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  • Ce que l'Arbre de vie de la Basilique St-Nazaire et St-Celse nous révèle...

    La théorie la plus répandue et admise comme vérité absolue serait que 18 panneaux du vitrail "Arbre de vie", situés dans le chœur de la Basilique St-Nazaire, auraient été refaits par le maître verrier parisien Alfred Gérente. D'après les nombreux ouvrages consultés, Viollet-le-duc demanda à Gérente de réparer le bas du vitrail. Lily Devèze indique que la maître verrier " a substitué aux quatre fleuves du Paradis l'image d'Adam et Ève, entourés de l'arche de Noé et de l'arche d'alliance, ainsi changeant l'arbre de vie en arbre de mort.

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    © C. Desneux

    Au-dessous d'Adam et Ève, on peut lire cette inscription en latin tentant de réparer l'erreur 

    "Que ligno vetus Adam mortem protulit novus Adam vitam retulit"

    À cette théorie, s'oppose vigoureusement l'affirmation de l'abbé Bruno de Monts de Savasse selon laquelle, Gérente n'aurait pas refait les 18 panneaux en les disposant dans le mauvais ordre. C'est dans un texte manuscrit, rédigé à l'issue des Journées du patrimoine du mois de septembre 1998, que nous avons trouvé les objections de l'abbé. Dans une salle du Château comtal avaient été exposés 18 panneaux du haut du vitrail de l'Arbre de vie de la Basilique St-Nazaire. La note explicative délivrée aux visiteurs avait fait bondir le curé :

    "Le vitrail a subi une restauration importante en 1860, par A. Gérente qui a refait dans le bas de la verrière, 18 panneaux manquants. Il semble que l'ordre des panneaux, qui doit normalement suivre le texte de Saint-Bonaventure, n'ait pas été respecté".

    Selon le prêtre, on retrouve en entier et sans aucune exception, toutes les sentences inscrites dans l'Arbre de vie de Saint-Bonaventure. Toutefois, elles ne sont pas toujours dans le même ordre. Le vitrail "Arbre de vie" de Carcassonne est la copie conforme de la fresque peinte par Taddeo Gaddi dans le réfectoire de la Basilique Santa Croce de Florence (Italie).

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    L'Arbre de vie de Santa Croce à Florence

    La restauration de l'Arbre de vie par Gérente portait sur le bas de la verrière. Il mit sur le toit rouge de l'arche de Noé l'encart suivant :

    "Cette fenêtre a été restaurée et complétée en l'an 1860, par Alfred Gérente, peintre verrier à Paris."

    "Beaucoup de parties, dans cette fenêtre et notamment les dix-huit panneaux au bas manquaient au lecteur, salut - Alfred Gérente."

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    Encart noir sur le toit rouge de l'arche de Noé

    L'abbé Monts s'appuie sur la virgule qui suit dans le texte "parties". Sa lecture et son analyse indique que  "manquaient des parties aussi bien dans la fenêtre que "notamment" dans les 18 panneaux au bas". Ce qui permet d'affirmer sans hésitation que ces "parties" ont été aussi bien restaurées en bas qu'en haut et donc, que Gérente n'a pas refait les 18 panneaux au bas.

    Ces panneaux existaient avant leur restauration, car Viollet-le-duc dans son livre sur la Cité (p.435), écrit en 1855 (cinq ans avant la restauration) : "Le vitrail de la première chapelle du transept de droite représente, le christ en croix avec la tentation d'Adam et Éve". Le baron de Guilhermy lors de sa visite en 1855 précise que "la verrière est complète et remplit trois baies ainsi que leur tympan". Il y a une "mandorle avec rétable, un Christ en croix et plusieurs personnages" au-dessous de la croix.

    Un grand tableau peint par Pierre Gaston Rigaud représente le vitrail, tel qu'il était avant la restauration. A savoir : 3 baies complètes avec la croix, l'arche de Noé, l'Arche d'alliance, Adam et Éve autour de l'Arbre du Paradis.

