Combien étaient-ils ? Beaucoup avaient pris place sur les remparts, du haut des quels ils surplombaient une scène fort encombrée. Si ce jour-là la foule des fidèles fut difficile à évaluer, on peut estimer qu'il y a avait 5000 personnes dans le Grand théâtre de la Cité. De qui parle t-on des Rolling stones, des Beatles ou de Johnny Hallyday ? Eh ! bien, non. La vedette de ce 10 octobre 1982 est un homme d'une grande simplicité et humilité, qui allait succéder à Pierre-Marie Puech à la tête de l'évêché de l'Aude : Jacques Despierre.
© Droits réservés
L'ordination de Jacques Despierre, né à Toulouse le 6 mai 1928, fut célébrée par Mgr André Collini (archevêque de Toulouse), Mgr Sabien (Evêque d'Agen) et Mgr Pierre-Marie Puech (évêque de Carcassonne) qui descendait de charge. Outre, bien entendu, le rituel liturgique et les chants, il fut rappelé au nouvel évêque l'histoire de ses prédécesseurs dans l'Aude.
L'imposition des mains et la remise de l'anneau pastoral
Ce n'est pas dans émotion, dit Mgr Puech, que votre évêque votre parle pour la dernière fois. Puis s'adressant à Mgr Despierre, il ajouta : "Tout un peuple vous attend. Vous lui donnerez vos forces et votre vie, vous lui donnerez Notre-Seigneur. Un évêque est l'employé du Christ, toute sa valeur vient du Christ. L'homélie de Mgr Collini n'en faut pas moins écoutée : "Vingt ans après "Vatican 2", l'on se représente un évêque de façon incomplète - parfois, de manière caricaturale. Il suffit d'interroger les gens pour s'en apercevoir. Pourtant, quand on pose la question de savoir qui furent les premiers évêques, les gens interrogés vous répondent que ce furent les apôtres." Pour Mgr Collini, l'apostolat doit être un humble service de tous. L'évêque n'est pas au-dessus de sa communauté, c'est un frère au milieu de ses frères. De par la volonté du Christ, il est le serviteur de tous. Pour exercer vraiment ce qui est requis de lui, il doit demeurer un missionnaire.
Le nouvel évêque de l'Aude reçut la crosse qui fut offerte à Mgr Le Camus le 2 février 1901 par ses amis du clergé de Carcassonne. Mgr Le Camus, prêtre du diocèse, avait été nommé cette année-là, évêque de La Rochelle. La célébration de l'ordination de Mgr Jacques Despierre se termina par le Magnificat chanté par la foule à l'intérieur du théâtre. N'oublions que sur cet emplacement s'élevait jusqu'à la Révolution, le Palais épiscopal de Carcassonne.
© Thierry Tiberghien
Jacques Despierre vit le jour à Toulouse le 6 mai 1928. Ordonné prêtre le 24 juin 1952, il passa 38 années au sein du diocèse de Toulouse auprès des plus pauvres et de plus démunis. D'une grande simplicité qui trancha avec le côté un peu rigoriste de son prédécesseur, Mgr Despierre démontra ses qualités d'homme de terrain. Dynamique, très attentif aux problèmes sociaux et économiques, jamais il ne se départit de sa mission guidée par l'Evangile. Ces premières paroles furent les suivantes : "Il n'y a pas de diocèse sans évêque, mais l'évêque tout seul ne fait pas le diocèse." Mgr Despierre n'a jamais caché son côté méridional et sa pointe d'humour qui font de lui un personnage extrêmement sympathique, qui réussit à faire l"unanimité même chez les "brebis égarée". Au classement des évêques (si, cela existe !), Mgr Despierres n'eut jamais une seule mitre. Toutefois, qu'il soit conscient que ceux qui l'on connu le gardent encore dans leur cœur ; que cela vaut toutes les récompenses. Aujourd'hui, à près de 90 ans cet homme d'église s'est retiré dans une maison de retraite, Mgr Planet veille désormais sur les ouailles du département.
Sources
Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu
_______________________
Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018