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saint-exupéry

  • Quand Antoine de Saint-Exupéry atterrit à l'aérodrome de Salvaza

    Cela faisait un bon moment que nous cherchions une preuve du passage d'Antoine de Saint-Exupéry à Carcassonne. Si une partie de sa famille est encore propriétaire du château de Pech Redon à Pezens, elle n'a jamais été en mesure de nous confirmer la présence du célèbre aviateur en ses murs. Où sommes-nous donc allés chercher cette preuve ? Tout simplement grâce à un article paru dans la presse locale en 1975, sur lequel nous sommes tombés par hasard.

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    © Droits réservés

    Antoine de Saint-Exupéry

    Au mois de février 1975, Madame Marie-Louise Pujol âgée de 87 ans accorde une interview à l'Indépendant dans sa maison de retraite de la rue "Saint-Exupéry" à Carcassonne. Elle raconte sa jeunesse passée à Salvaza, où elle s'installe le 1er juillet 1920 avec son mari pour garder l'aérodrome. 

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    Marie-Louise Pujol

     On ne pouvait réellement parler d'aérodrome : "C'était rien du tout. On avait arraché les souches d'une vigne. Nous sommes restés un an à la campagne." C'était le temps de la célèbre société Latécoère et de l'aéropostale. "Je me souviens très bien du premier avion qui a atterri à Salvaza. Il venait d'Alicante. Le pilote, un certain Revel, était malade. Je lui ai cédé mon lit. Le pauvre, il s'est tué un an après. Je n'ai pas compté les fois où je suis montée sur le phare pour l'allumer. Ça faisait quand même dans les huit mètres de haut."

    Marie-Louise s'occupait aussi du ravitaillement en essence : "Il m'est arrivé de donner jusqu'à 3000 litres d'essence à des escadrilles militaires. Si j'ai des douleurs dans les bras, je sais pourquoi ! A l'époque, c'était un sou le litre, ça a bien changé." Concernant la météo : "Je me souviens que la météorologie de Toulouse avait envoyé un technicien pour me mettre au courant. C'était un Grec. Il m'avait laissé des instruments, m'avait appris à évaluer les distances. Je me basais sur la Montagne Noire. Tous les jours, je me levais à 5 heures. A Toulouse, ils se sont toujours fiés à ce que je leur ai dit."

    Quelques anecdotes

    Un jour un avion voulut atterrir avec le vent dans le dos : "Pardi, il s'est retourné comme une crêpe. Qu'est-ce que j'ai fait ? Je n'ai pas couru à l'avion qui s'était immobilisé dans un champ. Non. J'ai aussitôt téléphoné aux docteurs Tomey et Delteil et au commissaire de police. Quand ils sont arrivés, tous les trois nous nous sommes dirigés vers l'avion. Et là, qu'est-ce qu'on a vu venir vers nous ? Le pilote qui s'en était sorti sans une égratignure. J'avais apporté avec moi une bouteille au cas où il aurait fallu un petit remontant. Et vous savez ce qu'il m'a dit quand je lui ai tendu le verre ? Prenez-le, madame, vous êtes encore plus pâle que moi..."

    Une autre fois, un amiral (le commandant Laborde) et un jeune lieutenant font escale à Carcassonne. Le temps d'une balade dans laquelle ils prennent Mme Pujol pour survoler la Cité, ils laissent leurs képis à Salvaza. "Au retour, j'ai fait exprès de donner le képi de l'amoral au lieutenant. Vous savez ce qu'il m'a dit ? Non, madame, il y en a trop sur celui-là."

    Une énorme panne avait bloqué un avion à Salvaza : "C'était en plein hiver. A ce moment-là, il y avait toujours un mécanicien de Toulouse qui venait passer les mois de mauvais temps à Carcassonne. Et voilà qu'une panne immobilise un appareil. Impossible de trouver d'où elle pouvait venir. Tant et si bien qu'il fallait que M. Daurat qui était le patron de Toulouse se déplace. Il a démonté le gicleur, posé un bout de papier blanc sur la table, et soufflé ; le moustique qui obstruait le gicleur est veni se coller sur la feuille. Pensez, un moustique qui arrêtait un avion !"

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    Didier Daurat

    Didier Daurat alias "Rivière", dans le livre de Saint-Exupéry "Vol de nuit".

    Le dernier repas de Saint-Exupéry

    Saint-Exupéry rejoignant en 1926 les pilotes de Latécoère, allait faire plusieurs escales à Salvaza. "Il était très, très gentil. D'ailleurs, c'étaient tous des amis. Lui, Mermoz et tous les autres. Vous savez, j'en ai gardé un très bon souvenir. C'étaient des enfants. Les pauvres. Ils étaient jeunes. Ils n'avaient peur de rien. Et puis, pour moi, c'était ma vie. Nous étions en famille. Chez nous, c'était la maison du bon Dieu. Quand ils s'arrêtaient ils étaient toujours en train d'ouvrir les buffets. Pour nous, il était Antoine. Je lui ai fait le dernier repas avant qu'il se perde en mer. C'était en 1944..."

    Jean Mermoz

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    Mermoz aussi s'arrêta à Salvaza. Il assurait le courrier Toulouse-Barcelone-Alicante sur Bréguet 14.

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    Adrienne Bolland, à l'occasion de meetings aériens est passée chez Mme Pujol. "Nous avons couché sur les brancards des blessés pour lui céder la chambre." Monsieur Raynaud, un limouxin, pilote du général Astruc, en passant par tous les anonymes. Combien de fois, en revenant du Cap-Juby (Maroc) n'ont-ils pas largué des paquets remplis d'oranges pour Mme Pujol et sa famille.

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