Notre ville possédait plusieurs fonderies entre la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle. Cette activité est directement liée à l'essor de la viticulture dans l'Aude pour laquelle il fallut construire une mécanisation nécessaire à son développement: pompes, charrues, sulfateuses...etc. Nous allons voir dans cette chronique qu'il existe encore en ville quelques vestiges discrets, précieux et méritant d'être sauvegardés malgré l'indifférence dont ils font l'objet. C'est à cet examen que j'ai procédé lors de mes déambulations pédestres dans Carcassonne.
La fonderie Sicre-Arnaud
Sans un coup de chance, rien ne permettait de penser que cet immeuble situé au 63 rue d'Alsace était celui de l'ancienne fonderie Sicre-Arnaud. Elle fut reprise avant sa fermeture dans les années 1930 par A. Radigales, Ingénieur des Arts et Métiers. Fonderie et constructions mécaniques, elle produisait des pompes, moto-pompes, pressoirs, cuves, robinetterie...
En passant par le proche, rabattu sur le côté et visiblement inutilisé, l'ancien portail en bois de la fonderie. Le seul témoin de de l'existence de cette industrie à cet endroit. Les élements du puzzle grâce à cette découverte semblent s'assembler, car... La fonderie Sicre, selon mes annuaires, était située 15, boulevard de la Préfecture (Actuel Jean-Jaurès). A la fin du XIXe siècle, le numéro 1 commençait à l'immeuble faisant angle avec la rue Antoine Marty (laboratoire Blanc) ce qui permet bien de positionner cette fonderie à l'endroit du garage Métropole, construit vers 1930.
La fonderie Sicre occupait l'ensemble du terrain allant de la rue d'Alsace au garage Métropole.
La fonderie Fafeur
Fondée en 1841 par Xavier Fafeur, ingénieur diplômé des Arts et Métiers, la fonderie était située au square Gambetta. Elle comprenait tout le corps de bâtiment allant du square à la rue Pierre Germain. A cette époque, l'immeuble moderne de l'EDF (actuelle Communauté d'agglomération) n'était pas construit.
Ce bel immeuble longeant le Square Gambetta est la demeure de Xavier Fafeur. Au dessus de la porte d'entrée, on peut lire Fafeur frères.
Une page extraite du catalogue de vente. Chez quelques anciens viticulteurs on doit bien retrouver dans un coin d'une grange, une pompe Fafeur.
Dans la rue de Verdun (Immeuble Cotte), une barre de seuil fabriquée par Fafeur.
La fonderie Durand-Roger
Toujours au Square Gambetta, ce bel immeuble est celui de l'ancienne fonderie Marsal. qui deviendra ensuite par les alliances familiales, A.Roger et Durand-Roger.
Une publicité parue en 1902
Une pompe Durand-Roger devant le siège de la fonderie (Collection Claude Marquié)
Parmi mes découvertes, cette plaque de canalisation dans le hameau de Villalbe.
Toujours à Villalbe, cette colonne d'eau qui servait à remplir les comportes et les réservoirs des sulfateuses. Il s'agit d'un mobilier municipal historique qui est en train de rouiller et pour lequel un coup de peinture serait utile. Il y en a deux dans le hameau qui sont en fonction mais seul le cantonnier et le dernier viticulteur encore en activité en ont la clé.
Avec un peu de curiosité, on se rend compte du nom du fabriquant. Une preuve que la ville avait passé des marchés avec Durand-Roger.
La fonderie Plancard
Une publicité de 1902
Avec l'autorisation de J. Blanco (Photo: Chroniques de Carcassonne)
C'est ici sur l'allée d'Iéna que se tenait la fonderie Plancard. On voit encore sur les murs les vestiges du bâtiment. Après sa fermeture, les matériaux Geynes ont occupé le local.
La fonderie Matignon
Une publicité de 1904
Sur l'avenue Bunau Varilla, juste en face de la rue d'Isly, vous verrez encore les inscriptions de la fonderie Matignon sur cette façade.
La fonderie Martignon avait fabriqué l'ensemble des vespasiennes de Carcassonne.
C'était là, dans la rue de Chateaudun, l'usine de Jean Matignon
La fonderie Martignon
Publicité de 1902
Type d'éolienne que l'on rencontre encore dans les champs par chez nous. Près de 2000 ont été posées pour l'irrigation des cultures en Languedoc. Marius Martignol fabriquait ces moteurs à vent.
La fonderie Méridia
Il s'agit de la toute dernière fonderie de Carcassonne encore en activité en 1953. Joseph Durand (famille Durand-Roger) avait repris les anciennes fonderies Guiraud(7, avenue du Pont neuf) en créant une nouvelle activité 11, boulevard du général Leclerc (Source: Claude Marquié)
A côté de la prison, l'entrée de la fonderie Méridia. C'est aujourd'hui, la société Chipie international qui occupe le local.
