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  • Le buste du peintre Jacques Gamelin par Jean Alexandre Falguière

    Sous le péristyle du Musée des Beaux-arts de Carcassonne, un peu à l’écart mais encore posé sur son piédestal en marbre de Caunes-Minervois, se trouve le buste du peintre Jacques Gamelin. Le bronze de cet artiste Carcassonnais dont la ville conserve de nombreuses toiles dans ses collections, a été sculpté par Jean Alexandre Falguière (1831-1900) à la demande de Jean Alboize (1851-1904). Initiateur d’un Comité en vue de l’érection de cette œuvre à l’occasion du passage des Cadets de Gascogne à Carcassonne en août 1898, le critique d’art et conservateur en chef du château de Fontainebleau, obtint que Falguière se départit de son travail à titre gracieux. Le Comité n’eut à régler que les 1200 francs nécessaires au moulage, à la fonte et à la construction du piédestal. L’État participa à hauteur de 500 francs à titre de subvention pour les frais d’expédition de la sculpture.

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    En mai 1898, l’exécution du buste était fort avancée comme put le constater Alboize dans l’atelier de l’artiste à Paris. Le 12 août 1898, son inauguration eut lieu lors des festivités organisées par la ville pour la venue des Cadets de Gascogne en présence de MM. Jules Sauzède (Maire), Georges Leygues (Ministre), Henri Roujon (Directeur des Beaux-arts), Jean Alexandre Falguière, Benjamin Constant, Mercier, J-P Laurens, Dujardin-Beaumetz, Achille Laugé, Le Roux, Henri Martin, Mounet-Sully, Larrounet, Blagé, Boyer, Chincolle, Lapauze, Maurice et Albert Sarraut, Jean Alboize. Après que l’on a retiré le voile qui couvrait le buste, la foule s’écria d’une même voix : « Vive Gamelin ! Vive Falguière ! »

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    Jean Alexandre Falguière

    Le Carcassonnais Alboize prononça un vibrant discours en mémoire de Gamelin, retraçant sa vie. Après quoi, Henri Roujon remit les insignes d’Officier d’académie à MM. Achille Mir, Achille Laugé, Achille Rouquet et Journet.

    Le buste de Gamelin est de notre point de vue une œuvre remarquable, exécutée par l’un des plus grands sculpteurs de son temps. Nous aimerions tant qu’il figure à nouveau au centre du péristyle, afin qu’il puisse être admiré à sa juste valeur. Un jour peut-être le Musée des Beaux-arts de notre ville portera t-il le nom de notre illustre peintre ? C’est une idée dont je ne suis pas à l’origine, mais qu’il me plaît de transmettre à qui voudrait bien l’entendre. Notons qu’il existait un buste de Gamelin fils que M. Gayraud, Vice-Consul du Portugal, avait offert à la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne en 1890. Où se trouve t-il ?

    Sources

    Le courrier de l'Aude, Le temps, La dépêche

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  • La construction du C.E.S 600 "Collège du Viguier" sur l'Allée des pins en 1966

    En vertu de deux délibérations communales en date du 12 juillet et du 18 octobre 1962, la Ville de Carcassonne, suivant acte passé devant Me Courrière, notaire, se porte acquéreur au mois de novembre de plusieurs parcelles de terrain du domaine de Saint-Jacques. Vendues par M. Denis Louis Ferrand, elles sont achetées pour la somme de 1 586 380 francs et représentent une surface totale de 79319 m2. Ces terrains devront être partagés pour une partie par la construction du futur C.E.S 600 ; l’autre partie sera rétrocédée à l’Office départemental H.L.M pour la construction d’immeubles d’habitations. 

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    Deux ans plus tard, le Conseil municipal entérine la construction du futur collège par délibération communale en date du 30 novembre 1964. L’État octroie 50% de subvention à la ville pour l’apport du terrain. Celle-ci aura à sa charge l’aménagement des voies d’accès ainsi que l’acheminement de l’eau, du gaz et de l’électricité. En 1965, elle confie la maîtrise de l’ouvrage à l’État qui lancera un appel d’offre national après avoir choisi son architecte. Il s’agit de Pierre-André Le Breton, connu dans la Manche pour avoir eu en charge la reconstruction de nombreuses églises et fermes après la libération du pays. La réalisation est envisagée sous la forme d’une construction industrialisée avec ossature en métal et murs rideaux, constitués par des panneaux Glassal, aussi bien en allège qu’en longs pans. Le plancher sera constitué par des poutres métalliques avec remplissage en béton armé.

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    A partir de 1965, le Centre Expérimental de Recherches et d’Etudes du Bâtiment et des Travaux Publics entreprend l’étude des sols du futur collège. Au total huit sondages seront nécessaires afin de laisser la place aux premiers travaux qui débuteront le 1er mars 1966. Il est également prévu la construction d’un gymnase de type B, deux gymnases de type A, une piste de course à pied, les salles de l’administration et les logements de fonction. 

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    Dans le cadre de la loi sur le 1% artistique, la Commission de la création artistique avait agréé le projet proposé par Jean Camberoque. L’artiste Carcassonnais réalisera deux œuvres. Il s’agit de deux murs sur le garage à bicyclettes. Le premier représente une série de reliefs verticaux qui symbolisent la complexité de la nature humaine ; le second, un groupe de formes ovoïdes sculptées évoquant le vol des oiseaux migrateurs. Jean Camberoque effectuera en 1968 le même type d’ouvrage au collège Frédéric Mistral de Nîmes.

