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Inédit ! À l'origine de l'École maternelle Marcou

En 1859, la ville de Carcassonne compte autant d’asiles pour accueillir les enfants déshérités que de paroisses. A l’asile de la Cité (rue St-Bernard) nouvellement créé en 1856 s’ajoutent l’asile de la Barbacane (119, rue Barbacane), l’asile St-Vincent situé sur le boulevard Ouest entre les rues St-Jean (Liberté) et St-Vincent (4 septembre) confié à Mlle Déoux, l’asile Saint-Michel. Ce dernier avait été fondé par la municipalité le 20 février 1850, après l’acquisition par les sœurs de St-Dominique de la maison Barbe, ancien fabricant de draps, attenante au jardin du Calvaire. Dans cette belle demeure située dans la rue Saint-Michel (Voltaire, n°99), ayant également un jardin donnant sur le boulevard, les religieuses avaient accepté contre rétribution municipale de diriger l’asile St-Michel. Malheureusement, au fil des années les conditions d’accueil s’étaient fortement dégradées, poussant la prieure des Dominicaines à écrire le 25 août au maire de Carcassonne :

« Vous voudrez bien me permettre d’appeler votre attention sur la nécessité d’améliorer le sort des pauvres enfants de l’asile St-Michel. Les locaux que je loue à la ville sont désormais insuffisants pour le nombre d’enfants qui, depuis quelques années, s’est accru considérablement ; ils sont actuellement 320 et il n’est plus possible de les contenir dans les petites salles qui existaient déjà. Il résulte de ce manque d’espace que l’air est excessivement vicié, et, de l’avis du médecin, il est très nuisible à la santé des enfants et à celle des sœurs chargées de la direction de l’asile. »

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Dans la rue Voltaire, l'entrée de l'ancien Asile Saint-Michel

En 1867, le conseil municipal considérant que l’état de l’immeuble ne permettait guère d’offrir aux enfants toutes les garanties de sécurité et d’hygiène, songea d’abord à faire son acquisition. Si les religieuses souhaitaient effectivement le vendre, elles ne s’en dessaisiraient pas pour une somme inférieure à 36 000 francs. La commission municipale chargée d’étudier le projet conclut qu’il serait moins coûteux pour la commune de faire édifier un nouveau bâtiment, plutôt que d’acheter à ce prix une maison à réhabiliter. Le maire Eugène Birotteau engagea donc une réflexion sur le lieu où pourrait être bâti le nouvel asile Saint-Michel ; le conseil municipal opta pour un terrain municipal en bordure du boulevard face au bastion du Calvaire sur l’emprise duquel se trouvaient également quatre maisons de particuliers. Après consultation des intéressés, trois des quatre propriétaires s’engagèrent à vendre leurs immeubles à abattre pour la construction de l’asile. Il s’agit de la veuve Poitevin, de Catherine Bousquet veuve Jammes et d’Alexandrine Fos épouse Coste. La quatrième maison à l’extrémité Nord-Est, propriété du sieur Martial Bénajean, ne fut pas acquise en raison de la somme demandée par le vendeur. Le décret d’utilité publique pour l’achat des immeubles signé le 3 novembre 1869 et l’approbation du Conseil supérieur des bâtiments civils validés, les travaux furent adjugés le 1er février 1870 à Philippe Marty, entrepreneur en maçonnerie. Léopold Petit qui avait été recruté en qualité d’architecte municipal le 1er septembre 1868, dut reprendre les plans dressés par son prédécesseur M. Jacquelin-Desnoyers avec les conséquences qui s’ensuivront.

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La façade est l'œuvre de l'architecte Léopold Petit (1837-1911). On remarquera que ce pavillon n'a pas été construit avec la pierre grise du pays, mais avec une pierre blanche.

Les dessins de l’asile Saint-Michel, présentés à l’approbation du conseil municipal, prévoient la construction d’une salle principale au centre. Cinq grandes fenêtres l’éclairent au Nord et au Sud au bout desquelles se situent les cours de récréation des filles et des garçons. La façade tournée vers le boulevard dispose d’un jardin sur le devant séparée de la rue par une grille, mais cette disposition sera supprimée au final. Pour des raisons d’économie, on ne donnera pas d’étage au bâtiment ; seul le pavillon en son centre en possèdera un. On considérait alors que les religieuses vivant exclusivement à l’intérieur de leur congrégation ne logeraient jamais dans l’asile. Malgré les critiques formulées par M. Cornet-Peyrusse et le plan alternatif présenté par M. Portal de Moux, le conseil municipal adopte les plans initiaux présentés par l’architecte.

