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  • Sortie de livre ! Les maires de la Révolution française à aujourd'hui

    J'ai le plaisir de vous annoncer la sortie imminente de mon nouvel ouvrage consacré à Carcassonne. Il sera disponible à la vente au cours de la deuxième quinzaine d'avril et vous pouvez déjà vous en faire mettre un, ou plusieurs de côté. Comment ? Il vous suffit de m'écrire par courriel à cette adresse : andrieu-martial@wanadoo.fr. Si vous habitez à Carcassonne ou à proximité, je pourrai même venir vous le livrer à domicile. 

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    De quoi s'agit-il ? Jusqu'à présent, aucun recensement précis n'avait été entrepris concernant les 58 maires de Carcassonne. Aucune biographie n'avait mis en perspective leur dévouement au service des citoyens de notre ville. Depuis plusieurs mois, je me suis donc lancé dans ce travail de recherche afin de palier à cette lacune historique. L'ouvrage dont j'espère vous ferez bientôt l'acquisition, vous transportera à travers les époques et les régimes politiques dans lesquels ces hommes ont évolués. Il s'agit d'un livre à compte d'auteur dont j'ai moi-même réalisé la composition et la maquette ; il ne sera tiré qu'à 300 exemplaires, à moins que ses ventes ne m'obligent à le faire réimprimer.

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    Carcassonne,

    Ses maires de la Révolution française à aujourd'hui

    164pp, 160x240 mm

    20 €

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2021

  • Lucien Allibau (1908-2004), résistant et libérateur de l'Aude

    Nous allons laisser parler dans cette chronique, la voix d'un témoin qui fut un ami très proche de Lucien Allibau. Tout simplement parce que dans peu d'années, les témoignages sur ces maquisards ne se retrouveront plus que dans des livres. Y trouvera t-on celui de cet homme ? 

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    Comme tous les communistes, Lucien Allibau disait que "les colons n'avaient rien à faire en Algérie" et qu'il fallait laisser le pays aux Agériens. Je lui dis un jour : "tu parles comme un Fellagha". Il me répondit : "Tu sais  ce que ça veut dire Fellagha ? C'est un homme de la terre. Oui, moi aussi je suis un homme de la terre." Voilà l'origine de son surnom qui lui restera au hameau de Maquens jusque'à la fin de sa vie. 

    L'homme fils de travailleur comme son père qui mourut jeune, vécut avec sa mère et resta un célibataire endurci. Il était occupé à la voirie avant la guerre, mais comme il était communiste, quelqu'un se chargea de le faire renvoyer. Il retourna travailler la terre et remplaça un prisonnier de guerre dans une ferme. Pourchassé par la police de Vichy et la Milice française, il leur échappa et rejoint le maquis FTP (Francs Tireurs et Partisans) dans les forêts de Salvezine et plus tard, à Chalabre, il faisait partie d'une petite unité de sabotages.

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    Il y avait deux types de maquis : l'un FFI (Forces Françaises de l'Intérieur) qui était sous la direction de Londres avec pour chef le général de Gaulle qui lui, bénéficiait de parachutage d'armes ; l'autre, FTP, qui était communiste. Bien qu'il n'aimait pas trop en parler, il me raconta quelques péripéties que je vous livre.

    Son groupe au début n'était pas structuré. Un jour, pour se ravitailler, il demandaient à un fermier de lui vendre une vache. Le fermier refusa - et pour cause, les maquis payaient avec des bons remboursables à la fin de la guerre. Il tuèrent une vache à la hache et l'emportèrent. A six, ils dormaient sous un rocher. L'hiver, il fallait pour sortir couper les stalactites de glace avec le souci principal d'échapper aux Allemands. Ils étaient ravitaillés par la famille Cathala de Montjardin, un petit bourg à côté de Chalabre. Dénoncé par qui ? Il ne le surent pas avec certitude, mais toute la famille fut torturée et un de leur fils, fusillé.

