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  • Une bien mystérieuse sépulture au château de Baudrigues

    Le 6 septembre 2012 nous écrivions l'article ci-dessous. Mais depuis...

    C'est en se promenant dans les bois du château de Baudrigue, situés sur la commune de Roullens qu'un de mes amis (Damien) allait faire une bien étrange découverte. Connaissant mon goût prononcé pour les énigmes et mon exaltation à tenter de les déchiffrer, il se mit hier en rapport avec moi et m'envoya quelques clichés. Ne pouvant pas me rendre sur place, j'ai passé toute la soirée à les visionner.

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    Perdu au milieu d'un bois gagné par la végétation, un banc rouillé n'entend plus le recueillement et la prière d'une âme éplorée.

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    Seule la tombe, rendue presque muette par les outrages du temps garde ces stigmates comme autant de cicatrices sur ce sol endeuillé.

    On peine à lire:

    Ci-git

    Charlotte de Beon

    Comtesse d'Hautpoul

    décédée à Carcassonne

    le 15 juillet 1818

    L'honnorable Miss Vernon

    Dame d'honneur de S.M

    La Reine d'Angleterre

    a fait ériger ce monument

    religieux en témoignage

    de son amitié pour la défunte

    Priez pour le repos de son âme

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    Les armoiries de la famille de Béon (ci-dessus)

    Quelle fille issue de cette famille s'est mariée avec un Comte d'Hautpoul ?

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    Il s'agit de Marie Madeleine Charlotte Christine de béon du Massés-Cazaux née en 1767, fille du marquis Gabriel-Guillaume de Béon du Massés-Cazaux. Elle se maria en première noce avec un lointain cousin François-Frédéric de Béon-Béarn au château de la Serpent, le 22 janvier 1776.

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    Le château de la Serpent dans l'Aude (près de Couiza)

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    Elle fut reçue aux honneurs de la cour en 1782 et jusqu'à la Révolution, elle occupa une place de Dame pour accompagner Madame Adélaïde (ci-dessus), fille de Louis XV.

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    Les armoiries de la famille d'Hautpoul

    Marie Madeleine Charlotte Christine de Béon épousera en seconde noces en 1808, Joseph Marie Grégoire Prosper d'Hautpoul, comte d'Hautpoul. Ce dernier est Chevalier de l'Ordre de Malte depuis le 27 juillet 1775 et sert dans les ambassades du marquis de Bombelles.

    Questions

    Pourquoi la comtesse d'hautpoul est-elle décédée à Carcassonne?

    Il est probable que se soit lors d'une visite à sa belle famille. Guillaume Dominique Laperrine-D'Hautpoul était à ce moment là, le propriétaire du château de Baudrigue. Il deviendra Député de l'Aude en 1827.

    Pourquoi est-elle inhumée dans le parc du château?

    Les nobles avaient le droit de sépulture sur leur sol et il faut supposer qu'on n'a pas eu le temps de faire transporter le corps dans le caveau de famille.

    Quels rapports avec la Reine d'Angleterre?

    Le premier époux de la comtesse avait servi après la Révolution française pour un régiment de son nom, au service de sa Majesté le Roi de Grande-Bretagne.

    Quelle Reine a fait alors ériger ce monument?

    Il s'agit soit de l'épouse de Guillaume III, la reine Charlotte. Soit, peu probable, quelques années après de la Reine Victoria.

    Que va devenir cette sépulture?

    Jusqu'à aujourd'hui aucune date ne donnait le décès de la comtesse. Gageons que ce travail permettra de la sauver...

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    Quelques six mois après la parution de cet article, deux descendants de Charlotte de Béon du Massés-Cazaux se signalaient à moi, forts contents que nous ayons retrouvé la tombe de leur aïeule. Ils en ignoraient l'existence. Le premier fut George de Ginestet de Puivert; le second, Gilles Mauléon de Narbonne. Tous deux m'ont apporté ceux qu'ils savaient sur Charlotte de Béon, comtesse d'Hautpoul.

    Généalogie

    Marie Charlotte de Beon Cazaux Contesse de Beon Beon.jpg

    Marie Magdeleine Charlotte Christine de Béon du Massés de Cazaux est née le 9 août 1757 au château de la Serpent (Aude). Elle est baptisée le jour même en l'église paroissiale St-Etienne.

