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Une lettre de René Nelli, adjoint au maire nommé par Vichy

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Nous ignorons à qui est adressé ce courrier daté d'août 1942, alors que René Nelli est adjoint au maire de Jules Jourdanne, nommé par Vichy. Dans cette lettre, Nelli fait référence à la manifestation du 14 juillet 1942 en faveur de la République, à laquelle il se défend d'avoir participé.

Avant cette date, un grand nombre des anciens combattants de 14-18 adhérents à la Légion et d'autres soutiens de l'illustre vainqueur de Verdun, ont démissionné notamment à cause des lois anti-juives en zone occupée. Loin de nous l'idée d'instruire un procès contre l'attitude de René Nelli en 1942 et des soutiens dont il a dû bénéficier après la guerre pour taire son penchant maréchaliste. Simplement, il y a des personnes dont le courage fut remarquable dès 1940 et dont on parle beaucoup moins... Nous avons conscience de fragiliser un mythe, celui d'un érudit et d'un formidable défenseur du catharisme. Tant et si bien, que les recherches de Déodat Roché et son laboratoire au milieu de la forêt de Puivert, sont passées en pertes et profits.  Ce courrier de l'été 1942 est tout de même étrange, car le Post-Scriptum parle implicitement — nous le supposons— de la Section locale de la Légion française des combattants et de son directoire central.

Carcassonne, 8 août 1942 

Monsieur,

J'avais, ce me semble, autant le droit, en tant qu'adjoint au maire, nommé par le Ministre de l'intérieur, d'observer les réactions du peuple carcassonnais à l'occasion d'une fête qui demeure nationale, que les membres de la légion de surveiller leurs magistrats municipaux. Et ma présence à cette manifestation est au moins aussi explicable par celle de ces messieurs qui m'y ont entr'aperçu.

Quant aux misérables délateurs qui sont allés raconter à mes chefs hiérarchiques que j'avais défilé, chanté, porté l'insigne "républicain" - mensonges qui n'on eu guère d'effet - on m'a dit qu'ils étaient de la légion. Je n'en crois rien: les légionnaires sont des gens d'honneur qui ont retenu la noble parole de M. le Maréchal Pétain, à la population de Carcassonne: "Tâchez de dégoûter les français de la délation !"

Cependant si vous les connaissez, je vous serais très obligé de me donner les noms. Je les prierai de répéter devant les tribunaux les griefs qu'ils ont contre moi. Et en attendant, vous pourrez les assumer de mon plus profond mépris.

Salutations,

René Nelli.

PS: Bien entendu, pour ne pas que cette lettre puisse être interprétée abusivement, je renouvelle ici mon serment de fidélité à M. le Maréchal Pétain - valable même pour le cas où je démissionnerais de la section locale et adresse copie de cette lettre au directeur central.

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Biographie de Miquèl Ruquet

(Association Maitron Languedoc-Roussillon)

