Nous avons très souvent évoqué sur ce blog les opérations allemandes contre les maquis de l'Aude pendant la Seconde guerre mondiale. Chaque année, on commémore aux quatre coins du département le massacre de jeunes français défendant la liberté. La plupart d'entre eux avaient rejoint la lutte armée car réfractaires au S.T.0 (Service du Travail Obligatoire) ; ils ne voulaient pas partir en Allemagne fabriquer des bombes pour tuer leurs compatriotes. D'autres, firent un autre choix... Ce dont on se garde bien de parler même 72 ans après, c'est la façon avec laquelle les Allemands purent retrouver ces maquisards cachés dans les bois. On peut légitimement penser qu'il est illusoire pour une troupe étrangère munie d'une seule carte d'Etat major, de mettre la main sur un campement perdu au milieu de la Haute-vallée ou de la Montagne noire. Bien sûr tout n'aurait pas été possible sans le soutien de quelques autochtones, dénonçant un maquis parfois pour quelques milliers de francs. Un tel, qui avait simplement besoin d'argent pour se marier a proposé ses services à la Police allemande en entrant comme agent rémunéré. Les plus gros délateurs furent très souvent passés par les armes à la Libération ; les occasionnels des petits village de l'Aude s'en sortirent sans trop de dommages. Dans un dossier conservé aux archives départementales de l'Aude, René Bach - agent du S.D - consigna en guise de testament ses souvenirs contre les maquis. On y apprend de pas très jolies choses sur la cupidité ou la haine d'une petite population locale. Retenez surtout que la Gestapo de Carcassonne, installée 67 route de Toulouse, croulait sous les lettres de dénonciation. Et comme René Bach l'a si bien dit le jour de son procès :
"Toutes ses affaires n'auraient pas été faites si les Français ne s'étaient pas dénoncés eux-mêmes."
Concernant les maquis de Fournes, Trassanel et Citou, René Bach indique comment s'est passé leur dénonciation au siège de la Gestapo de Carcassonne. Nous avons bien entendu modifié le nom de l'individu mis en cause dans cette triste affaire. Ce blog n'est pas un juge, ni un tribunal. Toutefois, il considère que 72 ans après les familles des malheureux de Trassanel, ont enfin le droit de savoir.
René Bach - interprète du S.D - à son procès en 1945
"Roger Jean (Nom modifié. NDLR) de Lastours ou Conques est venu à la Police Allemande se présentant sous ce nom, et n'ayant aucune pièce d'identité sur lui, il indiqua que les nommés Busque et Combrié de Fournes et Agnel faisaient partie de l'Armée Secrète ; et qu'un maquis se trouvait à la ferme de Montredon à Fournes. Qu'il y avait urgence d'agir, ce maquis devant changer de place. Il dit même avoir assisté à une réunion de Busque.
Afin de contrôler ses dires, la Police Allemande se rendit à Fournes, en passant par Lastours et afin de prendre quelques renseignements complémentaires, elle essaya de voir Roger qui fut introuvable. Celui apprit-il qu'il avait été recherché ? Toujours est-il qu'il ne se présenta plus à la Police Allemande mais fit plusieurs rapports écrits qu'il lança par-dessus la porte après avoir sonné au 67, route de Toulouse (Siège de la Gestapo, rasé depuis février 2015. NDLR).
Fin juillet, un nouveau rapport vint de lui. Il renfermait des renseignements sur le maquis de Trassanel et sur celui de Citou. Comme Fau (agent de la Gestapo. NDLR) devait partir en mission à Salsigne et environs, la première partie lui fut remise pour lui faciliter la tâche. La deuxième partie me fut remise aux fins de traduction, il s'agissait de l'instituteur Piquemal de Citou (René Piquemal, capitaine du maquis du Minervois. NDLR).
Roger avait 165 à 170 cm, cheveux blonds sur châtains clairs, barbe rousse, portait des lunettes. Parlait très rapidement, sans accent méridional."
La villa de la Gestapo détruite par décision municipale en février 2015.
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