    Gabriel Guillaume Marquis de Beon, pere de Marie Charlotte de Beon Cazaux.jpg

    Elle est la seconde fille et enfant, devenue aînée après sa soeur Marie-Louise Gabrielle (1754-1762), de Gabriel Guillaume de Béon de Massés de Cazaux, chevalier, marquis de Cazaux puis marquis de Béon de Massés de Cazaux. Il est sous-lieutenant des Gardes du corps du Roy, compagnie du Luxembourg, au rang de Mestre de camp, puis Brigadier des Armes du Roy.

    Marie Madeleine Charlotte de Lombard de Montauroux, mere de Marie Charlotte de Beon.jpg

    Sa mère est Christine Marie Magdeleine de Lombard de Montauroux.

    Frederic de Beon Bearn, epoux de Marie Charlotte de Beon Cazaux.jpg

    Charlotte se marie le mercredi 23 janvier 1776 en l'église de La serpent avec messire François Frédéric de Béarn de Béon (1754-1802), fils de du Comte de Béon de la Palu et de Anne de Puybérail, dame de Troncens. Elle a 18 ans et lui 22, ils sont donc mineurs (la majorité est à cette époque à 25 ans) et procèdent en présence du consentement de leurs parents.

    Mademoiselle de Beon, contesse de Mauleon, fille de Marie Charlotte.jpg

    De cette union naîtra mademoiselle de Béon, comtesse de Mauléon. Puis, François Antoine Henri de Béarn de Béon (1779-1820), décédé à La serpent.

    A la cour du Roy de France

    Charlotte est présentée à la cour du Roy Louis XVI en mai 1780. Son père fit rédiger un mémoire par Chérin le 25 avril 1780 à l'occasion de cette présentation.

    Jean Antoine de Beon, dit l'abbe de Beon, oncle de Marie Charlotte, aumonier de madame Adelaide fille de France.jpg

    Charlotte descend des principales branches de la maison de Bourbon et le dernier Roy de France dont elle est issue est Louis XI. Cependant, c'est grâce à Jean Antoine Nicolas de Béon (portrait ci-dessus), oncle paternel de son père et aumônier de Madame Adélaîde de France (fille de Louis XV) que Charlotte obtient sa nommination de Dame à accompagner en 1782.

    La Révolution française

    A la Révolution, nombreux sont les aristocrates à fuir la France pour échapper aux sans-culottes. Charlotte suivra madame Adélaîde à la cour d'Angleterre. C'est là qu'elle fait la connaissance de Miss Caroline Vernon (1751-1829), fille d'Henry Vernon né le 17 septembre 1718, dame de compagnie la Reine consort Charlotte d'Angleterre. Ce qui explique la mention de son nom sur l'épitaphe de la dalle funéraire trouvée à Baudrigue.

    Retour d'exil

    Charlotte rentre en France au moment où un décret de Napoléon, autorise le retour d'exil des aristocrates. Entre temps, son époux Frédéric de Béon était décédé sur l'île de la Trinité (Trinidad et Tobago). Revenue sur ses terres, elle se remarie en 1808 avec Jospeh Marie Grégoire Prosper d'Hautpoul, comte d'Hautpoul. La mort de Charlotte est pour le moins étrange, car d'après des correspondances conservées par Gilles de Mauléon de Narbonne, elle craignait pour sa vie. Quelques heures avant son trépas, elle ne se sentit pas bien malgré une très bonne santé. Pour son aïeul, il ne fait pas de doute que la comtesse fut empoisonnée par son second époux, le comte d'Hautpoul. Celui-ci aurait convoité sa fortune.

    Sépulture

    La comtesse d'Hautpoul est décédée le 15 juillet 1818 à Carcassonne et inhumée au cimetière St-Vincent. La tombe fut exhumée et déplacée ensuite par le comte, mais personne jusqu'à aujourd'hui, ne savait dans quel endroit. C'était donc à Baudrigue, propriété de la famille d'Hautpoul à cette époque. Voilà une énigme résolue. Reste à savoir si le corps de Charlotte se trouve bien sous la dalle funéraire...

