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  • Henri Daraud (1905-1989), facteur et accordeur de pianos

    Durant toute sa carrière, Henri Daraud fut appelé à accorder les pianos des plus grands instrumentistes mondiaux, tels que Cziffra . À Antibes-Juan-les-pins, les organisateurs du festival de jazz n’auraient pas confié à d’autres le soin de préparer le Steinway de Duke Ellington, de Count Basie ou encore d’Oscar Petterson. Tel un concertiste, il fallait même qu’il opère sur place en habit à queue-de-pie. Sa fille se souvient. « Un jour papa me dit  : accompagne moi, je dois accorder le piano au théâtre de Carcassonne, et je voudrais te présenter un grand bonhomme comme on en rencontre peu. Je le suis donc. Papa commence à accorder le piano et arrive sur scène Yehudi Menuhin avec son violon. Moment magique de connivence entre les deux autour de notes et de sons. Ensuite papa me présenta à Menuhin qui me dit combien il appréciait le travail de mon père, tout en finesse et à l’écoute. Et nous avons assisté au concert depuis les coulisses. Un merveilleux violoniste, un homme simple.

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    Marie-Louise et Henri s'étaient mariés le 29 octobre 1940

    Henri Daraud naît le 20 septembre 1905 à Carcassonne, 50 rue de la République. Très tôt, il développe un goût prononcé pour la musique. Avec son frère aîné François (1901-1989), il joue du saxophone  dans les orchestres d’harmonie. À cette époque, il s’agit de la Société lyrique Sainte-Cécile de Carcassonne, dirigée par Michel Mir. Henri possède un don du ciel ; il a l’oreille absolue.

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    C’est-à-dire qu’il est capable de reconnaître précisément la fréquence de n’importe qu’elle note, sans aucun repère. C’est ce talent qu’il va exploiter en devenant facteur d’instrument, puis accordeur. Sur les conseils de personnes avisées, ses parents l’envoient à Paris chez Selmer et à la prestigieuse école des pianos Pleyel. À Carcassonne, il fait l’acquisition du local d’un coiffeur à l’angle des rues de la mairie et Courtejaire, dont il refera la façade en 1955. Il y installe son commerce de vente et de réparations de piano, dans la lignée de Gillon ; l’ancien marchand d’instrument de la ville. 

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    Faisant partie de l’AFARP (Association Française des Accordeurs et Réparateurs de Piano), il est à l’origine de la création de l’école du Mans dans les années 1970. Henri Daraud y transmet son savoir à des élèves qui se revendiqueront de son héritage. C’est de nos jours l’Institut Technologique Européen des Métiers de la Musique. Vers la fin de sa vie, cet homme aussi discret, humble que sympathique formule le voeu de créer un musée dédié à l’histoire du piano. Cette idée sera reprise par son fils Jean-François et Jean-Jacques Trinques, lui-même accordeur, en hommage à Henri, décédé le 29 janvier 1989. Ils démarchent Raymond Chésa, le maire de Carcassonne. Celui-ci, peu porté sur la musique, ne se montrera pas intéressé. C’est auprès de Jean-Paul Dupré, député-maire de Limoux, qu’ils trouveront une oreille attentive.

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    © Musée du piano 

    En 2002, le premier musée de France consacré au piano est inauguré dans une chapelle désacralisé de la cité blanquetière. Aujourd’hui, ce lieu dispose d’une collection impressionnante. Il propose également  une programmation de concerts de musique classique. Si l’on oublie de mentionner le nom d’Henri Daraud, son âme veille en ce lieu saint de l’harmonieuse Euterpe. Tout comme plusieurs de ses propres pianos.

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    Pendant des années, le magasin Daraud de Carcassonne fut le rendez-vous des musiciens, mais aussi des mélomanes. Marie-Louise, puis sa fille Geneviève vendirent les disques vynils des plus grands interprètes classiques, jazz et variétés. On en vit défiler un certain nombre pour des séances de dédicaces. Autant dire qu’à Carcassonne, la famille Daraud fut à la musique ce que Félix Bergèse fut au rugby.

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    Henri Gougaud en dédicace. A l'arrière, Marie-Louise Daraud.

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