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Quand la ville de Carcassonne offrait des vacances en colonie à ses enfants

Au lendemain de la Libération, le Conseil National de la Résistance venait depuis peu de fonder la Sécurité sociale ; chaque français quels que soient ses moyens pouvait désormais se faire soigner. Les municipalités allaient de leur côté, avec l'appui de l'appui de cette nouvelle administration, créer des colonies de vacances pour les enfants de 4 à 15 ans durant trente jours. De 35 000 enfants en 1945, le nombre passa à 800 000 deux ans plus tard. L'état participait à hauteur de 50 % sur le coût de fonctionnement des séjours et afin d'en garantir la qualité, il créait en 1949 le diplôme de Directeur et de Moniteur de la Colonies de vacances. Aujourd'hui, nombreuses sont les communes qui ont vendu leurs centres de vacances et bientôt, la Sécurité sociale ne sera plus qu'un lointain souvenir. Il nous restera les vieux articles de journaux et les photographies jaunies, pour raconter aux plus jeunes ce à quoi ils n'ont plus droit. Il faut croire que la génération du baby-boom qui a largement profité de ces avancées sociales, considère qu'il est maintenant trop coûteux de conserver ce système pour leurs petits enfants. C'est ce que l'on appellera sans doute la solidarité générationelle à sens unique, puisqu'actuellement c'est nous qui payons leurs retraites.

Il était une fois, une vie de château...

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Le château de la Bourdette près de la Bastide de Sérou dans l'Ariège fut construit en 1901 par le général d'Ambois de Latour. En 1948, les propriétaires assommés par le poids des impôts finirent par le céder à un chevillard, qui en fit de même en 1950. La ville de Carcassonne se porta alors acquéreur de la belle demeure, non pas pour y installer - comme dans un endroit que je ne citerai pas - la résidence d'été de certains élus, mais pour en faire profiter les enfants de la commune. On doit cette initiative au maire Marcel Itard-Longueville. "Quand la République achète des châteaux, les enfants des villes vont à la campagne". Il fallut aménager ce bâtiment afin d'y accueillir 200 personnes dont 150 enfants. Le chef de la colonie de la ville de Carcassonne était M. Paul Charles, professeur d'Anglais.

Juillet 1952. Colonie Bastide de Sérou. Photo Portes.jpg

© Marie Saleun

Départ pour la Bastide de Sérou en juillet 1952

Au château de la Bourdette, on ouvrait les yeux, le matin dans un grand dortoir qui fleurait l'encaustique fraîche sur un paysage de verdure que chacun respectera. Puis, dans une grande salle couverte, sur des tables aux couleurs vives, un petit déjeuner copieux fait de Phoscao au lait, de café au lait, de chocolat accompagné de miel, de beurre ou de confitures, est servi. 

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Le grand salon

Les enfants font leurs lits, les moniteurs aidant les plus petits, et le personnel attaché à la colonie se chargeant des travaux ménagers. Ensuite, liberté totale...

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M. Charles entouré du personnel de la colonie

Celui-ci flânera dans le parc à la recherche de fleurs ou de feuilles rares pour son herbier, celle-là rejoint ses camarades à l'atelier de vacances, cette autre va faire de la photographie avec un moniteur vietnamien qui a passionné tous les enfants pour cet art, etc...

Alet. Sortie d'une équipe.jpg

Tous les repas se déroulent dans l'ordre, sous l'oeil attentif des moniteurs, lesquels prennent leur repas avant les enfants. On est propre parce qu'il y a partout des lavabos brillants, parce qu'on passe régulièrement à la douche, et parce que les mamans ont muni leurs enfants d'un trousseau commode et suffisant.

Alet 6.jpg

Sortie à Alet-les-bains

On vit en équipes, et on se donne des noms de fleurs (Les colchiques, les bleuets, les jonquilles) ou de guerre (Les Huns, les mousquetaires, les conquérants).

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M. Paul Charles, le chef

Pendant les vacances, Paul Charles était le "Grand chef" des deux cents garçons en juillet, et des deux cents filles en août. Le Grand chef c'est quelqu'un qu'on révère et qu'on vénère. D'abord, parce qu'il sait tout et qu'il arrange tout. Il était très apprécié des commerçants de la Bastide de Sérou.

La Bastide-de-Sérou. Visite des Parents.jpg

La visite des parents

Un matin, une monitrice, à la suite d'une querelle avec un moniteur, disparut de la colonie. les enfants se précipitent, vont chercher M. Charles qui les rassure, et dit qu'on va organiser des recherches. Les Jonquilles iront sur la gauche, les mousquetaires vers la rivière, les chevaliers au village, et les myosotis vers la montagne. On va téléphoner à la Bastide de Sérou alerter les gendarmes, prévenir le pharmacien en cas d'accident ; bref, branle-bas de combat.

On a cherché toute la journée, ou presque ; les gendarmes sont venus ; les habitants ont dit qu'ils avaient vu passer une jeune fille qui pleurait.