René Nelli naquit le 20 février 1906 à Carcassonne. Son père, Léon Nelli (1864-1934), architecte et peintre, avait de lointaines origines italiennes. Sa mère, Louise Constance Beurienne, était parisienne. Elle mourut alors que René n’avait que dix ans. Son père se remaria avec Marguerite Descard. À la fin de ses études au Lycée de Carcassonne, son professeur de philosophie, Claude-Louis Estève, le mit en contact avec Joë Bousquet, le poète grabataire. En janvier 1928, il fonda avec ce dernier la revue Chantiers. À l’hypokhâgne du lycée Louis-le-Grand, entre 1924 et 1927, il côtoya Roger Vailland et, par la suite, fit la connaissance des écrivains surréalistes André Breton et Paul Éluard au moment où ils adhérèrent au Parti communiste.
Il effectua son service militaire en 1930-1931, à Hyères (Var), puis à Toulouse où il découvrit la revue Oc et la Société d’études occitanes. Louis Alibert, linguiste qui précisa la norme classique de l’occitan, le fit adhérer en 1935 à la SEO et au Félibrige. Pendant l’été 1931, il enseigna la littérature française à l’Institut français de Zagreb en Yougoslavie. Le 30 octobre 1931, il obtint un poste de professeur à Maubeuge (Nord). Dès 1933, il collaborait aux Cahiers du Sud tout en continuant à écrire pour Oc. À la rentrée 1934, il fut nommé professeur de collège à Castelnaudary. Lié à Maurice Sarraut, fils de l’ancien maire radical-socialiste de Carcassonne Omer Sarraut, il devint correspondant local du journal La Dépêche. À la demande de Jean Mistler, ministre et député radical socialiste de l’Aude, il fut candidat aux municipales en 1935. Au second tour, une liste d'union fut constituée, sur laquelle on raya neuf radicaux, dont Nelli, au profit de neuf socialistes. En juillet 1936, il fut nommé professeur de grammaire au lycée de garçons de Carcassonne. En 1938, il fonda la revue Folklore qu’il dirigea jusqu’en 1977. Le 4 septembre 1939, mobilisé au 343e RI en tant que sergent, il rejoignit le front des Alpes et fut démobilisé le 27 juillet 1940.
Il reprit son poste au lycée de Carcassonne. L’année 1941, il fonda la revue Pyrénées et fut nommé conseiller municipal de Carcassonne et adjoint au maire. Nelli était un notable carcassonnais très proche des occitanistes maurassiens Louis Alibert et Ismaël Girard, ainsi que du Félibrige, et il connaissait les frères Sarraut et Jean Mistler, trois parlementaires qui avaient voté les pleins pouvoirs à Pétain. Il n’est pas exclu d’envisager un penchant maréchaliste de Nelli au début de la guerre, penchant fréquent dans le mouvement occitan, mais très vite il prit ses distances avec le régime, ne serait-ce que par sa proximité avec Joe Bousquet dont la maison fut un lieu de la résistance intellectuelle. Nelli, lui-même, accusé d’être sympathisant gaulliste, fut inquiété par la police de Vichy en juillet 1941. À la fin de l’année 1941, il fut convoqué à la préfecture de Toulouse, dénoncé pour menées séparatistes par certains occitanistes maurassiens. La presse collaboratrice le cita même parmi les intellectuels résistants de Carcassonne en mars 1944. En 1943, Nelli prit la présidence de la SEO. Il fut, la même année, le maître d’œuvre du numéro spécial des Cahiers du Sud, Le Génie d’Oc et l’homme méditerranéen. Ce numéro, préparé depuis 1935, fut un véritable affront à l’idéologie de l’occupant et des collaborateurs. Le Midi Libre du samedi 14 octobre 1944 le considérait comme un des résistants du lycée.
À la libération de Carcassonne, le 21 août 1944, il fut rédacteur au Patriote du Sud-Ouest, l’organe des groupes de résistants communistes FTFP. Nelli fut aussi le secrétaire du comité des intellectuels audois, présidé par Joe Bousquet. Le 10 novembre 1944, Nelli fut délégué pour enseigner la philosophie au lycée de Carcassonne. L’année suivante, il se reconnaissait philosophiquement marxiste. Le 25 janvier 1945, il participa à la création de l’Institut d’Estudis Occitans avec Jean Cassou, Tristan Tzara, Ismaël Girard et Max Roqueta. L’IEO était proche du PCF, même si certains des fondateurs de l’IEO, liés au mouvement « Libérer et fédérer », reprenaient les idées fédéralistes de C. Camproux, idées qui se retrouvaient dans le journal auquel collaborait Nelli, l’Ase negre créé en août 1946. Nelli avait en charge Les Annales de l’Institut – revue semestrielle - et la revue trimestrielle Oc. Nelli se maria le 30 octobre 1945 avec Marcelle Suzette Ramon, professeure née le 20 avril 1918 à Castelnaudary. En 1946, il fut chargé d’un cours d’ethnographie à l’Université de Toulouse, cours qu’il assura jusqu’en 1974. De 1947 à 1963, il fut aussi conservateur du musée des Beaux-arts de Carcassonne.
