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L'esclavage des Chrétiens par les Barbaresques du XIIIe au XVIIIe siècle

Voilà encore un épisode méconnu de notre histoire... Au Moyen-âge et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, la mer Méditerranée n'était qu'une vaste étendue de pirates qui en avaient fait un vaste lac musulman. On les appelait les Barbaresques venant du mot Barbare qui a donné ensuite, celui de Berbères. Sur la côté Barbaresque ainsi dénommée, s'étendant de l'ouest de l'Egypte au Maroc, on s'adonnait à un marché aux esclaves des blancs retenus captifs. Les maghrébins retenaient hommes, femmes et enfants que les pirates leur avaient procurés en pillant les navires et lors de raids sur les villes côtières d'Espagne, du Portugal, de France, etc... Pour exemple, on citera le sac de Baltimore en Irlande, au cours duquel les pirates s'empareront de la toute la population. On estime à 1 290 000 le nombre d'européens réduits en esclavage entre le XVIe et la fin du XVIIIe siècle. La plupart des capitaines des galères n'étaient pas des maghrébins, mais des européens convertis à l'Islam. Les esclaves sexuelles pouvaient gagner leur affranchissement à condition de se convertir à l'Islam et de faire des enfants.

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Esclaves Chrétiens à Alger

Les navires de commerce Américains naviguant dans cette zone, commencèrent à subir à partir de 1783 le pillage, la capture des équipages et leur vente sur les marchés aux esclaves. Une douzaine de bateaux furent ainsi saisis en 1793. C'est depuis cette date que les Américains décidèrent la construction de navires de guerre afin de combattre ce type de trafic en Méditerranée. Afin de récupérer leurs citoyens, les états devaient payer une rançon ; c'est dans ce but que l'US Navy mit fin petit à petit à cette pratique. Les pays européens continuèrent à payer jusqu'en 1830. Précisément à partir du moment où la France se mit à conquérir les territoires musulmans bordant la Méditerranée. C'est le début de la colonisation de l'Algérie.

L'Ordre de la Merci

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Rachat des Chrétiens captifs

En 1218, le marchand drapier Pierre Nolasque né au Mas-Sainte-Puelle dans l'Aude, fonde à Barcelone l'Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci, afin de racheter les Chrétiens tombés aux mains des maures et réduits en esclavage. En Espagne, l'Ordre s'appelle Orden de la Merced. Ce n'est pas le premier chronologiquement constitué ; l'Ordre de la Sainte-Trinité et de la Rédemption des captifs l'a précédé. On retrouve son existence à Carcassonne en 1739, lorsque Alexis Roques notable à Villalbe, en devient un des marguilliers. Les Mercenaires, outre les voeux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance, s'engageaient à se livrer en otage si besoin, pour délivrer un captif.

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Peu à peu, l'Ordre perdit son caractère militaire pour devenir un ordre missionnaire d'évangélisation du Nouveau monde. Il s'établit au XIIIe siècle à Carcassonne sur l'emplacement de l'actuel collège de Varsovie et devient le Couvent de la Merci. Dans le réfectoire de cet établissement subsistent des voûtes témoins de l'ancien couvent. Si l'Ordre de la Merci ne recueilla plus d'aumônes à Carcassonne après le Moyen-âge, il semblerait que l'Ordre des trinitaires et de la Rédemption des captifs perdura jusqu'à 1780.

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On s'interrogera sur la présence de Notre-Dame-de-l'esclavage à l'intérieur de l'église Saint-Vincent. La priait-on pour ramener les captifs Chrétiens des Barbaresques ? A Bordeaux, on faisait des dévotions à Notre-Dame-de-l’Esclavage jusqu'à la Révolution (Cf. Saugera, Bordeaux Port négrier, p. 319) 

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Commentaires

  • que de choses intéressantes vous nous faites connaître alors notre dame de l'esclavage est a l'intérieur de l'église st Vincent il faudra que j'aille voir que de trésors possède cette église

  • C'est effectivement pour mettre fin à la piraterie que les français sont partis en 1830 pour les côtes de la future Algérie. Une fois sur place ils ont poursuivi l'avancée militaire, organisé la colonisation et fondé l'embryon de l'Algérie française. Cette expédition militaire qui atteint son but en mettant fin à une partie de la piraterie (à Alger)fut très mal vue par certaines puissances européennes dont entre autre l'Angleterre. Ce furent les premiers pieds-noirs car leurs souliers étaient de cette teinte...

  • le nom Berbères vient effectivement de Barbares,
    mais parceque ce sont des tributs venant des l'Europe centrale qui ont posées leurs valises en A.F.N.(dont certaines sont passées par notre département)
    Les premiers esclaves des tributs musulmanes de l'époque, étaient principalement des africains, d'Afrique noire.

  • il n y a pas que cette histoire des barbaresques qui est méconnue des petits français.... il y a celle de la colonisation des pays africains pour ne parler que de ceux là....li y a les enfumades d'arabes perpétrés en Algérie par les maréchaux Bugeaud, Pélissier et cnsort.... il y a les massacres, les viols, la politique de la terre brûlée faits au nom de la civilisation par madame la France ......