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La monitrice, on l'a retrouvée, finalement cachée dans les gerbes de blé. M. Charles l'a ramenée sous bonne garde, disant qu'on verrait après quelle sanction lui infliger. Mais il y a bien sûr un épilogue : le moniteur, cause indirecte de la fugue, fut retrouvé... juste à temps lui aussi. Pris de remords, n'allait-il pas faire une bêtise ? On le ramena sous bonne escorte, juste au moment où sonnait la cloche du dîner. Alors, quand les deux cents gosses furent à table, le Grand chef vint, avec tous les héros du drame et dit que ce fut un grand jeu pour lequel les enfants marchèrent à fond. Il y a en a quelques-uns qui pleurèrent, qui découvraient soudain que ç'aurait pu être vrai, et du même coup, combien ils étaient attachés à leur monitrice, et quelles conséquences, peuvent avoir les disputes, même insignifiantes. On s'est retrouvé tout d'un coup plus amis encore, et l'union de la colonie a été cimentée d'un coup.

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Le 30 avril 1965, le conseil municipal de Jules Fil décidait de vendre la colonie de vacances de l'Ariège.

"En présence des insuffisances de la colonie de la Bastide de Sérou, au regard de la nouvelle réglementation applicable tant au point de vue sanitaire qu'au point de vue de la sécurité, à quoi s'ajoutent d'autres inconvénients qui se sont révélés à la longue, depuis que la ville a fait l'acquisition du château de Labourdette : éloignement, climat fortement humide, entretien onéreux d'une bâtisse peu fonctionnelle."

La Goutarende...

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La Goutarende à Cuxac-Cabardès offrait plusieurs possibilités : 2 séjours de 28 jours pour la colonie de vacances, 2 séjours de 28 jours pour pré-adolescents, 2 séjours de 24 jours pour adolescents. En 1978, la ville de Carcassonne participait à une bourse de vacances de 84 francs par séjour pour la colonie. La Caisse d'allocations familiales, les comité d'entreprises et les comité d'oeuvres sociales aidaient les familles sous forme de "bons de participation".

Après une gestion confiée à la FAOL qui avait cessé toute activité de ce genre, la colonie fut vendue par la ville de Carcassonne le 27 septembre 1991.

Sources

Un grand merci à M. Jullian Charles

Bulletins municipaux, articles de presse, délibérations CM

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Commentaires

  • Martial il y avait aussi la colonie pour les enfants des anciens prisonniers de guerre dont le siège était boulevard commandant Roumens
    Nous allions à Grange -Vieille dans le Tarn à côté d'Arfons j'y suis revenue il y a quelques années avec mes enfants et le château abritait un cendré Medico pédagogique.
    Ce furent mes vacances enfant car après le retour de papa d'Allemagne la trésorerie des Pujol était à sec donc pas de vacances en famille
    Avec mon frère nous y passions 3semaines au grand air jusqu'à nos 12 ou 13 ans je dois avoir quelques photos ....Si ça vous intéresse je vais essayer de les retrouver

  • Que de souvenir!!! nous allions avec mon frère à Labastide de Sérou en 1958,1959, j'ai une photo devant le château que je peux vous envoyer, et les jeux avec la monitrice disparue, les gendarmes,nous faisions les mêmes, encore merci Martial.

  • J'étais en colonie à labastide de Serou avec ma sœur Geneviève
    Je me souviens très bien de la recherche et disparition dont vous parlez .
    Pouvez-vous m'.envoyer des photos de cette époque,je n ai plus rien ❤️
    Merci d avance .Mon père a fait vider le grenier avec tout ce que il y avait dedans !!!

  • J'étais en colonie à labastide de Serou avec ma sœur Geneviève
    Je me souviens très bien de la recherche et disparition dont vous parlez .
    Pouvez-vous m'.envoyer des photos de cette époque,je n ai plus rien ❤️
    Merci d avance .Mon père a fait vider le grenier avec tout ce que il y avait dedans !!!

  • bonjour et un grand merci,

    enfin on parle du chateau de la bourdette où j'ai été pendant plusieurs années

    le directeur etait Mr Cabrera,puis Mr dapot

    pendant 3 ans j'ai eu une super monitrice ,douée pour le dessin,
    elle avait pour prénom marcelle et etait de vicdessos

  • bonjour et un grand merci,

    enfin on parle du chateau de la bourdette où j'ai été pendant plusieurs années

    le directeur etait Mr Cabrera,puis Mr dapot

    pendant 3 ans j'ai eu une super monitrice ,douée pour le dessin,
    elle avait pour prénom marcelle et etait de vicdessos

  • Je suis allé en colonie au chateau de la bourdette, je me rappelle que monsieur Charles punissait tout enfant qui était pris en train de fumer avec comme punition il lui faisait fumer du tabac vert qui le rendait malade

  • Oui M DUARTE, Francois Cabrera qui fut pendant plusieurs années directeur, c'est mon cousin, il a aujourd'hui 85 ans.