    Le tableau de Charlotte de Béon de Massés-Cazaux

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    Ce tableau peint par Mme Vigée-Lebrun en 1787 a été vendu aux enchères en 1949 à New-York chez Parke-Bernet (devenu Sotheby's). Il se trouve aujourd'hui au musée de Tucson dans l'Arizona (USA). Cependant, il existe trois autres portraits de Charlotte: une copie au même format au château de La serpent, une miniature (non signée) de Charlotte au clavecin, une replique exacte de celui de Mme Vigée-Lebrun signée de Mlle Boquet en 1788 (portrait en couleur présenté plus haut).

    Je remercie vivement George de Ginestet de Puivert et Gilles de Mauléon de Narbonne.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • La route minervoise, la belle ombragée (3)

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    Selon les informations que j'ai pu recueillir, la cheminée que l'on voit sur cette photo des années 1930 dans la rue Prosper Montagné, serait celle de l'usine Lauze.

    "L'entreprise LAUZE exploitait aussi les eaux d'ALET, avec lesquelles ils fabriquaient la limonade du même nom. D'abord à la porte Cadene, ensuite à la source. Dans les années 30 le gendre RENE BERNAT à pris la suite, puis ce fut le fils charles, jusqu'à ce que les boissons américaines à la composition mystérieuse envahissent le marché français. CHARLES BERNAT fut maire d' ALET de mars 1983 à juin 1995." (J. Blanco/ Le cyclisme et ses champions/ Bull. SESA)

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    Cuve en cuivre dans laquelle était fabriquée la limonade Lauze (Photo: J. Blanco)

     Dans ce quartier de Carcassonne appelé Le Tivoli, se tenaient au début du XXe siècle un grand nombre de distilleries et de Brasseries (Cabanel, Auguste Vialade, Lauth...). Les cheminées ont été démolies à cause des pétitions des riverains qui ne supportaient plus les nuisances olfactives. Certaines de ces usines se sont déplacées sur l'allée d'Iéna (Cabanel, Vialade) et d'autres ont cessé leurs activités. La cheminée de l'usine de boissons gazeuses Lauze a dû être abattue juste après la guerre de 1940, car elle n'apparaît pas sur les cartes postales des années 1950. En 1904, son adresse était: 1, boulevard du Jardin des plantes. Au Tivoli. C'est précisément à cet endroit.

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    Lors de mes balades carcassonnaises, je me suis longtemps demandé ce que pouvait être cet espèce de bâtiment en plein milieu de la rue Prosper Montagné. Au début du siècle dernier, cette artère portait le nom d'André Chénier. Il s'agit d'un vestige industriel et selon toute vraisemblance, celui de l'usine Lauze dont la cheminée était accolée au bâtiment. Dans le local de Lauze, plus tard il y eut la Maison Rieux, négociant en vins. cette affaire de vins elle aussi a cessé sont activité. Juste à côté de lui se tenaient les transports Laurens. Voilà un des rares souvenir du passé industriel de la ville encore debout. Une mise en valeur serait nécessaire, avant qu'il ne soit la proie d'un investisseur immobilier et de ses bulldozers.

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    Qui ne se souvient pas des bouteilles de chez Lauze ? Nos grands parents s'en servaient pour y mettre les coulis de tomates. Aujourd'hui, elles sont vendues dans les vides greniers...

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  • La route minervoise, la belle ombragée (2)

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    Si vous prenez à la sortie de Carcassonne, la route minervoise en direction de Mazamet, regardez de l'autre côté du canal du midi. Au bord de celui-ci et au pied de la colline de Grazailles, se trouve depuis fort longtemps la Villa Odette. Elle est située juste en face de l'embranchement qui mène au lotissement de la Prade. Il s'agit d'une maison à la campagne, là où les carcassonnais allaient se rafraîchir les fins de semaine ou pour les vacances d'été. Un havre de paix jusqu'aux années 1950. On y retrouve le félibre et rédacteur de la Revue méridionale Achille Rouquet, qui avait une maison au milieu des vignes dans ce qu'il appelait Castelgrazailles.

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    Une photo tirée d'une plaque de verre de la Villa Odette au début du XXe siècle. D'après Alfred Raucoules, cette petite maison appartenait à deux soeurs de la famille Courtine qui vendait des sacs à mains en face Monoprix (24 rue de la gare)

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