La SAFA
La Société des Aciéries et Fonderies Audoises est créée par Charles Guibert, père du professeur de danse Françoise Bouichet. Cet ancien ingénieur des Arts et Métiers rachète la fonderie Durand-Roger (Méridia). Il possède alors trois usines qui emploient 120 personnes et fait construire les locaux de celle se trouvant dans la zone de la Bouriette, à l'angle du boulevard Denis Papin et de la rue Niepce.
C'est aujourd'hui l'entreprise Coq et Torrès qui occupe les locaux de la SAFA (photo: J. Blanco)
La fonderie fabriquait des fontes d'assainissement, des récupérateurs de chaleur, des plaques de cheminées dessinées par Charles Guibert. Ce dernier avait inventé à la fin de sa vie, des canisettes pour chiens. Malheureusement, son décès survenu trop tôt, il ne put voir leur commercialisation.
Ici, se trouvait l'emplacement du four
Merci à Françoise Bouichet pour son témoignage
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Commentaires
très enrichissant tout cela les fonderies il n'en reste plus qu'une donc,les vespasiennes remplacées par les cabines a "sous" automatiques ...les anciennes usines ont la place au modernisme aussi parce que les bons matériaux manquent a présent ...
passionnant!
Superbe rétrospective !
Il existe d'autres traces des fonderies carcassonnaises.
A Carcassonne, une plaque d'égout signée en très bon état, Fafeur (?). Il faut être militaire pour la voir car elle se trouve dans la caserne Laperrine, entre la cour d'honneur et l'ordinaire.
A Marseillette, une plaque rectangulaire Fafeur (c'est certain) faisant office de marche d'entrée. Elle est visible de la rue et les nouveaux propriétaires l'ont respectée lors de la restauration de la maison.
Merci infiniment pour cette rétrospective thématique qui me touche familialement.
J'ignorai qu'il y eut autant de fonderies à Carcassonne.
Dans la foulée de votre dernier article relatif à la maison de la Gestapo, j'ai relu le chapitre Seconde Guerre Mondiale et c'était passionnant.
Auriez vous plus d'informations concernant le Dr Delteil, sa clinique et son rôle avant pendant et après guerre,
Je trouve ce personnage aussi intéressant qu'obscur.
Merci pour votre travail et la richesse des documents que vous proposez même si l'ingratitude est parfois au bout du chemin.
Martial,j'ai envie de te contrarier.
La photo 8,n'est pas comme tu l'écris la fonderie,mais le domicile des Durand-Roger.
La fonderie(dont j'ai quelque part une photo,ou ?),se trouvait en face à l'emplacement de l'actuel Hôtel Ibis.
Je vais en faire "sourire plus d'un" mais qu'importe : on est là pour commenter dans la "bonne humeur" ses souvenirs.
Enfant, j'ai toujours été fascinée par les éoliennes et quand le "cers" soufflait, quel plaisir!!!!!
Cela ne dénaturait nullement le paysage, la preuve!!!!Elles sont encore là!Que du bonheur!
Merci (eh oui encore une fois) Mr ANDRIEU.
Les autres photos et articles sont également très enrichissants avec leur lot de détails très minutieux (une plaque d'égout) qui aurait penser qu'un jour, cela me "toucherait autant"!!!!!!! CARCASSONNE quand tu nous "tiens"....
Madame Martin Anne-Marie,
Je suis heureux de rappeler le passé de ces familles qui ont contribué à la prospérité économique de Carcassonne.
En ce qui concerne, le Dr Delteil... Il a été condamné à la prison pour escroquerie à la Sécurité sociale au début des années 50. Il a été compromis dans une affaire de la résistance audoise "affaire charpentier-Cannac" dont je méfie de parler car, il semblerait qu'il ait bénéficié de l'amnistie prononcée en sa faveur par F. Mitterrand.
Jacques,
Je suis au courant de tout cela. Mais, la maison Durand-Roger est bien plus belle que l'Hôtel IBIS
C'est encore plus obscur que je ne le pensais, mais il a l'air d'avoir été un personnage complexe et la suite des événements le prouve.
Merci pour votre éclairage
La photo 15,c'est la plaque du constructeur fixée sur le manométre (mesure de la pression dans le réseau des eaux de la ville),qui se trouve à l'intérieur du musée de l'usine de traitement des eaux de Maquens.Ce mano mis en service en 1904,est toujours en service."chapeau Plancard"
Une plaque existe, avec la mention Fonderie MERIDIA, sur le trottoir de la station service à l'entrée de l' Allée d'Iéna, (à droite) un peu plus loin que la poste qui elle est (à gauche)
Est-tu certain Jacques que la Fonderie Durand-Roger était sur l'emplacement de l'actuel Hôtel Ibis.
J'ai souvenir, qu'il y avait là plusieurs services des Impôts faisant angle avec la rue des Calquières, et que Mme COSTE était la concierge.