En 1950, Nelli demanda son inscription comme Citoyen du monde. Il s’agissait d’un acte qui montrait son éloignement du PCF. Dans ses lettres à Robert Lafont, il indiquait son opposition à la mainmise du PCF sur l’IEO et s’affirmait de plus en plus fédéraliste. Selon André Hérault, il adhéra à l’Union progressiste, puis à la Nouvelle Gauche lors de sa formation à Carcassonne en novembre 1955 et, fin 1957, à l’Union de la Gauche socialiste. L’UGS s’allia au cartel électoral de l’Union des forces démocratiques lors des législatives de 1958. René Nelli se présenta aux élections municipales de Carcassonne des 8 et 15 mars 1959 sur une liste UFD. La liste socialiste arriva en tête. Pour le second tour, grâce à la fusion des listes SFIO, UFD et communiste, deux UFD furent élus, dont René Nelli. Pour André Melliet, ancien responsable du PSU dans l’Aude, il rejoignit le PSU bien après la création du parti le 3 avril 1960 et le quitta bien avant 1970. Nelli fut candidat du PSU au poste de conseiller général du canton de Mouthoumet (Aude), le 3 décembre 1961, à la suite du décès du conseiller général socialiste. René Nelli, conseiller municipal de Carcassonne sous Vichy, fut taxé de collaborateur par Joseph Baro, candidat socialiste, maire de Termes. Baro fut élu au premier tour avec 594 voix, Nelli n’ayant que 185 suffrages. Cet engagement dans la deuxième gauche était lié à son opposition au colonialisme et à la guerre d’Algérie en particulier. En avril 1956, dans sa préface du livre de Georges-Henri Guiraud, Aux Frontières de l’Enfer, il dénonça en Algérie la « barbarie colonialiste », « le sadisme abominable » et « les méthodes impitoyables ». La section SNES du lycée, à laquelle appartenait Nelli, prit une position très ferme en octobre 1961 « contre les attentats perpétrés par les organisations fascistes », après que l’OAS eut visé le secrétaire académique du SNES, Pierre Antonini. Le 4 juillet 1962, Nelli l’anticolonialiste avait atteint un de ces buts. Le 27 avril 1963, ayant soutenu une thèse sur l’érotique des troubadours, il devient Docteur ès Lettres.
Son évolution fut identique pour l’occitanisme. À la Libération, l’IEO était un mouvement culturel dans un cadre étatique français, ce que défendront toujours Félix Castan et la revue Oc. Lafont situait la rupture entre les « culturalistes » et les « politiques » à la fin 1954. Nelli ne signa pas la déclaration de Nérac, celle des culturalistes, en novembre 1956 et approuva un manifeste nationaliste lancé par Pierre Bec et François Fontan, fondateur, en 1959, du Parti Nationaliste Occitan. L’évolution de l’IEO vers une prise en charge des combats économiques s’effectua à la suite des grèves des mineurs de Decazeville-La Sala. En 1962, Robert Lafont et une partie de l’IEO créèrent le Comité occitan d’études et d’action (COEA). Nelli était alors perçu comme proche du COEA. Robert Lafont, bien longtemps après sa mort, a regretté qu’il « manqua le rendez-vous que son siècle lui tendait en mai 1968. » La rupture avec Robert Lafont s’accentua dans les années soixante-dix et leur correspondance devint de plus en plus agressive. Dès 1972, en préface d’un de ses ouvrages, Nelli plaida pour l’action culturelle. Dans L’Histoire du Languedoc, en 1974, Nelli critiqua la pensée de Lafont. Il critiqua aussi la tentative de candidature de Lafont aux élections présidentielles de 1974 : « Un occitaniste [...] eut le courage de braver le ridicule et de présenter sa candidature. » Nelli s’inquiétait des attentats occitanistes et des incendies de résidences secondaires appartenant à des Parisiens : « Cette explosion de racisme haineux [...] étonne au pays des troubadours et de la tolérance. »
Joan Larzac a défini ce qui a animé la pensée de Nelli la dernière décennie de sa vie : « [Chez lui] perce un nationalisme qui n’est pas utopique et nostalgique. [...] Flirtant avec le Parti Communiste d’un côté, avec le Parti Nationaliste Occitan de l’autre, il verrait bien une fédération occitane à l’intérieur de la France. » Nelli n’a jamais renié sa fascination pour Fontan dans les années cinquante et il semblait très proche du PNO, du moins entre 1967 et 1970. En 1974, dans L’Histoire du Languedoc, il louait le PNO d’avoir « clarifié une fois pour toutes [...] le concept de nation ». Dans les années 70, Nelli se rapprocha du PCF. Cet appui à la gauche fut critique et il n’hésita pas à reprocher le centralisme, prenant comme modèle la Commune de Narbonne et le socialisme fédéraliste. Le 4 juin 1978, à la fête communiste de Coursan dans l’Aude, il participa à un débat « Vivre et travailler au pays ». La même année, dans Mais, enfin qu’est-ce que l’Occitanie ? il s’affirma très proche du PCF : « La position du Parti Communiste français – assez proche de celle du parti socialiste – me paraît, cependant, [...] plus nuancée, plus prudente, plus concrète, et, aussi, plus fidèle à l’esprit du marxisme révolutionnaire. » Il rejoignit l’idée, pourtant en contradiction avec celles sur le PNO, que la libération des peuples minoritaires ne pouvait se faire qu’après la révolution socialiste.

