Le 20 juillet 1944 à 6h45, huit avions allemands J.U 88 et six mouchards survolent La Galaude, dans la Montagne noire. Dans peu de temps, ils vont lâcher leurs engins de mort sur le camp du maquis du Corps Franc de la Montagne noire dont il ne restera presque rien. On découvre près d'un arbre le corps décapité du Commandant Henri Sévenet (29 ans). Plus loin, au milieu d'une allée, le corps du cavalier Marius Barnes (20 ans). Enfin, dans les décombres encore fumants, ceux des cavaliers Marcel Maurel (30 ans) et Simon Gembarowski (21 ans). Ce dernier avait choisi de venir combattre les nazis chez nous, au milieu de ce maquis composé de résistants issus de différentes nationalités. Que reste t-il de ce jeune polonais né le 25 février 1923 à Lask ? Trop peu de choses, comme cette photo que nous avons extraite d'un journal local du 7 décembre 1944.
Zigmond Gembarowski
Après avoir été inhumé près de Laprade, le corps du cavalier Gembarowski "Mort pour la France" le 20 juillet 1944 fut exhumé. Sa dépouille mortelle rejoint le petit cimetière du Mas-Cabardès, le 5 décembre 1944. C'est là que ce trouvait sa famille d'émigrés polonais et où il passa sa courte existence. Sa citation à l'ordre de l'armée au sein du 2e bataillon de Lanciers, ne souffre d'aucune discussion :
"Cavalier courageux à l'extrême. Lors de l'attaque du 20 juillet 1944 à La Galaube (Aude), sous un violent bombardement, a été tué par un éclat de bombe et des balles de mitrailleuses en se portant à son poste de combat."
Stèle au camp de La Galaube
Sur sa tombe se sont inclinés tous les habitants du Mas-Cabardès et de nombreux étrangers. Une garde d'honneur, composée par des anciens camarades de combat, veillait sur le cercueil que recouvrait le drapeau français. Un de ses compagnons prit la parole au cimetière pour un dernier adieu.
"Tu nous as quitté par un clair matin de juillet, à l'heure où le soleil, blond comme tes cheveux, inondait la lumière de notre forêt de Laprade. La mort t'a frappé aussi sournoisement, aussi injustement qu'elle peut le faire lorsqu'elle vient des mains allemandes. Et tu es tombé à 21 ans, au printemps de ta vie, pour la France, contre l'oppresseur. Nous, tes camarades, nous avions vécu près de toi, qui avions pu apprécier ton courage, ta droiture, ta serviabilité, nous savons quel soldat la France perd et quel ami nous perdons. Tu avais choisi la cause d'un pays que tu aimais chèrement. Aujourd'hui, tu dors dans les plis de son étendard et la France te compte parmi ses héros. Il ne t'aurait pas plus, nous le savons tous, d'avoir pour dernier asile la terre qui vit le triomphe de ceux contre lesquels tu t'étais dressé. En revenant au Mas, tu retrouves ta famille, ton village, tes innombrables amis, tes camarades de jeunesse."
Le monument aux morts du Mas-Cabardès
Le maire du Mas-Cabardès au nom du Comité de Libération exprima sa fierté que la France ait pu susciter un pareil dévouement et pareils sacrifices : " La république française et la République polonaise, qui tant de fois au cours de l'histoire ont mêlé le sang de leurs fils pour les mêmes causes sacrées, saluent le corps de ce jeune héros." N'oublions pas, en effet, que la France déclara la guerre à l'Allemagne nazie parce que cette dernière avait agressé la Pologne. Combien de reines la Pologne a t-elle données à la France ? Combien de Polonais ont intégré les armées de Napoléon ? Si vous passez au Mas-Cabardès, inclinez-vous sur la tombe de Simon Gembarowski.
Sources
Midi-Libre / 7 décembre 1944
Le Corps Franc de la Montagne noire / Journal de marche
Archives de la défense / Vincennes
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Commentaires
Encore un jeune homme inconnu qui a payé de sa vie pour notre liberté.
Merci pour ce témoignage qui nous permet de ne pas oublier tout ces
combattants qui sont tombés pour notre liberté.