  • Madame,
    Je traite l'histoire dans tous le sens et sans sectarisme, aussi si vous avez des sources fiables sur le sujet dont vous parlez à me communiquer, cela pourra faire l'objet d'un article sur ce blog.
    Martial Andrieu

  • cher Martial, quelle joie d'apprendre que le réfectoire dans lequel je prenais mes repas, petite fille, au Lycée ( qui ne s'appelait pas encore "de Varsovie", mais, tout simplement "Lycée de Jeunes Filles de Carcassonne " ) était une partie du Couvent de l'Ordre de la Merci.
    Je fais des recherches sur le premier évêque de Carcassonne, Hilaire, aux environs de 550. Je pense que, malheureusement, plus rien ne subsiste de son passage à Carcassonne il y a pres de 15 siècles, mais si vous aviez une idée de OU se trouvait alors la maison de l’évêque ? Je pense au chateau comtal, mais quand fut-il construit ?

  • Bonjour monsieur Loualiche. J'ai écrit de nombreux ouvrages sur l'Algérie et le Magrheb où je suis né. J'y ai passé 20 années de ma vie. J'éprouve beaucoup d'affection et de respect pour le peuple algérien que je considère comme un peuple frère. Mais je voudrai néanmoins faire un court rappel historique et tiens à votre disposition les sources qui le nourissent.


    Arrivés les premiers dans le monde berbère (territoire de Barbarie, ancien Maghreb, littoral barbaresque) les Phéniciens n'établirent que des comptoirs commerciaux. Ils leur apportèrent néanmoins beaucoup à l'aube de la civilisation, notamment dans les domaines linguistique et agricole. Mais ce sont les Romains qui amenèrent la prospérité, mettant en valeur le pays, introduisant le christianisme, et ce, dans la "Pax Romana".
    Les Vandales n'apportèrent rien au pays, sinon la désolation. Egalement, rien de la part des Byzantins, beaucoup trop frileux derrière leurs "limes" car préoccupés par leurs luttes intérieures.
    Les Arabes, eux, apportèrent la religion islamique, ce qui leur permit de marquer le pays de leur empreinte. Malheureusement, ils n'apportèrent rien ou presque rien de la brillante civilisation de Damas. Car, ces "envahisseurs", les tribus Beni Hillal et Beni Soleim, étaient les plus turbulents et les moins raffinés du monde arabe. Les Turcs, très peu intéressés par le pays, le firent régresser sur tous les plans.
    L'état moyenâgeux, succédant à une période de piraterie intense, incita la France à intervenir. L’Histoire démontre que de tous les peuples qui sont passés par l'Algérie, seuls les Français ont laissé un bilan positif.
    L'Algérie, qui n'existait pas encore, était un territoire barbare dont les plaines ressemblaient à une immense marécage ravagées par la Peste noire, le Paludisme, etc.. Rompant avec les formules courantes de colonisation pratiquées au siècle dernier, la France entreprit, avec le concours de tous, une véritable construction du pays dans la "Paix Française" qui permit aux Algériens, toutes ethnies confondues, de participer à cette construction. Les Arabo-Berbères ne s'y sont pas trompés, qui donnèrent aux Français le nom de "Roumi", déformation du mot "Romain". Actuellement encore, il n'est pas un lieu en Algérie qui ne porte l'empreinte de l'œuvre civilisatrice de la France.
    Les berbères (Imazighen en berbère), premiers habitants d’Algérie avec les juifs, sont un ensemble d’ethnies autochtones. On distingue plusieurs formes de langues berbères qui composent le Tamazight. Il s’agit pour l’Algérie  :  du chaoui, du chenoui, du kabyle, du mzabi et du Tamasheq.
    Quant-aux massacres et viols dont vous parlez, ils ont été perpétrés par les deux "camps", avant, pendant et après "La guerre d'Algérie" (mais les plus lourds massacres sont historiquement à mettre au crédit du FLN : massacre des harkis désarmés - massacre de Melouza - immenses charniers d'européens découverts, génocide des derniers européens d'Oran survenu après le 19 mars, des centaines d'attentats à la bombe aveugles...etc.. etc.. La liste serait bien trop longue à publier.) . Même en Algérie indépendante, durant les années 90, dites années noires où les algériens s'entretuaient allègrement.
    Depuis quelques décennies, des milliers de jeunes Algériens fuient ou désirent fuire leur pays qui ne leur a jamais offert de perpectives d'avenir sérieuses, pour venir s'installer en France, ancien pays "colonisateur".

  • Bonjour Mario ! Nous nous connaissons. Mon père était Bônois : " Le cimetière de Bône… ". Je partage totalement votre analyse très documentée. Une petite anecdote tirée de mon expérience de 20 ans en Afrique Noire : Fin des années 50, je vivais au nord Togo où la population était fortement islamisée et notamment une ethnie les Cotocolis. Comme tout bon musulman, ils se devaient de faire le Hadj à la Mecque. Mais chose étonnante certains ne revenaient pas ? Les bruits couraient qu'ils étaient gardés comme esclaves dans le pays arabes ? A coup sûr de mauvaises langues. Car, comme tout le monde le sait les arabes n'ont jamais pratiqué l'esclavage. Bien à vous.

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