent que celle de Oury. Il nous semble qu'elle fut destinée, non aux consommateurs mais aux distributeurs. La mise-en-scène paraît moins travaillée et le style antique n'est plus aussi franc. Prime est à l'efficacité, avec l'exposition de la bouteille au centre de la Cité de Carcassonne surplombant les ateliers de la distillerie. La femme possède les formes généreuses des canons de la beauté du début du XXe siècle. Peut-être que l'élixir quelle consomme y est-il pour beaucoup... Les couleurs vives de l'ocre et du vermeil rappellent celles de l'Occitanie, mais aussi celles de l'embrasement de la Cité. N'oublions pas que Michel Sabatier fit oeuvre de mécénat pour accueillir la troupe itinérante des Cadets de Gascogne de passage à Carcassonne, composée de félibres, d'hommes de lettres et de politiciens. C'est également lui qui finança le premier embrasement de la cité médiévale, voulu par Achille Rouquet.

    Marius Jognarelli

    Cet artiste toulousain est né en 1860, mais on ignore encore la date précise de son décès qui se situe au-delà de 1920. Dans les années 1890, il signe de nombreuses affiches et des plaques émaillées.

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    Il réalisera de 1906 à 1914, la couverture de l'Annuaire des Salons "Tout Toulouse"

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    Plaque émaillée signée Jognarelli pour les Cachou Lajaunie

    En 1896, il est l'auteur de l'affiche de la Fête de charité des étudiants et de celle consacrée au centenaire de la lithographie à Toulouse.

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    Jognarelli a t-il décoré la salle des fêtes de la distillerie de l'Or-kina? Voilà une nouvelle question qui pourrait donner lieu à une expertise et à un beau sujet de thèse d'histoire de l'art.

    Mes remerciements à Christelle Escourrou pour son aide

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