L’homme politique, dans ses engagements à gauche et dans le mouvement occitan, ne fut pas exempt de contradictions, la première étant son rôle pendant le régime de Vichy. Il fut en premier ouvert au monde, refusant tout racisme d’où son inscription comme citoyen du monde, sa lutte contre le colonialisme et sa défense des travailleurs immigrés en Occitanie. C’était un homme de gauche fédéraliste, non pas seulement pour l’Occitanie mais aussi pour l’Europe et pour le monde. Il fustigea l’esprit jacobin qui, pour lui, n’avait pas de place à gauche. « Hérétique », il fut antistalinien quand les communistes étaient majoritaires à l’IEO, il s’opposa au régionalisme de Lafont quand il était isolé dans ses analyses, il parla de nationalisme quand celui-ci était décrié. Il fit preuve d’un profond humanisme que tous les hommages après sa mort soulignèrent.

Décorations et honneurs : mestre en Gai Sabé (1943) ; officier dans l’ordre des palmes académiques (1953) ; chevalier de la légion d’honneur (1955) ; chevalier du mérite agricole (1961) ; officier des Arts et Lettres (1979).

Quelques œuvres : Le Languedoc et le Comté de Foix, le Roussillon, Gallimard, 1958 ; Les Troubadours. Desclee de Brower, 1960-1965, (2 volumes) ; L'Érotique des troubadours, Privat, 1963 et 10/18 (2 tomes), 1974 ; Le Roman de Flamenca, un art d'aimer occitanien au XIIIe siècle, IEO, 1966 ; La Vie quotidienne des Cathares du Languedoc au XIIIe siècle, Hachette, 1969 ; La Poésie occitane, Seghers, 1972 ; Histoire du Languedoc, Hachette Littérature, 1974 ; La Philosophie du catharisme, Payot, 1975 ; Écrivains anticonformistes du moyen-âge occitan, Phébus, 1977, (2 volumes) ; Mais, enfin qu’est-ce que l’Occitanie ?, Privat, 1978 ; Obra poética occitana (1940-1980), IEO, 1981 ; Écritures cathares. Recueil des textes cathares, Monaco, Éd. du Rocher, 1994.

Sources : Archives Départementales de l’Aude. Fonds Nelli : 10 JJ 6, 10 JJ 21, 10 JJ 236, 10 JJ 237 ; ADA 10 W 30 : surveillance politique 1940-1945. Dossier Nelli 1941 ; CIRDOC. Archives R. Lafont. Courrier de R. Nelli ; DBMO ; OC, XIIIe Tièira n° 11, avril 1989, n° 20, juillet 1991 ; La Dépêche des 6 et 13 mai 1935. La Dépêche du Midi du 5 octobre 1961, du lundi 27 janvier 1975, du vendredi 12 mars 1982 ; Occitania, nòva seria, n°4, junh de 1948 ; L’Ase negre, n° 1, août 1946 ; Les Cahiers du sud, n° 381, 1965 ; Viure, n° 3 automne 1965, n° 29, automne 1972 ; Je suis partout n° 659 du 31 mars 1944 ; Le Midi Libre du 14 octobre 1944 ; Le Midi Libre, le journal de l’Aude du 12 mars 1982 ; Peuple d’Aude, mensuel édité par la fédération de l’Aude du PCF, n° 4, mai 1978 ; L’Occitan, periodic de la vida occitana, n° 38, mai-juin 1982 ; Lo Gai Saber, n° 407, juillet 1982, n° 502-503, automne 2006 ; Vent Terral n° 10, été 1983 ; ARMENGAUD, André, LAFONT, Robert, (dir.) Histoire d’Occitanie, Paris, Hachette-IEO, 1979 ; LAFONT, Robert, ANATOLE, Christian, Nouvelle Histoire de la littérature occitane, tome II, Nîmes, PUF-IEO, 1971 ; LAFONT, Robert, La Revendication occitane, Paris, Flammarion, 1974 ; ALCOUFFE, A., LAGARDE, P., LAFONT, R., Pour l’Occitanie, Toulouse, Privat, 1979 ; NELLI, René, Pierre Sire, « Pierre Sire et les intellectuels », Carcassonne, Comité des intellectuels de l’Aude en hommage à son fondateur, 1946 ; NELLI, René, La Poésie occitane, Paris, Seghers, 1972 ; NELLI, René, Histoire du Languedoc, Paris, Hachette Littérature, 1974 ; NELLI, René, Mais, enfin qu’est-ce que l’Occitanie ?, Toulouse, Privat, 1978 ; Hommage à René Nelli, Carcassonne, Bibliothèque municipale et Cido, novembre 1980, brochure non paginée ; GUIRAUD, Georges-Henri, Aux Frontières de l’Enfer, Paris, La Nef, 1956 ; MAURY, Lucien, La Résistance audoise, tome I, Quillan, imprimerie nouvelle, 1980 ; LENOBLE, Jean, Le Parti socialiste dans l’Aude, de la Libération à la fin du XXe siècle, tome II, 1958-1973, Villelongue-d’Aude, Atelier du gué, 2007 ; Centre d’Études Cathares René Nelli, ChroniqueNelli n° 1, 2008, BARDOU, Franc, « Qui était Nelli ? », http://cecnelli.unblog.fr. ; Septimanie, n° 6, février 2001 ; René Nelli (1906-1982) Actes du colloque de Toulouse (6 et 7 décembre 1985) réunis par Christian Anatole, Béziers Cido, 1986 ; entrevue par téléphone avec André Melliet, ancien responsable du PSU dans l’Aude, vendredi 3 septembre 2010.

