C’est vers 1898-1900 que le rugby fit son apparition à Carcassonne grâce à deux sociétés : L’étoile sportive et l’Union sportive. L’étoile sportive recruta parmi les employés et les ouvriers ; elle avait son siège au café L’ambigu, actuellement Hôtel Central sur le boulevard J. Jaurès, et jouait à Luna-Park (Païchérou). Elle disposait d’animateurs comme Lafosse surnommé l’Oncle, Bonnaure qui devint ensuite un grand arbitre, Fonta le coiffeur de la rue de la gare et Sainte Colombe, plus tard soigneur de l’ASC.
Equipe mixte ASC en 1909 - Enclos St-Joseph
Maysonnier, Arnaud, X, Homps, Lejeune, X, Andrieu, Lafosse, Pech, Peyre (arbitre)
Albert Izard, Tourenc, Montes, Cogna, Chaba.
L’Union sportive, de son côté, rassemblait surtout des étudiants ; elle se réunit d’abord au café Maymou (actuellement, Brasserie à 4 temps), puis au Helder (café des platanes). Ses animateurs étaient MM. Génie, Limousis, Benoît et Séguier. La trésorerie ne roulait pas sur l’or, mais l’esprit de camaraderie suppléait au manque de moyens. Ces jeunes pratiquaient le rugby mais également l’équitation, le tennis, l’escrime et la course à pied. Chaque joueur devait se payer tout son équipement et les déplacements afin de disputer les matchs qui se tenaient à l’Enclos Saint-Joseph, propriété du lycée. C’est là que l’équipe reçut les Vétos toulousain, le Stade Toulousain, Mazamet, Narbonne, Lézignan et Perpignan. A cinq sous l’entrée, le trésorier encaissait d’énormes recettes : 15 à 25 francs !
Vers 1902-1903, les deux sociétés fusionnèrent pour constituer l’Association Sportive Carcassonnaise qui s’installa au Helder et fut d’abord présidée par M. Retmeyer, puis l’avocat Me Soum. L’équipe comprenait des éléments locaux, mais le régiment des Dragons en garnison à Carcassonne, fournit de bons joueurs : De Talencé (International), Cogna, Charra, Godail, de Pracomtal, Deproge, etc. La ligne des 3/4, la plus fameuse, se composait de Bonnaure, Bilhou, Bringuier, Bruniquel et Rousset. Pendant la Grande guerre, les jeunes, sevrés de ballon, créèrent le Club Olympique Carcassonnais. Son existence dura le temps des hostilités.
Après l’armistice de 1918, l’A.S.C fut reconstituée par Vitalis-Brun avec pour président M. Bruguier. Elle installa son siège au Café des deux gares (Café Bristol). En 1921, grâce à une avance de fonds des dirigeants, complétée par un emprunt, l’A.S.C créa un nouveau terrain de sport à la Pépinière (Stade A. Domec) et l’Enclos Saint-Joseph fut abandonné aux potaches et aux petits clubs qui n’avaient à leur disposition que Saint-Jean, ou le champ de manœuvres (Romieu). L’Ecole Normale venait de remporter le Championnat de France Scolaire en 1920 et 1923 et de nombreux futurs instituteurs brillèrent en équipe première du Club civil. Le Lycée, de son côté, eut aussi des éléments de valeur et grâce à l’esprit sportif des Directeurs de ces Etablissements, les étudiants purent être recrutés par l’A.S.C. C’est ainsi qu’en 1922 l’équipe II du club doyen s’attribuait le titre de Champion de France sur la Section Paloise, en 1927 sur le Stade Bordelais ; l’équipe IV se parait du titre à deux reprises ; l’équipe III enlevait le trophée en 1926.
La première équipe qui s’illustrait dans les compétitions était commandée par Camicas, alors aspirant au 3e Régiment d’Artillerie. A la suite d’un match de sélection à Perpignan, au cours duquel l’Equipe du Languedoc battit l’Equipe de France, sur les instances de Vitalis, Jean Sébédio dit « Le Sultan », vint à Carcassonne avec son frère endosser le maillot des Canaris et devint capitaine et entraîneur. A cette époque, le Comité du Languedoc groupait des équipes de premier plan : US Perpignan, Quins, Narbonne, Béziers, Lézignan, Carcassonne. Par la suite, Pézenas et Quillan furent admis à disputer ce championnat. La présidence du club était assurée par le Dr Buscail. Les pyrénéens Domec, Castérot, Senquirgue et Balansa, venus s’installer à Carcassonne vinrent renforcer les rangs Ascéistes et à la fin de la saison 1924-1925, l’A.S.C battait en demi-finale, au Stade Sainte-Germaine de Bordeaux, le Stade Toulousain par 3 à 0 grâce à la botte de Bambou. Elle accéda ainsi à la finale contre l’US Perpignan, vainqueur de Narbonne.