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    © Charles Camberoque

    Jean Camberoque au travail 

    Six mois seulement après le début des travaux, les 600 élèves dont 500 pensionnaires prendront possession des lieux à la rentrée du 15 septembre 1966. Si l’accueil en salle de classe est possible, les voies d’accès ne seront pas réalisées avant la réception définitive des travaux. Pendant ce temps, les collégiens pataugent dans la boue et les parents d’élèves se plaignent auprès du maire de Carcassonne de l’état de la voirie. Retardée par les évènements de mai 1968, l’inauguration aura lieu le 28 du mois suivant en présence de G. Riste, principal du collège.

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    © L'Indépendant

    Le futur collège Alain

    Ce collège, qui porte le nom du philosophe Alain, va être rasé cette année. Le Conseil départemental a décidé d’en construire un tout neuf à sa place ; il nous paraissait normal de rappeler l’histoire de cet établissement avant sa destruction. Le nouveau collège sera l'œuvre de l'architecte Montpelliérain Emmanuel Nebout.

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  • La statue "Y penser toujours" dont on ne parle jamais...

    Présentée au Salon des artistes français en 1906, la statue « Y penser toujours » est l’œuvre du sculpteur héraultais Jacques Villeneuve (1865-1933), lauréat de l’École des Beaux-arts et candidat au Prix de Rome la même année. Bien qu’elle ne soit connue à Carcassonne que sous le nom de « La France blessée », cette sculpture en marbre blanc reprend en fait une phrase prononcée par Léon Gambetta lors d’un discours sur l’Alsace-Lorraine en 1871 : « Y penser toujours, n’en parler jamais. Alors vous serez sur le véritable chemin de la libération, parce que vous serez parvenus à vous gouverner et vous contenir vous-mêmes. Travaillons tous les jours à acquérir cette qualité qui nous manque : la patience, que rien ne décourage, la ténacité qui use jusque’au temps lui-même. […] Oui, je pense, j’espère que je verrai ce jour où, par la majesté du droit, de la vérité et de la justice, nous retrouverons, nous rassemblerons les frères séparés ! »

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    Dans cette allégorie, la France a la tête baissée, avec ses deux ailes cassées symbolisant l’Alsace et la Lorraine ; deux régions perdues lors du conflit de 1870 avec l’Allemagne. Son glaive, qu’elle tient fermement des deux mains, semble promettre un jour la reconquête. Le sujet traité ici s’inscrit parfaitement dans l’état d’esprit du début du XXe siècle, où notre pays sait qu’il va devoir à nouveau en découdre avec son voisin germanique pour récupérer son territoire. 

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    L’État fit don de cette statue à la Ville de Carcassonne en 1907 sur la proposition de M. Dujardin-Beaumetz, secrétaire d’état aux Beaux-arts. Par délibération municipale du 26 février 1907, la commune accepta de payer 1200 francs afin de participer aux frais de port et d’emballage, mais ne sembla pas manifester un grand enthousiasme. Elle servit de monument aux morts et la ville lui trouva un emplacement inadapté sur un socle, à l’angle de la route minervoise et boulevard Omer Sarraut. Deux ans plus tard, le 3 février 1909, Jacques Villeneuve ayant offert au Musée des Beaux-arts de Carcassonne la maquette de sa sculpture en hommage au romancier Ferdinand Fabre, on eut l’idée de transporter « Y penser toujours » dans le square Gambetta. Faut dire que l’artiste n’avait que peu goûté de voir son œuvre ainsi exposée. Il fallait y penser, n’est-ce pas ? Nous ignorons si la maquette de Villeneuve se trouve toujours dans les réserves du musée, mais l’original orne depuis 1906 les jardins de la ville de Bédarieux.

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    La sculpture fut ainsi déposée au bord du bassin au centre duquel sortait un immense jet d’eau ; les cygnes lui faisaient révérence à chacun de leur passage. Le lendemain du jour de l’an 1922, le gardien du square s’aperçut de la disparition du glaive. Un vandale, aux ardeurs antimilitaristes, s’empara de ce phallus belliqueux que jamais l’on ne revit. Il fut, bien des décennies plus tard, remplacé avec un goût artistique comparable à un plombage sur un dent émaillée. Quand la horde de barbares nazie ordonna de raser le square Gambetta au printemps 1944, toutes les œuvres du jardin furent déposées.

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    La statue dans les serres municipales en 1975

    La statue de Villeneuve suscita tellement d’intérêt qu’elle sommeilla pendant quarante ans dans l’entrepôt des serres municipales. Ce n’est qu’à la fin des années 1970 qu’un passionné d’histoire locale, M. Antoine Labarre, retrouva sa trace et obtint sa réhabilitation. 

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    Sous l’égide du Souvenir français, « Y penser toujours » - au nom prédestiné - se trouva placée dans le carré militaire du cimetière Saint-Michel. Nous ne désespérons pas qu’un jour nous puissions faire apposer une plaque à côté avec cette inscription :

    « Y penser toujours »

    Jacques Villeneuve / 1906

    Don de l’État à la Ville de Carcassonne

    Sources

    Délibérations du Conseil muncipal  / 1907 et 1909

    Le courrier de l'Aude / 1907

    Le messager du Midi / 1922

    Discours de L. Gambetta à Cherbourg en 1871

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