Source de la lettre: ADA11

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Commentaires

  • dans les années 70 le communisme était très répandu dans l'aude et certains membres de ma famille et beaucoup de ses amis l'étaient aussi donc René Nelly est a l'origine de divers ouvrages sur l'occitanie merci de tout votre travail mR andrieu que de recherches et d'heures passées bénévolement pour nous instruire nous pauvres Carcassonnais

  • Ce qui est le plus surprenant dans la lettre de René Nelly c'est qu'il se sente insulté d'être traité de "républicain" !!!
    J'ai peut être mal compris le sens qu'il faut donner à l'expression "l'insigne "républicain" ? Décoration du front populaire ou distinction du régime de Vichy?

  • j'ai participé durant plusieurs étés au regroupement organisé par Deodat Roché c'était dans la foret du col du Paradis apres Arques .

    mais peut etre y en avait il eu aussi à puivert?

    ( c'était magnifique, d'échange, et d'enrichissement ...;)

  • " Il n’est pas exclu d’envisager un penchant maréchaliste de Nelli au début de la guerre, penchant fréquent dans le mouvement occitan, mais très vite il prit ses distances avec le régime".
    c'est un donc doux euphémisme! la lettre démontre qu'en 42 il était toujours très maréchaliste! dire qu'il prit très vite ses distances avec le régime est une lourde erreur d'appréciation. Ceux qui ont suivi le Maréchal avec honnêteté et loyalisme et s'apercevant ensuite des dérives collaborationnistes l'ont quitté avant 1942.
    Le parcours de René Nelly est assez surréaliste. Proche des maurassiens, des radicaux de gauche, des nationalistes, anticommuniste, puis sympathisant communiste, Maréchaliste au moins jusqu'en 42, allié à la gauche socialiste, si un roi avait régné en France il aurait été monarchiste ou impérialiste si un empereur était parvenu au pouvoir. A cela on peut ajouter qu'il était catholique pratiquant de quoi en perdre son latin et attraper la danse de saint Guy!