  • Une des raisons de la disparition des colonies de vacances sont les normes imposées actuellement.
    J'étais en colonie chez les capucins à Co de Laurent à 5kms au-dessus des Martys c'était rustique et spartiate mais quel bonheur!!! Nous avions reçu la visite de l'inspecteur de la jeunesse et des sports monsieur Bapt, le père du député de Toulouse qui n'avait rien trouvé à redire. Aujourd'hui il serait impensable d'ouvrir ce genre de site. C'est fort regrettable.

  • Suis-je le seul à me souvenir que la "première" colonie municipale de vacances, a été organisée après la libération en 1945 ou 1946 à Alet les Bains, dans les locaux de l'ancien Hôtel Rémédi - sous la direction de Mr Charles avec sa compétence et amabilité.
    Il doit bien y avoir encore quelques "anciens" qui en ont gardé de bons souvenirs ???
    Pierre-Baptiste

  • superbe cette histoire de colos , ma génération y allait , c'était le rêve, on avait l'impression d'être tellement libres ... Je trouve que les " cadres" sur les photos de groupe sont très élégantes ...; Bravo pour toutes ces recherches et merci . MPP

  • dans les annees 48,52 pour les oeuvres laiques il y avait la BERTRANDE , du coté des MARTYS et LA NOUVELLE a coté du sanatorium.il y avait aussi le patronage catholique avec l abbé VACQUIE qui envoyait des enfants a foncroisette ,a cote du lampy et a combelongue ,a RIMONT dans l "ARIEGE

  • Merci Martial de votre précision, sur les photos 5 et 6 sur la colo... à Alet les Bains. Je les avais reconnues.
    Je suis simplement étonné, qu'il n'y est eu aucun commentaire sur ce lieu, qui a permis à tous ces jeunes "colons" filles et garçons d'apprécier cette vie "libre en communauté" après les heures sombres de l'occupation qu'ils venaient de subir.
    Ce qui n'enlève rien, à votre article que j'ai lu avec un grand plaisir... souvenirs....souvenirs...
    Amicalement,
    Pierre-Baptiste

  • Un peu plus jeune, certes, mais j'ai eu droit aussi à la colonie de vacances à la Goutarende, où bon nombre de jeunes de ma génération se sont retrouvés pour tous les jeux traditionnels, mais aussi pratiques style homme des bois, en construisant des cabanes, des petits moulins à eau qui produisaient de l'électricité, des jeux de cerfs-volants etc... Par la suite je suis devenu moniteur pratiquement jusqu'à la fin de ce formidable centre de vacances qui a malheureusement été vendu et à sonner en quelques sorte le glas de l'animation de l'enfance et de l'adolescence de notre ville.

  • Maintes fois je suis passé à Labastide de série et j'ai vainement cherché cette colonie où j'avais passé pendant 3 ans mes vacances d'été. J'ai trouvé dernièrement lors de mon dernier passage à la sortie du village ce beau château. Beaucoup de souvenirs me remontent. J'étais avec mon feu frère ainé et ma soeur durant ces trois étés.
    Nostalgie quand tu nous tient !!!!!!!

  • Je garde aussi un souvenir ému des colonies de vacances d'Alet et de la Bastide de Sérou. J'ai été colon puis moniteur jusqu'en 1959, date à laquelle mon père m'amena dans ses bagages vers de nouveaux horizons en Afrique. En 98, Colette Chèze avait organisé une réunion des anciens de la Colo., avec " pèlerinage " au château. Je retrouvais des copains de la Trivalle et de la Barbacane, Mr. Cassignol le gardien du château, Georges Bruyère le moniteur chef, Gou Salvi notre moniteur Robin des bois et bien d'autres. Mon père nous avait quittés l'année d'avant. Mais il aurait été heureux de participer à ces " retrouvailles ". Merci Martial de nous avoir apporté une bouffée de souvenirs de ce qui fut notre jeunesse.

  • J ai été à Labastide de Sérou vers 1962. on allait dans le ruisseau ramasser des écrevisses que les cuistots préparaient ensuite pour les grands. je me souviens des pique-nique au Larbon, vers la maison des pmaquisards.
    un dimanche dans le séjour de trois semaines les parents venaient nous voir et avant le retour on allait au village à pied pour acheter les souvenirs.

  • j 'y suis allé vers la fin, c 'était alors M. Cabrera le directeur me semble-t-il.. Que de bons souvenirs : les feux de camp après le repas, la promenade au Larbon, les écrevisses dans la rivière, la visite à Labastide pour acheter les cadeaux qu'on ramenait aux parents. Effectivement, oles enfrants du peuple vivaient au chateau.... Sous prétexte de modernisme, les normes (sécurité, hygiène) ont tué toutes les colonies de vacances

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