Si vous passez par la rue Jean Bringer, devant la préfecture, vous remarquerez à droite du portail donnant accès à la cour d’honneur, une guérite en pierre de taille incorporée à la maçonnerie de même appareil. Avant 1941, date à partir de laquelle se tint un gardien de la paix à cet endroit, personne ne gardait l’entrée de la préfecture. Antérieurement, le ministre de l’Intérieur ne possédait pas de fonctionnaires de police en uniforme. Cette fonction était de la prérogative des municipalités qui avaient à recruter leurs agents rémunérés par la commune. De cet fait, la surveillance requise était confiée aux soins de l’armée qui devait assurer le service de garde à la Préfecture, au Palais de justice, à la Banque de France, à l’Évêché situé à l’Hôtel Murat (actuelle Chambre de Commerce) et au cercle des officiers. Ce dernier avait son siège à l’hôtel Saint-Jean Baptiste, démoli en 1911 et remplacé par le Grand Hôtel Terminus.
De ces guérites, seuls deux subsistent : celle dont nous venons de parler et celle de l’ancien évêché, rue Aimé Ramond. Celle-ci est située à gauche du portail d’entrée de la Chambre de Commerce. Elle est aussi en pierre de taille ouvragée et murée pour éviter qu’elle ne serve d’abri pour une mauvais action.
Dans un journal local, une anecdote nous est rapportée à propos de cette guérite… Un habitant de Carcassonne s’étant attardé pour rentrer chez lui, allait passer devant la guérite, c’était là son chemin pour rentrer en ville. La Ville basse était encore ceinte de remparts et notre homme, peut-être ayant fait la fête, déambulait trainant ses pas sur les pavés inégaux de la chaussée de la rue de la mairie, après avoir passé la porte des Cordeliers. Il arrivait à hauteur du factionnaire, lorsqu’il s’entendit interpeller par un : « Halte là ! qui vive » impératif. Il répondit aussitôt : Rouvenac ! Ce devait être son nom. La sentinelle répondit par : « Passez au large ! ». Notre homme, un paysan habitué au langage occitan, se fit comprendre en répondant : « Je rasée la muraille », voulant ainsi rassurer le militaire qu’il n’avait rien contre lui.
© Collection Martial Andrieu
La Banque de France en 1906
La troisième guérite, celle de la Banque de France, a été démolie en 1964, au cours de réparations effectuées à cet établissement. Moins ouvragée que les précédentes, elle était en pierre et comportait une petite ouverture dans le fond pour communiquer avec l’intérieur de l’immeuble. Elle était située à huit mètres à droite de l’entrée de la banque.
La garde du Palais de Justice était faite par une escouade de six à sept hommes, lequel étaient logés dans le bâtiment de Thémis. Ils occupaient les locaux à gauche des escaliers du palais ; on y voyait encore en 1964, les rateliers d’armes, les bas-flancs où s’allongeaient aux heures de repos les hommes du corps de garde et sur les murs de nombreux graffitis tels que « C’est du peu, c’est 15 au jus. »
Au centre des officiers, l’entrée était située côté boulevard Omer Sarraut de l’hôtel Saint-Jean Baptiste ; c’était une simple guérite de bois adossée au mur de l’hôtel, lequel fit place en 1914 à l’hôtel Terminus. La guerre de 1914 ayant éclatée, le Cercle des officiers ne fut pas réinstallé en ce lieu.
Avec l’état d’urgence en vigueur depuis 2015, nous voyons que nos édifices publics sont à nouveau l’objet d’une surveillance active. Ce ne sont plus les Sergent de ville qui veille, mais les soldats de l’armée d’active. De là à réinstaller des guérites ?…
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Commentaires
Je suis née en face la préfecture. Dans les années 1950 les sorties de l'après souper avec mes parents étaient fréquentes: cinéma ou promenades dans les rues du centre ville pour faire en toute quiétude les vitrines des magasins.Les rues étaient à ces heures là encore très animées par d'autres promeneurs du soir comme nous.Au retour plus ou moins tardif nous ne manquions pas de saluer celui qui occupait la guérite de la préfecture rassurés et convaincus qu'on veillait efficacement sur nous.