  • Difficile de répondre à votre question, d'autant que la source de ce courrier n'est pas mentionnée et qu'il faut pouvoir le resituer dans le contexte de cette période. L'évènement auquel il a participé dont il est question ici est celui du rassemblement du 14 juillet 1942, auquel ont participé 2000 à 3000 personnes, ce qui n'est pas rien, quand on sait que cette manifestation avait bien entendu été interdite et l'un de ses organisateurs, le professeur Piccolo, arrêté la veille au soir.
    Parmi les gens présents au pied du socle alors vide de la statue d'Armand Barbès en ce 14 juillet, le premier à avoir entonné la marseillaise ce jour là, Michel Raynaud, de Conques est arrêté sur le champ. Des altercations ont lieu avec les SOL. Parmi les présents, le député Henri Gout, le procureur Morelli, l’inspecteur primaire Demons, le sénateur Bruguier, Lespinasse, le professeur Roubaud, Merlane Fernand, secrétaire de la bourse du travail, Allaux, Blasi, Morelli ex procureur de la république, Vidal ex conseiller municipal et des représentants des divers syndicats ouvriers, nombre d'entre eux seront assignés à résidence, pire incarcérés voire plus tard déportés.
    Nelli est bien présent ce jour là, il a défilé, même s'il se défend d'avoir pris part activement à la manifestation. Il préfère dire qu'il n'était là qu'en observateur.. pour sauver sa peau...vu les circonstances. S'il renouvelle son allégeance au Maréchal, c'est sûrement aussi dans la même intention. Le régime est un régime autoritaire, qui ne reconnait pas les valeurs de la Révolution de 1789, il me semble qu'on ne peut tirer aucune autre conclusion de ce courrier.

  • Merci pour toutes ces précisions d'importance.
    Juste une question:
    Pourquoi René Nelli a t-il accepté de faire partie du conseil municipal nommé par Vichy?
    Pourquoi Nelli s'est-il défendu d'être Républicain?
    Pourquoi n'a t-il pas démissionné après ce courrier?
    Je n'instruis pas un dossier à charge, mais il me semble qu'il y a pas mal de zones d'ombre que peut-être on a cherché à maquiller.
    Les vrais Républicains ont été arrêtés (Piccolo) et déportés (Morelli). René Nelli n'a t-il pas eu le même courage que ces gens, tel Pïerre qui a renié Jésus pour échapper à la mort.
    C'est bien cela que je voudrais comprendre.
    Quant à la source de la lettre, elle émane du Comité d'épuration. C'est donc, qu'on a enquêté sur Nelli en 1944

  • Merci pour ces précisions. Je suis d'accord pour les nombreuses zones d'ombre autour ce personnage, comme je m'interroge par ailleurs au sujet des maires du département "nommés" par Vichy. Drôle d'époque.

  • @ M. Melendez :
    " il me semble qu'on ne peut tirer aucune autre conclusion de ce courrier."
    pourquoi fermer ainsi la discussion? Rien n'est gravé dans le marbre et surtout pas l’histoire de cette période où en définitive peu de choses ont été dites tellement les gens ont peur d'en parler!
    Quant aux "valeurs de la révolution" je retiendrai, le génocide vendéen, les massacres en tous genres, la terreur, les noyades,les bains de sang, les crimes abominables des révolutionnaires suivi des guerres napoléoniennes cela fait à peu près sept millions de morts, du jamais vu dans l'histoire de l'humanité. je préfère remplacer le mot" valeur" par" horreur" pour se rapprocher de la vérité.

  • Il était question dans le courrier présenté ici de la célébration du 14 juillet 1942. Quant aux conditions dans lesquelles ce courrier a été rédigé par le personnage en question, ce fragment isolé ne nous permet pas d'en savoir davantage, c'était le sens de mon message.
    Pour les "valeurs de la Révolution" dont je parle, ce sont bien celles qui sont à l'origine des "valeurs de la République": Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, l’abolition des privilèges, le début de la laïcité. Il ne s'agissait pas des échecs ni des excès qui ont suivi 1793, avant d’aboutir à la République. Ce sont ces mêmes "valeurs"que la dite "Révolution Nationale", voulue par les Pétainistes, refuse de reconnaitre en interdisant la célébration du 14 juillet 1942.....Tout un symbole, le 14 juillet.

  • Il suffit de lire la biographie de Nelli publiée après la lettre pour jeter à la poubelle un certain nombre de commentaires pour le moins déplacés pour rester poli.
    "Les écrits restent" et oui c est comme cela que l on fait de l histoire en les analysant et en croisant ses sources....
    Une lettre mise en pâture... C est pas de l histoire.
    Quant à René Nelli Royaliste ou une girouette..pardon mais c est du n importe quoi venu de personnes qui ne connaissent rien à René Nelli et ne l ont pas connu...
    Nelli aurait 108 ans... Et si sa femme Suzette Nelli était encore en vie elle n aurait sans doute pas laisser passer ces calomnies....

  • De toutes façons sans vouloir polémiquer il n y a qu à lire son œuvre....

