Guiraud Cals naît à Carcassonne le 23 février 1822 d’un père teinturier et d’une marchande de poisson. Autant dire que rien ne prédestinait cet homme à devenir l’architecte qu’il fut par la suite, mis à part peut-être, son intérêt pour les ruines de la Cité médiévale à l’instar de Jean-Pierre Cros-Mayrevieille. Nous considérons comme regrettable l’oubli dans lequel l’administration actuelle des Monuments historiques a plongé nos illustres Carcassonnais, sans lesquels, la restauration de la vieille dame de pierre n’aurait pas été possible. On laisse le lecteur profane dans l’ignorance, pire on lui laisse penser que le mérite revient uniquement à Eugène Viollet-le-duc. Sans remettre bien sûr en cause l’excellent et indispensable travail de ce grand architecte, nous avons le devoir de défendre ceux qui ont travaillé à ses côtés. Guiraud Cals fut désigné comme inspecteur des travaux de restauration et veillait à ce que les plans de Viollet-le-duc - qui, au passage, ne venait qu’une fois par an à Carcassonne - fussent scrupuleusement respectés par les artisans du chantier. Nous laisserons aux érudits le soin de vous conter comment Cals à participé à la restauration de la Basilique Saint-Nazaire…
Viollet-le-duc
En 1868, Eugène Viollet-le-duc donne sa démission d’architecte des édifices diocésains de Carcassonne au Garde des Sceaux. Il propose Guiraud Cals comme successeur : « Cet agent présente toutes qualités requises (…) attaché depuis 1846 aux travaux des Monuments historiques (…) ayant déjà bâti avec succès plusieurs églises et restauré quelques grands édifices. Le 2 novembre 1850, Cals obtient le poste laissé vacant par l’illustre architecte et le gardera jusqu’à sa mort le 10 septembre 1880 à Carcassonne. Notons également à propos de la Cité, que Guiraud Cals assumera momentanément la maîtrise d’œuvre des restaurations, après le décès de Viollet-le-duc en 1879. Son frère, Pierre Cals, occupe le poste de gardien des fortifications.
La nef de la cathédrale de Mirepoix
Cals se maria en 1850 avec Marguerite Limousis avec pour témoins les sculpteurs Auguste Adolphe Perrin et Isidore Nelli, le grand-père de René Nelli. Des ses fonctions d’architecte diocésain, nous pouvons retenir au moins de choses importantes. En 1853, il dresse un rapport appelant à la restauration de l’église de Rennes-le-château qui interpelle encore aujourd’hui les chercheurs du trésor de l’abbé Saunière. Il fait également modifier la nef de la cathédrale de Mirepoix et le percement des rosaces. Tout ceci fait dire à Raymond Rey dans « L’art gothique du midi. (Laurens / 1934) : « La cathédrale de Mirepoix, la plus large des nefs françaises, procède directement des églises de Carcassonne. » On comprend pourquoi…
Mandaté par le Ministère de l’Intérieur er des cultes, Guiraud Cals dresse les plans de restauration de la cathédrale Saint-Michel au mois de juin 1879. Plus exactement, il s’agit de plusieurs projets dont nous vous présentons ci-dessous les dessins conservé aux Archives Nationales.
Projet de chaire à prier dans la cathédrale Saint-Michel
Projet de crypte à construire en avant de la façade occidentale
Projet de porche et de chapelle annexe à établir en avant de la façade occidentale
Projet de porche pour chapelle paroissiale, d'une salle de catéchisme et d'un parvis.
Au moment où Carcassonne s’agrandit de nouveaux quartiers vers l’Est, Guiraud Cals fait l’acquisition en 1871 de terrains appartenant à Eugène Castel, héritier d’Emmanuel Teisseire. Ces parcelles à bâtir se situe dans le nouveau faubourg du Palais de Justice. Après des procédures complexes avec la ville au sujet de l’alignement des rues, c’est à cet endroit que l’ancien adjoint au maire de Dougados finira par construire sa maison. En retrouvant les actes de vente, nous avons fini par matérialiser son emplacement à l’angle des rues d’Alsace et de Lorraine. Hélas, Guiraud Cals n’en profitera que peu de temps. Sa mort prématurée à l’âge de 58 ans, laissera une veuve dans le besoin avec la contrainte de revendre cette demeure à M. Rousseau, contrôleur des Eaux-et-forêts en 1881. Ainsi s’achève la vie de cet architecte oublié dont nous possédions, à notre connaissance, aucune biographie.
La maison édifiée par Guiraud Cals
Sources
Cet article, comme tous les autres, présente des recherches tout à fait inédites que nous avons matérialisées en rouge dans le texte. Nous demandons aux agents, rémunérés par l’administration et qui visitent notre blog bénévole en quête de renseignements, de bien vouloir le citer dans leurs rapports à chaque fois qu’ils prennent une information. Nos écrits ne sont guidés que par la passion pour Carcassonne et l’intérêt général qu’elle nous inspire. Ce sont des valeurs dépassées aux yeux de certains dans ce bas monde, où le lucre a force de loi morale désormais. La culture ne se monnaie pas, elle se transmet. C’est ce qui la distingue des biens de consommation. Alors citer et remercier les bénévoles de la culture est la moindre des délicatesses.
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