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Sculpté dans la pierre les initiales de l'asile St-Michel

Les travaux interrompus durant la guerre de 1870 ne reprirent qu’après le conflit et l’avènement de la Deuxième République. Ils ne furent achevé en totalité qu’en 1874, non sans de nombreuses rallonges budgétaires liées à des modifications de dernière minute. Au total, ce sont près de 70 000 francs qui furent dépensés par la commune pour l’édification de l’asile Saint-Michel, sans compter les frais engagés en 1880 pour réparer les vices de construction. Au mois de mars de cette année-là, la commission fit état de l’insolidité du bâtiment. Les murs se lézardent car « l’architecte a laissé construire cet établissement sur un terrain transporté, ce qui cause un énorme tassement. »

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Asile Saint-Michel, Bd Marcou

(Architecte L. Petit - 1874)

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Asile Saint-Vincent, Bd de Varsovie

(Architecte Cayrol - 1859)

Quant à l’accueil des enfants dans les nouveaux locaux, il n’intervint pas de suite. Après que les sœurs ont vendu leur immeuble à M. Durand, ce dernier accepta le maintient des élèves jusqu’en mars 1873. Ne trouvant pas de laïcs pour remplacer les Dominicaines, le maire Marcou dut se résoudre à confier à nouveau l’asile à des religieuses. Ce n’est qu’en avril 1880 qu’elles seront chassées et remplacées par des institutrices. L’ancien asile Saint-Michel deviendra plus tard l’école maternelle Marcou qui porte encore aujourd’hui ce nom.

Sources

Délibérations des conseils municipaux épluchés un à un

La fraternité, Le courrier de l'Aude, Le bon sens

Je suis dans l'obligation de signaler que ce travail est absolument inédit, jusqu'au jour où l'on voudra bien reconnaître mes mérites pour les services que je rends à la communauté sans qu'il ne soit besoin de le revendiquer, ni de le justifier.

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Commentaires

  • Il existait donc des asiles pour enfants . Quelle histoire! Quel Scoop! A+

  • Mais il en existe toujours et de nombreux ! Ce sont des foyers d'enfants. Pas moins de trois à proximité immédiate de chez moi dans une ville plutôt très aisée.

  • Merci Martial.

    La plus part des Capucins et des 4 chemins se sont connus là !!!

  • Très,très intéressant!!! Moi qui habitais presque en face au 3 Bld Marcou ,je n’avais jamais entendu quoi que ce soit sur le passé de cette école maternelle.
    Je suis totalement fan de chaque anecdote racontée,de chaque pan d’histoire inconnu ou presque sur Carcassonne que je découvre ici,etc....etc.... Merci pour tout ce travail qui nous fait remonter le temps.

  • Un souvenir m'est revenue à lisant votre chronique. Enfant j'allais quelques fois à l'école maternelle Marcou et je me souviens d'un jour où plein de papiers multicolores descendaient du plafond car c''était au moment de Noël. Je me souviens aussi que je ne voulais pas y aller et que je pleurais tout le long du chemin en tirant sur la main de ma grand mère.
    Merci encore pour cette recherche.

  • Merci encore Martial pour cet éclairage sur ce bâtiment que de nombreux enfants et enseignants ont fréquenté !
    Cela me rappelle les souvenirs de mon père né en 1926 à la Barbacane et qui avait II aussi fréquenté l’école maternelle du quartier qui devait également être un ancien asile d’enfants.

  • Félicitations pour cet énorme travail de recherche . Le résultat est tout simplement époustouflant..
    MERCI..

  • tout simplement bravo et encore merci pour que nous fassions connaissance avec notre ville si triste

  • l école de mon enfance celle de mes 2 fils et de ma petite fille que de souvenirs charmants

  • bonsoir, je me permet de vous adresser ce mail pour avoir votre avis sur cette école maternelle. Ma petite fille devrait y faire sa rentrée en septembre prochain. La famille arrive sur Carcassonne.
    d'avance merci
    bc

  • Merci encore pour votre travail de recherche ...qui soulève toujours un pan de voile de notre histoire...l'eclairant petit à petit
    Cordialement MAJ

  • Une fois de plus je découvre une histoire de la ville que je ne pouvais pas simplement imaginer!!!
    Merci, super travail

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