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    © Pinterest

    L'abbé met ses affirmations en contradiction avec Joseph Poux (archiviste de la Cité) lorsqu'il prétend dans son ouvrage, que Gérente a tracé le dessin de l'Arche de Noé, l'Arche d'alliance et Adam et Éve.

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  • La Roseraie : Histoire d'un gâchis social et financier

    La congrégation religieuse des Petites soeurs des pauvres fut fondée en 1839 par Jeanne Jugan (1792-1879) à Saint-Servan sur mer (Ille et Villaine). Elle participe à l'acceuil et aux soins des personnes agées isolées et dans le besoin sans distinction de nationalité ou de croyance.

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    Les religieuses s'installent à Carcassonne le 21 novembre 1879 dans une maison inhabitée de l'avenue du Pont neuf (Arthur Mullot), où elle fondent l'asile des Petites soeurs de pauvres. (Source: Henri Alaux)

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    Un peu à l'étroit, la congrégation fait construire en 1883 un nouvel établissement en bordure de la route de Narbonne (flèche rouge).

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    Cet ouvrage est l'oeuvre de l'architecte Charles Emile Saulnier (1828-1900). Il se présentait à cette époque sous la forme d'un U ; une chapelle à l'arrière du bâtiment principal et de chaque côté l'aile des hommes et celle des femmes.

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    La chapelle des Petites soeurs des pauvres au début du XXe siècle

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    © J. Blanco

    L'entrée à droite avant qu'elle ne soit entièrement refaite.

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    Les soeurs vont ensuite faire construire un bâtiment reliant les deux ailes, dont la façade et l'entrée donneront sur la route de Narbonne. Elles resteront à Carcassonne jusqu'en 1973, année où l'ensemble immobilier sera vendu à la ville.

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    En début d'année 1977, la municipalité Gayraud décide la transformation de l'ancien Asile des Petites soeurs des pauvres, en 53 logements-foyer pour personnes âgées. Le bâtiment est acquis par le Conseil général de l'Aude qui le vend à la ville pour le franc symbolique. Celle-ci le rétrocède à l'Office H.L.M. Le montage financier s'établit comme suit :

    Caisse des prêts aux organismes HLM : 2.818.00 frs

    E.P.R : subvention de 170.000 frs

    O.R.G.A.N.I.C : 141.000 frs

    B.A.S : 500.000 frs

    H.L.M Aude : autofinancement 150.000 frs

    Ville de Carcassonne : 500.000 frs

    La restructuration des bâtiments et leur transformation est confiée à l'architecte Mlle Cailhau. La gestion est placée sous la responsabilité de Mlle Brieu, sous l'égide du Bureau d'aide sociale de la ville.

    La Roseraie dispose d'une superfine totale de 2905 m2 dont 1575 sont réservés aux logements. À l'intérieur, les aménagements collectifs comprennent une salle à manger de 72 places située dans l'ancienne chapelle, 4 salons, une salle de jeux (46 m2), une cuisine collective (63 m2), une salle polyvalente pour 99 personnes (232 m2) et un jardin de 12 000 m2. 

    Ce sont au total 55 logements qui sont construits pour des personnes âgées non dépendantes. Il s'agit de studios avec cuisine et chambre à l'exception de neuf type F1 et d'un type F2. Chaque pensionnaire bénéficie d'une buanderie équipée de machines individuelles et d'un service de restauration, qu'il peut prendre en salle ou dans son appartement. Les loyers vont de 480 à 890 francs (allocation logement comprise). Selon le maire, tout a été fait pour que l'on puisse se loger et se nourrir même avec le minimum vieillesse de 916,66 francs. En 2015, il est de 800 euros. Le jour de l'inauguration 60% des  logements avaient déjà été pourvus ; un succès qui ira croissant dans les mois suivants.

    Au dessus du portail, le dessin en faïence est l'oeuvre du peintre Jean Camberoque (1917-2001).