Pierre-Baptiste,
Pierre-Baptiste,
j'ai regretté de ne pas te voir pour notre derniere sortie de l'assoc,ton savoir d'ancien carcassonnais plus tes anciennes fonctions professionnelles me sont précieuses.
Aussi je pense que tu a raison.Néammoins la fonderie devait se trouver derriere ,dans la rue des Calquieres.
Martial pourrait mettre en ligne la photo du très beau bâtiment que je lui ai envoyé ce matin.Ce qui nous donnerais raison à tous les deux.
Au plaisir de te voir pour notre sortie du 23/11 aux Carmes.
Bonsoir Jacques,
Dans mes souvenirs il me semble, que la fonderie Durand-Roger se trouvait, surtout Impasse des Calquières.
Le principal, est que nos amis puissent la situer.
Bonne soirée,
Pierre-Baptiste,
Bonsoir Jacques,
Il te faut prendre contact avec la famille Durand-Roger. Ils sont toujours sur Carcassonne.
Bonne soirée
Edouard JORDAN
Merci pour ce commentaire et cette précision.
J'effectue des recherches sur ma famille Plancard de Carcassonne. Et je suis assez friand de ces petites anecdotes. Je vais aller voir cette plaque lorsque je serai de passage à Carcassonne.
Si vous avez d'autres choses en stock sur l'histoire de cette famille, je suis preneur. Vous pouvez me contacter.
Merci.
Cher Monsieur ,
Ayant travaillé dans ma jeunesse à la Fonderie Méridia (ancienne fonderie Guiraud rachetée par mon père , je me permet de préciser que la Fonderie Guiraud était bien à l'emplacement actuel des ets chipie à qui mon père a vendu les bâtiments lorsque la Fonderie Méridia a été reprise par les Fonderies Gillet d'Albi.
La SAFA n'a jamais racheté aucune fonderie . Cet etablissement a été créé par Monsieur Guibert , ancien Directeur de la Fonderie Méridia . La SAFA était un etablissement très modeste avec quelques ouvriers mais jamais 140 !!!....les établissements ont été fermés en raison du décès subit de Monsieur Guibert .
La Fonderie Durand-Roger était située impasse des Calquières mais le magasin de vente des établissements Durand-Rogerétait bien dans l'immeuble de la photo . Il s'agissait des bureaux et mes grands parents habitaient au 1er étage du même immeuble .
La fonderie Durand-Roger a brulé et les frères Durand-Roger n'ont pas souhaité la refaire , préférant garder uniquement l'activité de constructions mécaniques .
Seul mon père José Durand-Roger a voulu continuer et a racheté la Fonderie Guiraud .
Au coins du square , à l'entrée de l'Avenue donnant au pont neuf , se situait , à gauche en regardant le pont , dans l'immeuble d'angle les vitrines de la Fonderie Marsal , ancêtre de la Fonderie Durand-Roger car ma grand mère l'a recue en héritage de sont cousin germain décédé célibataire .
J'ai beaucoup d'anecdotes sur ces entreprises et me tiens à votre entière disposition au 06 07 76 42 09 soit par mail .
Bien cordialement et merci de vos évocations du passé !
Michel Durand-Roger (masduversadou.com et chateaulapompe.com)
J'ai trouvé ce site par hasard en cherchant si la SAFA existait toujours. Nous avons acheté un récupérateur de chaleur chez eux en 1982, et il marche bien à ce jour installé dans la grande cheminée de notre maison de Gers. J'ai quelques photos. Nous avons un souvenir inoubliable de notre visite à la fonderie pour le prendre. Il faisait assez chaud et l'employé qui l'a mis au coffre de notre Renault 4L l'a posé doucement en disant "ça va chauffer". J'aurais du faire plus attention à son gabarit et le fait que la suspension s'est affaissée considérablement. Il nous a fallu 4 personnes pour le décharger chez nous.
Juste un mot pour confirmer que la Fonderie Durand-Roger se trouvait bien dans l'impasse des Calquières et non à l'emplacement de l'hôtel Ibis.
Le magasin de vente se trouvait au 3 square Gambetta et l'usine de constructions mécaniques à l'emplacement actuel du 4 rue des Calquières .
La fonderie a brûlé et Joseph Durand-Roger a souhaité continuer cette activité en rachetant la fonderie Méridia .
Pour la petite histoire la fonderie Durand-Roger avait fondu certaines cloches de la cathédrale Saint Michel et l'évêque était venu jeter dans le fusion des pièces d'argent pour qu'elles sonnent mieux !...
Michel Durand-Roger
La fonderie SAFA, créée par M.Guibert ( père de Françoise Sawas- Bouichet , aujourd'hui) employait une trentaine de personnes. Un 2ème atelier a été construit, à la fin, des années 70 , sur la zone industrielle avec une vingtaine de personnes et puis en 1980, une 3ème unité de production avec des bureaux est apparue, en face les Ets Fozza, à l'époque.