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    Auguste Cathala n'avait que 16 ans

    Puisque les Anglais et les Américains ne leur parachutaient pas des armes, tout était bon pour s'en procurer. Attaques de gendarmeries et même simulations d'attaques Allemandes contre les FFI, qui eux bénéficiaient de parachutages. Pourtant les Américains avaient parachuté des hommes qui, ils le surent plus tard, étaient des agents de l'OSS qui deviendra plus tard la CIA. Ces sic agents parlaient toute la journée à la radio en américain. Quand Lucien leur demandait de quoi ils parlaient, ils lui répondaient : "On commande des armes". Ils n'en ont jamais reçu et pour cause, les Américains n'allaient pas fournir des armes, au maquis communiste. Ce n'est qu'après la fin de la guerre, qu'ils comprirent leur rôle qui était d'infiltrer les maquis communistes. Malheureusement, au cours d'une opération dans les gorges d'Alet contre une colonne Allemande, le lieutenant Paul Swank fut tué. Un monument rappelle cet épisode. Il y fut enterré.

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    La tombe de Paul Swank - Officier OSS - à Alet-les-bains

     Au cours d'un engagement à côté de Puivert, ils firent prisonniers trois soldats Allemands. Dans la nuit, l'un d'eux tente de s'évader. Lucien qui s'en était aperçu, lui dit : "La prochaine fois tu sera tué". Il l'aurait fait. Ils furent remis à la Libération aux structures qui se mettaient en place. 

    Une fois, comme un camarade lui proposait de se servir avec l'argent de la caisse qu'ils avaient récupérée, il lui dit : "Si tu la touches. Attention !" Dans sa vie, bien que braconnier dans l'âme, il fut l'honnêteté même en toutes circonstances.

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    Un jour, je vais au petit village de Pauligne près de Limoux. Je rencontre un vieux monsieur. En parlant, je lui dis que j'étais de Maquens. Il me dit avoir fait des expéditions quand il était au maquis avec un gars de ce village. Il me précisa que c'était lui qui avait tué lie maire qui à cette époque était milicien. Quand je lui ai rappelé ces faits, il me dit de n'en parler à personne. Ils me mettraient en prison encore. C'était ce que l'on appellera plus tard, un règlement de compte du maquis. Ce milicien avait été impliqué lors de la torture et de l'assassinat du fils Cathala.

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    Lucien Allibau

    (1908-2004)

    Pendant plusieurs années, au cours des cérémonies au Monument aux morts de Maquens, un habitant d'origine italienne faisait partie des personnes chargées de déposer une gerbe. Quand "Le Fellagha" s'en aperçut, il signala aux anciens combattants que cet individu avait servi dans les milices fascistes de Mussolini. On ne le revit plus durant les cérémonies. Aujourd'hui tous ces résistants sont presque tous morts ou trop âgés, désormais n'importe qui peut donc écrire ou faire ce qu'il veut avec l'histoire. "L'habit ne fait pas le moine"...

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Le bâtiment Art-Déco des Archives départementales de l'Aude

    Autrefois fort mal installé dans les bureaux de la Préfecture, le service des Archives départementales de l’Aude va enfin se doter d’un bâtiment moderne à la hauteur de ses besoins à partir de 1941. Joseph Poux (1876-1938) qui avait passé toute la fin de sa carrière à Carcassonne à dépoussiérer, inventorier et classer le fonds d’archive prit sa retraite en janvier 1937 et ne put profiter des commodités d’un immeuble dont il avait initié la construction. Emporté par la maladie un an plus tard, il n’en verra même pas l’achèvement. C’est son successeur Henri Blaquière qui mènera le projet jusqu’à son terme en accord avec le préfet Voizard.

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    © ADA 11

    À l'angle de la rue des Tanneurs, la Maison Bousquet avant sa démolition.

