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La Belle Hélène de Carcassonne est Catalane !

En 1902, le sculpteur catalan Raymond Sudre (1870-1962), auréolé par son Prix de Rome obtenu deux ans plus tôt, réalisa une statue en marbre de carrare intitulée : Hélèna, cité roussillonnaise rêve à son antique splendeur. Cette œuvre primée par l’Académie des Beaux-arts représente l’allégorie de la cité d’Elne dans les Pyrénées-Orientales. Au IIIe siècle, après le séjour de l’empereur Constantin 1er, la ville d’Illibéris prendra le nom de Castrum Helenæ, en hommage à la mère de l’empereur.

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© Musée de Perpignan / Fonds Josep Puig

Raymond Sudre devant sa maquette

A l’origine, la statue devait orner le nouvel édifice de la salle des fêtes d’Elne, baptisée « Hélèna ». Or, la ville qui s’attendait à une représentation de la sainte canonisée en tant que première impératrice romaine convertie au christianisme, s’aperçut que l’artiste avait au contraire réalisé une Belle Hélène, dans une posture lascive. Les réactions de rejet parmi la population ont contraint la municipalité a refuser cet œuvre. C’est ainsi que quatre années plus tard, elle rejoignit Carcassonne où elle fut déposée grâce à Dujardin-Beaumetz, Ministre des Beaux-arts.

Chacun d’entre-nous connaît parfaitement l’histoire de notre ville pour tout ce qui concerne l’entretien et la valorisation de son patrimoine culturel, n’est-ce pas ? L’œuvre de l’illustre sculpteur n’était pas en nos murs depuis trois ans à peine, que l’artiste s’émut du sort réservé à sa Belle Hélène. Il rédigea alors un courrier au maire Gaston Faucilhon dont voici la teneur :

"J’avais pris le soin de modeler en plâtre gratuitement une maquette ; j’ai fait deux voyages à Carcassonne, signalé l’emplacement qui conviendrait le mieux, indiqué le rideau de verdure nécessaire pour mettre l’oeuvre en valeur ; il n’a été tenu aucun compte de mes indications. Vous comprendrez combien il est pénible pour un artiste lorsqu’il a peiné un an ou deux sur une œuvre, lorsqu’il a eu la joie de voir ses efforts couronnées au Salon, de voir la façon avec laquelle vos prédécesseurs (NDLR : Jules Sauzède) ont procédé à sa présentation au public. Si vraiment la ville de Carcassonne ne voulait pas faire autre chose, autoriseriez-vous au moins la municipalité de ma ville natale (Perpignan) à la réclamer pour la promenade des Platanes ; en échange on pourrait peut-être obtenir pour Carcassonne une autre œuvre du ministère ?"

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Une copie en bon état se trouve dans l'Hôtel Pams de Perpignan

Sudre avait imaginé une décoration qui consistait à encadrer Hélèna entre deux colonnes réunies par une architrave et formant portique. Tout autour des plantes auraient grimpé, mais on a placé la statue à cet endroit sur un socle sans esthétique. Il semblerait que la municipalité de l’époque n’ait eu rien à faire de l’œuvre de Sudre, puisqu’elle projeta de l’enlever pour y placer un monument au député-maire socialiste Théophile Marcou. Rien ne se fit et Hélèna demeura au fond de ce Jardin des plantes devenu Square André Chénier pendant des décennies.

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En 2007, la statue qui avait subi les ravages du temps et surtout la malveillance des hommes, fut déposée par l’entreprise Audabram et mise à l’abri dans ses ateliers. La ville de Carcassonne décida de la faire restaurer par Monsieur Pontabry, sous l’égide du Ministère de la culture. Une affaire municipale fâcheuse ne permit pas de la réinstaller de suite ; la statue d’Hélèna ne sera sortie de sa retraite qu’en décembre 2010. Le maire J-C Pérez choisit alors le square Gambetta pour son nouvel emplacement, en lieu et place du monument à la Résistance audoise. Cinq ans plus tard, la municipalité Larrat désireuse de refaire ce square tant décrié, fit à nouveau déposer la statue par l’entreprise Del Bano de Limoux. En 2016, Hélèna revint à Carcassonne mais cette fois sur la partie Ouest du square Gambetta, face au Musée des Beaux-arts où elle se trouve de nos jours.

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Sources

Le courrier de l'Aude / 1906, 1909, 1913

La dépêche / 2010

Pays Catalan France 3

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© Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2020

Commentaires

  • Mais pourquoi ne l'a-t-on pas remise dans son écrin de verdure du Jardin des Plantes ?
    Merci pour cet historique détaillé.

  • Merci pour ce récit Détaillé et très intéressant ., comme tous vos articles.

  • Rien de bien nouveau depuis.... Jules Sauzede ; quand apprendra-t'on à nos enfants que "Carcassonne et la Culture" constitue l'un des plus beaux pléonasmes de notre langue ?

  • effectivement les belles choses sont " occultées " si l'on peut dire - peu de décors , peu de verdure (genre square andré chénier ) --ou peut-on se reposer à l'ombre d'un arbre ?? bref !

  • Soyons heureux que cette belle statue soit en bonne place, ce qui n'est pas le cas d'autres sculptures a Carcassonne,

  • Pourquoi l'avoir déplacée en 2014? L'ego mégalomane du premier magistrat?

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