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    La chapelle est visible depuis la rue Alexandre Guiraud et servirait, parait-il, de gymnase. Elle a été désacralisée, mais l'abbé Jean Cazaux à son grand regret ne sait pas ce que sont devenus les objets du culte. Ciboires, calices, maître autel, chemin de croix, confessionnal, statues, etc... ont disparu à jamais.

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    Le maître autel dans le choeur de la chapelle, autrefois...

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    © Jean-Luc Bibal / La Dépêche

    Au moins de décembre 2010, la Communauté d'Agglomération du Carcassonnais présidée alors par Alain Tarlier, fait l'acquisition des bâtiments de la Roseraie au bailleur social Habitat Audois, représenté par Robert Alric. Habitat Audois avait obtenu les bâtiments pour l'euro symbolique de la ville de Carcassonne. La valeur vénale estimée par France domaine, s'élève à 2,29 millions d'euros. Le président indique son souhait d'y installer les bureaux de l'Agglo ; le déménagement coûterait 8 millions.

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    Finalement après cet achat onéreux pour les finances publiques, la Communauté d'Agglomération abandonnera son projet. Elle s'installera dans les locaux de l'ancien EDF, dans lequel elle avait promis de créer la médiathèque. La Roseraie restera sa propriété mais à l'abandon (voir photo ci-dessus). Depuis ce temps, l'administration territoriale cherche à se débarrasser de ce bien. On apprend cette semaine qu'elle vient de trouver un acquéreur. 

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    © Nathalie Amen-Vals / L'Indépendant

    C'est la société immobilière Nexity qui vient de réaliser une belle affaire. En effet, elle emporte la Roseraie pour 1,1 millions d'euros afin d'y réaliser une résidence privée pour séniors. La Communauté d'agglomération viendrait de perdre en sept ans 1,19 millions d'euros : 2,29 M acquis en 2010 - 1,10 M vendu en 2017. Elle s'enorgueillit quand même d'avoir réussi à se dessaisir de ces bâtiments, en ayant réussi à récupérer 1 millions d'euros pour ses finances. La belle affaire ! Sans compter que si elle en avait pris soin depuis ce temps, le prix aurait peut-être pu être négocié à la hausse. 

    Sur le plan purement social, nous sommes passés d'un asile et une maison de retraite publique pour personnes âgées désargentées en 1977, à une résidence privée pour séniors fortunés. Quand on sait le coût actuel des maisons de retraites, on se demande dans quel établissement iront les "vieux" qui n'ont pas le sou. Pire encore, ce sont les contribuables qui viennent de perdre 1,1 millions d'euros en faveur d'une société immobilière privée. 

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  • Montplésir d'été : une guinguette au bord de l'Aude

    Que sait-on de Monrplésir d'été, improprement écrit "Montplaisir d'été" dans les très rares ouvrages qui évoquent son existence ? Presque rien, sinon que cet endroit situé sur la rive droite de l'Aude, fut une guinguette dans laquelle on venait se rafraîchir et danser à la belle saison. On y accédait par une barque qui traversait le fleuve en aval du Païchérou ou bien à pied, par les terrains de l'île.

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    Monplésir est complet depuis que sur l'Herbette, on a trouvé des mots écrits par un poète. Ô couples amoureux gardez-vous d'oublier, que nous avons ici l'Or-Kina Sabatier

    De ce temps-là, il ne nous a pas été possible de retrouver le nom des propriétaires. Aucun des annuaires que nous possédons, ne nous donne cette information. En revanche, les registres du commerce nous apprennent que Laurent, Pascal Bourdel exploitait une "vente saisonnière au détail de boissons hygiéniques" après la Seconde guerre mondiale. Le fonds sera exploité jusqu'au 31 décembre 1974 par son épouse Raymonde, Marguerite Bourdel (née Pech). Margot, bien connue des Carcassonnais, vendait sa production maraîchère au marché de place Carnot. On l'appelait "La campardine". Quant on cherche l'étymologie de ce surnom, on observe qu'en provençal, un campardin est un fanfaron.

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