Joseph Papinou était né à Aigres-Vives au cœur du Minervois le 21 juin 1924. Son père Emile passionné par l'opéra l'initie à la musique et lui fait prendre des cours de violon puis de saxophone alto. Le diamant du jeune Joseph se trouve dans sa voix de Tenore di gracia, comme on la nomme en Italie. Dès lors, il va s'en servir pour charmer son auditoire dans les bals qu'il va donner au sein des orchestres de bal.
Georges Princier (alias Papinou) en 1944 à Puichéric
Cette aventure musicale débute pendant la Seconde guerre mondiale. Les bals sont interdits par le gouvernement de Pétain, mais les jeunes s'arrangent pour créer des compagnies théâtrales et musicales au bénéfice des prisonniers de guerre.
Avec Claude Alay au piano, au café Artaud vers 1942
Cela leur permet à travers une cause défendue par la propagande de Vichy, de s'affranchir d'une loi injuste privant la jeunesse de distractions. Au café Artaud, actuel bar des Halles, dans la rue de la mairie ils sont quelques-uns à répéter leur spectacle avant d'aller le présenter dans les villages autour de Carcassonne.
Doddy et ses muchachos
Après guerre, ces vocations musicales vont exploser lorsque la libération du pays permettra aux français de retrouver les joies des bals populaires. Les comités des fêtes de quartier mais aussi des villages feront appel aux orchestres pour leurs fêtes locales. Ils serait trop difficile d'en dresser ici la liste. Joseph Papinou fait alors son entrée dans l'Amicale des parisiens de Carcassonne où il effectue un tour de chant sous le pseudonyme de Georges Princier.
Le café Aribaud à Pezens
Au cours de ses tournées régionales (Puichéric, Ferrals de Corbières Sainte Eulalie, etc), il fera la connaissance de sa future épouse, Raymonde, la fille du cafetier de Pezens François Aribaud.
Au café des Américains, Bd Barbès
Au début des années 1950, on retrouve notre crooner dans les dancings de Carcassonne tels que Le club (rue de l'Aigle d'or), les Américains (Bd Barbès), le café du musée (Bd Pelletan) ou le Païcherou tenu par Roger Quintilla.
Avec son épouse Raymonde à l'accordéon
En 1952, il joue avec Doddy et ses Muchachos avec lequel il fera une tournée en Algérie trois ans plus tard.
Doddy et Joseph Papinou à Sidi-bel-Abbès
Tournée qui sera abrégée à la suite des évènement d'Alger. A Bordeaux, au dancing "Le Normandie" et des passages fréquents à Radio Bordeaux, le consacreront comme un excellent chanteur.
Auréolé de ses succès, Joseph Papinou va lancer sa propre formation qui prendra le nom d'Orchestre Jose Papy. Equipé d'une sonorisation ultra moderne pour l'époque ; les micros étant réglés indépendamment et fabriqués par M. Noiret (sonorisation Midilord).
Franck Cadalen (piano), Robert Lécina (Sax ténor), Jo Combrié (Batterie), Jose Papy (Chant), Michel Solano (Basse) et Yves Daniel (Trompette).
C'est un des premiers orchestres à jouer des sketches pendant les concerts sur des arrangements musicaux de Franck Cadalenc. Avec sa formation, Jose Papy se produira dans l'Aude, l'Hérault et les Pyrénées-Orientales jusqu'au 3 mars 1969 à Ille-sur-Têt.
Il tint alors pendant plusieurs années le café de sa belle famille à Pezens, devenu Chez Papy. Néanmoins, sa passion pour la musique ne s'arrêta pas là car il donna de la voix au sein des Chœurs de Carcassonne dirigés par Jacques Miquel. Joseph Papinou revint aux sources en participant aux opérettes montées au théâtre municipal de Carcassonne entre 1988 et 2000. Il créa également à Pezens le groupe des Chardonnerets qui eut une réputation régionale.
Avec le ténor Carlo di Angelo dans l'Auberge du cheval blanc
Ainsi fut la vie de cet homme gai comme un pinson, aimant à faire rire et que seule la chevelure blanche pouvait faire oublier qu'il n'avait plus vingt ans. Car, dans sa tête Joseph Papinou avait conservé vivante un esprit de jeunesse volé par les années de guerre et de privations. Nul doute que là où il se trouve depuis le 3 avril 2004, il enchante encore un auditoire par ses blagues et ses chansons.
Merci à Patrick Papinou qui a bien voulu mettre à ma disposition les souvenirs de son père avec générosité et gentillesse. Bon sang ne saurait mentir !
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Commentaires
Bonjour Martial,
Vous parlez de plusieurs établissements que je ne connais pas : le club (rue de l'Aigle d'or), les Américains (Bd Barbès), le café du musée (Bd Pelletan). Seul le Païcherou m'est familier...
Une idée de nouvel article, sur les bars de la ville ? Ma (notre !!) génération m'a amené à connaître, voire fréquenter les négociants, le café des familles, et surtout le Paris, où mes parents avaient leurs habitudes du samedi en fin d'après-midi !! Souvenir de Momo la serveurs (Monique) qui me servait des sirops à l'eau double voire triple dose !!!
Bonjour Martial
Que de souvenirs de jeunesse au Café Papy et avec mes amis Patrick et Nicole
il a même composé une chanson j 'a vu le feuillet sur lequel etaient les paroles et la musique .jer dois avoir cette partition quelque part .