La révocation de l'Edit de Nantes en 1685 avait chassé les protestants du département de l'Aude. Ce n'est qu'après la Révolution française qu'ils purent timidement faire leur réapparition au fil des migrations professionnelles et des évènements sociaux. Au cours du XIXe siècle, on retrouve des fabricants de draps venus du Tarn (Barthe, Rives), des militaires (Juge), des brasseurs Alsaciens (Lauth et Lauer). Aves la crise du phylloxéra, des familles entières de viticulteurs ruinés viendront des départements voisins. Parmi elles, se trouve une grande majorité de protestants.
La petite communauté va tenter de s'organiser... Le 13 juin 1842, regroupée autour d'un conseil d'administration, elle demande son rattachement au consistoire de Mazamet. Les six offices annuels sont alors dispensés dans un local mis gratuitement à la disposition des fidèles par Philippe Lauth. Ce dernier n'est autre qu'un industriel alsacien, propriétaire d'une brasserie à Carcassonne.
Philippe Lauth
Cet industriel se distingua à Carcassonne pour ses œuvres de mécénat en faveur de la musique. Il fut le président de la Société des Concerts Symphoniques et de l'Association des Amis de la Ville et de la Cité. L'ami du compositeur Paul Lacombe et de Michel Mir, légua son grand orgue à l'église de Palaja.
La brasserie Lauth, bd Omer Sarraut
Ce premier temple est inauguré le 12 mars 1942 en présence de protestants et de catholiques. En 1863, la communauté de Carcassonne demande son rattachement au consistoire de Toulouse. Le nombre de fidèles passant en 1874 à deux cent cinquante personnes, Philippe Lauth souhaite récupérer son local. La brasserie a besoin de davantage de place pour son expansion. Les protestants vont alors louer un local chez le voiturier Salanché, 22 rue du Pont vieux. L'année suivante, Adolphe Monod vient pasteur à Carcassonne. Cette fonction sera entérinée par le décret du 17 juillet 1878 promulgué par le Mac Mahon, Président de la République. Petit à petit l'idée de la construction d'un temple fait son chemin.
La IIIe République n'est guère favorable à l'exercice des cultes. Le maire de Carcassonne Théophile Marcou s'oppose à l'édification du temple. Les propriétaires de terrains en vente se défilent les uns après les autres et la préfecture rejète les demandes d'autorisations. En 1888, un terrain est enfin trouvé dans la rue des Jardins (rue A. Marty). Le financement se fera par souscription auprès des paroissiens, mais également grâce aux nombreux voyages du pasteur Monod afin de recueillir des fonds en Suisse, France, Etats-Unis et Angleterre. Ceci explique l'aspect anglican du temple de Carcassonne. Il est inauguré le 6 novembre 1890.
Le temple de Carcassonne, rue A. Marty
Sources
Merci à Agnès de Watteville
Eglise protestante de Carcassonne - Mai 2013
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