Une première fois cette finale se tint à Toulouse par un temps épouvantable et les deux équipes se quittèrent sur un score nul et vierge. La réédition de cette finale eut lieu en 1925 à Narbonne, où 183000 francs furent récoltés aux guichets. L’A.S.C s’inclina à cause d’un essai Perpignanais de Ramis.
Rugby Club Carcassonnais / 19251926
Mathieu, Sautel, Morère, Rajol, Baillade, Gayraud, Durand, Morlin, Larruy
Vié, Bertrand, Mestre, Claret
Izard, Dardier, Cassagneau
Le rugby était à son apogée à Carcassonne et, outre l’A.S.C, d’autres clubs s’étaient créés : White Devils, Rugby Club, Club Sportif Stadoceste, Etoile Sportive, Trivalle Sportive, le Stade, Sport Saint-Michel, les Espoirs, les Red Devils. Le Rugby Club arriva à passer en 3e série et en 1925-1926 fut battu seulement en finale par Caussade (5-3) après avoir défait en 1/2 finale, la belle équipe des Mines de Carmaux.
La plupart des bons joueurs de ces clubs venaient après ce premier stage, grossir les rangs de l’A.S.C, attirés par la gloire du club fanion, dans lequel ils étaient en mesure de mieux démontrer leurs talents. Par la suite, les petits clubs qui avaient eu jusque’à deux et trois équipes, perdirent de leur importance et finirent par disparaître, faute de moyens financiers. A l’A.S.C, M. Ramond, succédant à M. Balmes, prit le faute de président, qu’il conserva plus de 28 ans. Avec M. Noubel, trésorier, lui aussi pendant de nombreuses années, et bien épaulés par des dirigeants dévoués,
ASC Finaliste du Championnat de France 1925
Mauran, Aguado, Castérot, Raynaud, Sébédio, Raynaud, Cadenat, Séguier
Domec, Miquel, Darsans, Andrieu, Marty, Roux, Gleizes
En 1929-1930, le club Jaune et Noir se trouva opposé en demi-finale du Championnat de France à Paris, à l’équipe de Quillan. Le nul obtenu au stade de Colombes, après une rencontre homérique, renvoya les équipes dos à dos. Elles se retrouvèrent le dimanche après à Lyon, et les ceux de la cité chapelière l’emportèrent sur les carcassonnais par un essai du 3e ligne Bigot.
En 1932, les dirigeants abandonnèrent leurs avances de fonds, et le nouveau stade fut pris en charge par la municipalité qui l’aménagea dans son état actuel. A cette époque de prospérité du rugby, l’A.S.C devient un très grand club (six équipes dont cinq en championnat) avec l’appoint de nombreux joueurs de l’Ecole Normale et du Lycée.
______________________________________
Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2021
Commentaires
Bonjour,
Serait-il possible d'avoir des nouvelles de Madame Suzanne Sarroca qui je pense réside maintenant en permanence dans sa ville natale.
Je l'ai connue très jeune puisque j'habitais de ma naissance en 1939 à 1951 dans la station service AZUR qui se trouvait à la jonction de la route de Narbonne et de la route de Berriac à cent mètres du commerce de sa maman.
Je l'ai suivie pendant toute sa carrière et j'ai reçu un dernier courrier il y a quelques années lors qu'elle était encore à Paris.
Carcassonne rendra t'elle un jour hommage à cette immense cantatrice ?
Merci Monsieur Andrieu pour ce travail de mémoire.
Bien cordialement,
Bernard ÀFFOLTER
Peut être que la famille HERITIER de Carcassonne pourra vous donner des nouvelles car ils ont le même lien (cousin ou neveu ) Je suis né tout à côté rue Prosper Estieu, je sais quelle venait souvent voir ses proches.
Madame Sarroca se trouve à la maison de retraite Les berges du Canal à Carcassonne.
Madame Sarroca se trouve à la maison de retraite Les berges du Canal à Carcassonne.
Merci Martial pour c'est excellent article qui a dû demandé quelques heures de recherche et de mise en forme. Vous êtes toujours formidable. Merci pour les passionnés du rugby et de notre ville, CARCASSONNE.
Amicalement
Merci pour cet article, fruit de longues recherches, qui m’entraînent dans les souvenirs de mon Grand-Père, Georges.