    En 1937, la préfecture de l’Aude, en quête d’un site pour la construction des Archives départementales, s’intéresse de près à un immeuble vétuste situé non loin de ses bureaux, à l’angle de la rue des Tanneurs. Il s’agit de l’ancienne demeure de Jean Bousquet, marchand-fabricant de draps, dont sa fille (1844-1930) avait hérité et qu’elle donna en dot à son époux Marie Alfred Rousseau, chef de division de la préfecture du Rhône. Le choix de cet immeuble ne semble pas être le fruit du hasard, puisqu’Alfred Rousseau était connu à Carcassonne pour y avoir résidé avec son frère Théodore. Ce dernier fut un éminent fonctionnaire des Eaux et forêts du département reconnu pour ses nombreux travaux au sein des sociétés savantes de la ville. Les deux frères avaient épousé les deux sœurs Bousquet : Rose et Nelly. 

    Issu du mariage entre Marie Alfred Rousseau et sa mère Rose, Gabriel Rousseau devait ensuite hériter de l’imposant hôtel particulier, à l’angle de la rue des tanneurs. Artiste peintre vivant à Paris, il ne voyait aucun problème à céder son bien pourvu que l’on lui en donnât un prix convenable. Un accord pour 200 000 francs fut trouvé, mais un locataire récalcitrant retarda la signature de l’acte de vente. L’homme ne se disposait pas à quitter les lieux sans avoir lancer quelques procédures judiciaires contre son logeur ; il tirera d’ailleurs bénéfice. Finalement, la préfecture parviendra le 17 juillet 1937 à acquérir la maison Bousquet, destinée à la démolition. 

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    © ADA 11

    Gabriel Rousseau

    (1876-1951)

    Avant de poursuivre plus en avant, nous avons souhaité nous intéresser à la personnalité de Gabriel Rousseau, le fils de Rose Bousquet. Sa qualité d’artiste peintre a attiré notre curiosité… En cherchant dans de vieux journaux et magazines, nous avons appris que cet homme né à Lyon le 18 novembre 1876, bien qu’oublié de nos jours, avait eu une brillante carrière. C’est même l’un des peintres orientalistes parmi les plus remarqué de sa génération.

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    Élève de Gustave Moreau à l’École des Beaux-arts de Paris, Gabriel Rousseau que l’on confond à tort avec le verrier Gabriel Argy-Rousseau, a bénéficié d’une bourse de voyage en 1912 pour le Maroc.

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    Dans cette colonie française où il exerça le métier de professeur de dessin, il réalisa de très nombreuses aquarelles. En 1925, il fut à l’origine du Pavillon Nord-Africain à l’Exposition Internationale des Arts décoratifs de Paris. Il exposa au Salon de la Société Nationale des Beaux-arts, dessina des affiches pour le tourisme marocain et publié plusieurs ouvrages : L’art décoratif marocain (1934), Le costume au Maroc (1938). Le Musée Carnavalet conserve l’une de ses aquarelles.

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    Chose sans doute bien moins connue, le Musée des Beaux-arts de Carcassonne doit avoir quatre de ses tableaux dans ses réserves. Trois représentent des visions impressionnistes de Paris et le quatrième, un paysage quasi nocturne de clair-obscur en Savoie réalisé en 1902. Gabriel Rousseau décéda à Issy-les-Moulineaux le 8 août 1951.

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    Ce bâtiment Art-Déco est l'œuvre de Jules Reverdy. À gauche, se trouvait le logement du concierge. À droite, le bureau de l'archiviste.

    La mairie obligea Jules Reverdy, architecte du département, à mettre le futur bâtiment des archives en pan coupé, à l’angle de la rue des Tanneurs. L’adjudication des travaux fut accordée le 2 avril 1938 à l’entreprise de maçonnerie de Noël Cazanave, avenue Achille Mir. Les nouvelles Archives départementales furent livrées le 15 novembre 1941, soit quatre ans après le début de travaux retardés par la guerre. Le service des archives a déménagé au début des années 2000 à côté du Conseil départemental. L'ancien bâtiment entièrement restauré par le cabinet Chevillard-Falandry a été transformé en logements H.L.M

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