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  • L'étrange connivence de l'évêché de l'Aude avec le Maréchal Pétain pendant l'occupation

    L'article qui suit ne dressera pas un constat objectif de l'attitude de l'ensemble de la curée Carcassonnaise pendant la seconde guerre mondiale - il n'en a pas les moyens. Si certains prêtres comme les abbés Gau ou Courtesole se sont rangés derrière la Résistance en lui prêtant main forte contre la politique de Vichy, il semble que l'évêché de Carcassonne ait été clairement maréchaliste. Ceci nous est révélé par un certain nombre de faits mettant en avant l'action de Mgr Pays auprès des autorités de Vichy. À commencer par sa présence à la soirée inaugurale de la milice en 1943 au théâtre municipal.

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    Mgr Pays

    Si certains évêques français ont adopté une attitude de neutralité ou tenté de manifester leur désapprobation vis à vis de la politique raciale de Vichy, nous pouvons penser que Mgr Pays s'est rangé du côté du maréchal Pétain. L'évêque de Carcassonne avait la fibre royaliste et anti-républicaine, si l'on en croit le récit diffusé sur le site de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, retranscrit ci-dessous :

     En 1942, sous l'impulsion de M. l'abbé Paul Merme, directeur de l'oeuvre de Jésus Ouvrier à Carcassonne, une souscription est ouverte pour offrir un fanion du Sacré-Coeur au Maréchal Pétain.

    Le dimanche 10 janvier 1943, le fanion, d'une grande réalisation chrétienne et artistique, symbolisant la royauté du Christ et la vocation de la France, est porté à la cathédrale, exposé devant l'autel pendant la Grand'Messe solennelle et béni par Mgr Pays, évêque de Carcassonne. M. l'abbé Merme prononce une vibrante et prenante allocution.

    Le 28 janvier 1943, une délégation de catholiques audois, conduite par l'abbé Merme, est reçue en audience publique par le Maréchal Pétain. Dans une émouvante adresse, l'abbé Merme présente le drapeau au Chef de l'Etat, qui en saisit aussitôt la haute signification:

    Monsieur l'abbé, dit le Maréchal, je suis très heureux et vraiment touché de votre démarche. J'ai toujours admis ces forces spirituelles dont vous me parlez et je tiens à ce qu'on y ait recours sous mon gouvernement ». Prenant le fanion dans ses mains et le serrant sur sa poitrine, le Maréchal ajouta: « Monsieur l'abbé, j'accepte avec bonheur ce fanion que vous m'offrez. Il sera mon drapeau ». Ce fut son drapeau, dont il ne se sépara pas... 

    Cinq mois après ce grand événement suscitant la confiance et l'espoir, le 29 juin 1943, en la fête des apôtres Pierre et paul, M. l'abbé Merme écrivait une lettre au maréchal Pétain, lui rappelant la journée historique du 28 janvier, et, devant le fracas redoublé des batailles et l'aggravation des sacrifices, sollicitait de lui la réalisation de la troisième demande du Sacré-Coeur: la consécration officielle de la France, en s'appuyant sur cette parole de vérité:

     La France ne peut revivre qu'en retournant aux forces spirituelles dont elle issue.

    Le Maréchal convoqua aussitôt les membres de l'Episcopat français en vue de ce grand acte officiel qui devait être accompli avec foi publiquement et solennellement le 2 juillet 1943, fête du Sacré-Coeur, ou à une date aussi rapprochée que possible. Malheureusement, le Maréchal ne put réaliser son désir, partagé par celui de millions de Français....

    Le 12 juillet 1943, le secrétaire particulier du Maréchal faisait parvenir la lettre suivante à l'abbé Merme :

    Monsieur l'Abbé,

    Monsieur le Maréchal a reçu le lettre du 29 juin par laquelle vous lui demandez, de façon pressante, de vouloir bien, au cours d'une cérémonie officielle, consacrer la France au Sacré-Coeur. Le Maréchal a été sensible aux sentiments d'affectueux attachements que vous lui avez exprimés à cette occasion et il vous en remercie.

    Votre projet est très louable et le Maréchal s'en est entretenu avec plusieurs hautes personnalités de l'épiscopat français. Si sa réalisation ne semble actuellement pas opportune, cela ne veut pas dire qu'elle soit écartée.

    Je vous prie d'agréer, monsieur l'Abbé, l'expression de mes sentiments déférents et dévoués .

    Autrement dit, sous un beau langage, c'était un enterrement de première classe. Peu après, le 15 octobre 1943, à Alger, au nom du Gouvernement Provisoire de la République Française, le Général De Gaulle, ce « grand catholique », ce « saint » de la Patrie, rétablissait le Franc-Maçonnerie, comme s'en réjouissait dans ses mémoires son fils Philippe (page 347, tome II)...

    Ce n'est pas moi qui l'écrit mais la Fraternité Saint-Pie X sur son site internet ; elle a rompu toute relation avec l'actuel Saint-siège de Rome en raison de divergence, notamment sur le Concile Vatican II. La Fraternité Saint-Pie X qui possède une église et une communauté à Montréal d'Aude est considérée comme intégriste. 

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    Nous avons retrouvé le fanion offert par le père Merme et les catholiques de Carcassonne au Maréchal Pétain en 1943.

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    Qui était le père Merme ?

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    Dans son ouvrage "Carcassonne, quartiers et faubourgs au fil du temps", Henri Alaux indique que le curé était un homme de bien. Selon lui, Paul Joseph Merme "marqué ce quartier (NDLR Grazaille) par son action sociale, en particulier envers les jeunes de condition modeste, parfois en difficulté. Fondateur de l'oeuvre de Jésus ouvrier, le père Merme créa dans sa maison de la rue Buffon, dans les années 1930, un centre d'apprentissage ; chaque année, 20 à 30 jeunes gens y apprirent le métier de menuisier ou d'imprimeur, logés et nourris par l'oeuvre du père Merme, ils devinrent de bons ouvriers."

    L'oeuvre du Jésus ouvrier

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    Le père Paul Merme fit imprimer pendant l'occupation le journal l'Enclume, organe officiel du Jésus ouvrier. Sûrement grâce aux apprentis imprimeurs dont il avait la charge. Dans ce trimestriel, tout était à la gloire du maréchal Pétain et de sa grandeur.

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    "Que le Sacré coeur de Jésus garde à la France son adorable chef, qu'il le soutienne et qu'il l'inspire."

    A l'arrière du maréchal, on aperçoit le fanion offert par les Carcassonnais.

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    On fête le bicentenaire de l'insurrection des vendéens contre les armées de la République.

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    Un extrait de l'Enclume

    Dans une note d'octobre 1944 - après la Libération de Carcassonne - on s'insurge que le père Merme ait pu obtenir tous les mois pendant 3 ans pour son oeuvre du Jésus ouvrier, 1,200 kg de matières grasses et 4 kg de viande avec la complice du ravitaillement général et hors de tout contrôle (ADA 11). Ceci pendant que la majorité des Carcassonnais crevait de faim. En effet, la ration mensuelle de viande en 1943 par individu n'était que de 480 grammes - quand il y en avait...

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