  • J'ai relu mon article et je n'y ai trouvé rien de calomniant. L'histoire doit recouper ses sources et vous avez parfaitement raison, c'est pour cela que nous prenons cette lettre avec précaution. Toutefois, l'histoire doit poser des questions. C'est ce que nous tentons de faire.
    La question qu'il convient de poser est la suivante:
    Pourquoi René Nelli a t-il écrit ce courrier?

  • Votre publication pose certes une question, le problème ce sont les commentaires des lecteurs, qui donnent des réponses... Ou laissent peser des insinuations inacceptables quant on connaît René Nelli et son œuvre.
    J apprécié dans votre blog le côté antifasciste et républicain. Il faut le rappeler toujours car le racisme et l intolérance on le voit nous envahissent chaque jour un peu plus... Les gens ferment les yeux ou finalement collaborent un peu... De braves gens, qui n auraient sans doute pas brillé pendant les années sombres...

  • Le 14 juillet ... C'est le jour où les révolutionnaires ont promené dans les rues la tête du directeur de la bastille au bout d'une pique ouvrant la voie à la barbarie la plus féroce. Soyons plus précis :
    Depuis cet épisode, l'imposture s’est répandu dans tous les rouages de nos systèmes de pensées. Cet événement historique présenté, selon la version officielle, comme la chute du "symbole de l'arbitraire", enseigné à l’école comme étant la libération du peuple de France embastillé par une monarchie despotique n’est en fait qu’un vulgaire mensonge, contraire à la réalité et qui la vie dure. La vérité est qu'il n'y a pas eu de prise de la Bastille mais entrée autorisée par la porte ouverte, vers cinq heures du soir. Précédemment, une délégation des émeutiers avait pris son déjeuner à l'intérieur de la forteresse, sur invitation et en compagnie de son gouverneur Bernard de Launay. La Bastille était un vieux bâtiment militaire en voie de désaffection, dont la destruction était prévue. Du 1er janvier au 14 juillet 1789 il n'était entré qu'un seul prisonnier!
    En fait de peuple martyr et embastillé, tout le monde sait aujourd’hui qu’il y avait dans cette prison infiniment moins de monde que dans celles de la République. Ils étaient en tout et pour tout sept dont quatre faussaires, Béchare, Laroche, La Corrège et Pujade. Ces individus qui avaient falsifié des lettres de changes rencontraient régulièrement leurs avocats. Il y avait aussi le comte de Solages, un jeune noble du Languedoc, dévoyé et débauché enfermé à la demande de sa famille qui s’était rendu coupable de crimes monstrueux lequel s'empressa de disparaître. Puis, deux fous, Tavernier et Whyte, ce dernier, d'origine anglaise, fut porté en triomphe puis enfermé à l'asile de Charenton avec Tavernier où ils furent moins bien traités.
    La garnison était constituée de 82 invalides de guerre, avec un renfort de 32 soldats. Le soir du 14 juillet, ces militaires sont menés sous escorte à l'Hôtel de ville sous les menaces et les insultes. Pendant le trajet le gouverneur est assassiné. On confie le soin de décapiter son cadavre à un boucher, qui s'escrime d'abord avec un sabre qu'on lui a tendu, mais doit finir à l'aide d'un couteau de poche. La tête fixée au bout d'une pique est promenée à travers la ville pendant deux jours. Trois officiers et trois invalides sont également mis à mort par la populace. Les auteurs de ces forfaits se déclarent "vainqueurs de la bastille".
    Heureusement la République a rectifier le tir depuis longtemps faisant de la fête nationale un hommage aux glorieux soldats tombés pour la patrie par un grand défilé militaire.

  • "Le problème ce sont les commentaires des lecteurs" ... Le problème c'est la pensée libre et la libre expression. C'est pourquoi il y a toujours des censeurs autoproclamés, des agents bénévoles la Stasi ripoublicaine qui fliquent en permanence les moindres écrits ...
    Heureusement qu'il y a internet avec ses défauts et ses qualités qui a permis de rendre la liberté de langage aux citoyens, liberté totalement confisquée par les grands merdias aux ordres d'un système à bout de souffle.

  • Montségur:1944
    Antre des morts bouche d'ombre clamant sur la haute colline
    comme un écho de victoire ton vieux secret Patarin
    sur ta pierre le cœur plein d'espoir j'ai inscrit: liberté
    face au soleil et pourtant droit dans la nuit de la terre.

    René Nelli

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