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  • Il n'est pas bon d'avoir raison trop tôt...

    "Un bon croquis vaut mieux qu'un long discours" aurait dit Napoléon 1er. S'il avait disposé à son époque de la photographie, peut-être alors l'issue de la bataille de Waterloo en eut été changée. A l'évocation de certaines batailles dont je fus à une époque pas si lointaine en tête de proue, l'histoire me revoie très souvent à la figure l'expression suivante : "Il n'est jamais bon d'avoir raison trop tôt !". Diable, mais pourquoi n'écoute t-on pas ceux qui comme "le petit Caporal", ont toujours eu un temps d'avance sur les évènements ? Eh ! bien, mes amis je vous le dis, ce qu'il manque à nos décideurs c'est le réflexe de l'anticipation. Sans avoir l'outrecuidance de vouloir me hisser au rang des visionnaires de l'histoire, reconnaissons simplement qu'à la lecture de ce qui suit, il n'est pas bon d'avoir raison trop tôt...

    La villa de la Gestapo

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    L'ancienne maison Ormières, au n°67 de l'avenue Roosevelt avait été le siège de la Gestapo de Carcassonne entre 1943 et 1944. Malgré le combat solitaire que j'ai mené pour la conserver à titre mémoriel, elle a été rasée en février 2015. Le propriétaire et bailleur social, Habitat Audois, y a construit à l'arrière du parc une résidence cubique dessinée par des architectes formés chez Légo. 

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    Cette demeure de la fin du XIXe siècle avait un aspect coquet donnant sur l'avenue. Sur prescription municipale, le service de l'urbanisme exigea que l'on conservât le mur d'entrée et son portail. 

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    La photographie ci-dessus fut prise à la fin de l'été dernier, mais je vous rassure... Aujourd'hui, rien n'a évolué depuis 2015. Si, quand même ! Le portail a été remplacé par une porte de chantier du plus bel effet et le terrain sur lequel se sont fait massacrés les Résistants est jonché d'herbes et de saletés. 

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    On nous avait dit que ce projet ne pouvait se réaliser qu'à condition d'abattre la villa, afin de faire un parking pour les véhicules et créer un accès de sortie vers l'avenue. La preuve par l'image que l'on vous a roulé dans la farine. Ce qui était nécessaire c'était la destruction à droite de la maison du gardien, qui servit de geôle pour la Gestapo. A gauche, là où s'élevait la villa, on n'a pas fait de parking et on a même conservé les arbres. Alors, pourquoi a t-on mis tant d'ardeur à raser l'ancienne résidence de la Gestapo ?

    La plaque des victimes civiles du 20 août 44 

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    Nous venons de vivre une tragédie qui a coûté la vie à quatre victimes innocentes. Un crime réalisé par une homme dont le bras armé est une idéologie de haine, d'intolérance et de soumission. Il y a bientôt 74 ans, c'est une autre idéologie mortifère qui faisait régner la terreur en France. L'histoire n'est qu'un éternel recommencement : 'L'Inquisition, la conquête espagnole, les campagnes napoléoniennes, la colonisation, etc. A chaque fois, on fait "devoir de mémoire"... Depuis sept ans, je signale à qui veut l'entendre que la plaque ci-dessus, risque de tomber faute de rivetage correct. Au numéro 41 de la rue Jean Bringer, un oublié de l'histoire a été tué par les nazis au cours de la Libération de Carcassonne. Ce Lacroix s'appellera demain sans doute Christian Medvès, Hervé Sosna ou Jean Mazières, tombés fortuitement par le bras armé d'une idéologie malfaisante. On leur élèvera, je l'espère, une plaque puis... le temps faisant son œuvre, on oubliera. Ou plutôt, ceux qui on en auront la charge y passeront devant avec indifférence. C'est ce qui s'est produit avec la plaque à Paul Lacroix récemment. Les services municipaux de l'habitat en relation avec les services du patrimoine de ville, ont fait procéder au ravalement de nombreuses façades en centre-ville. Que croyez-vous qu'il advint ? La plaque à cette victime civile n'a pas été remise en place. Cela fait maintenant un mois que je l'ai signalé et on la cherche toujours... Sans doute, comme l'urne des déportés du square Gambetta.

    La statue de Jeanne d'Arc

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    Voici la statue de Jeanne d'arc qui se trouvait sur l'actuel parvis de la cathédrale Saint-Michel. Après l'inauguration, on avait compris qu'elle n'y reviendrait pas. Je ne vous dis pas les courriers, les articles et les coups de téléphone que j'avais passés afin qu'on préserve la statue et la plaque apposée par les Lorrains en 1945. Honte aux responsables des Bâtiments de France !!! Ils ont posé la statue derrière le chevet de la cathédrale de cette façon depuis un mois et demi. 

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    Ces gens n'ont aucun respect pour l'histoire locale. 

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  • Ce fils d'ouvrier Carcassonnais qui chanta au Métropolitan Opera de New-York

    Dans la famille Rousselière on ne roulait pas sur l'or, tout au plus manipulait-on la fonte. Père de treize enfants, Antoine Rousselière et son épouse Jacquette Artozoul n'avaient guère les moyens d'offrir des cours de chant à leur fils cadet. D'ailleurs, aucun d'entre eux ne fut en mesure de déceler chez Charles cette voix exceptionnelle qui le fit monter sur les plus grandes scènes d'opéras du monde.

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    Charles Rousselière 

    (1875-1950)

    Charles Rousselière naît le 17 janvier 1875 à Saint-Nazaire d'Aude. Dernier d'une nombreuse fratrie, c'est à Carcassonne où son père occupe le poste d'ouvrier dans l'une des fonderies de la ville, que le jeune Charles va s'émanciper. Dans la capitale audoise, le futur ténor fait entendre quelques fois sa voix, mais personne chez nous ne voulut aider l'éclosion de ce talent. A la faveur d'un voyage en Algérie, département dans lequel les pauvres de la ville allaient dépiquer la vigne, la famille s'installe à Sidi-Bel-Abès. Charles Rousselière va être pris en main par un dénommé Maurin. La municipalité lui octroie une bourse et l'envoie étudier à Paris. Au Conservatoire national de musique, il a pour professeurs Vergnet (chant), Girardot (opéra) et Achard (opéra-comique). En 1899, il obtint un second accessit de chant et un second prix d'opéra. Il fut aussitôt engagé à l’Opéra et débuta dans Samson et Dalila avec un succès qui le plaça d’emblée au nombre des artistes en vue et qui, ensuite, ne s’est pas démenti.

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    Rousselière dans Samson de Camille Saint-Saëns

    Sa voix exceptionnelle et ses dons de comédie seront les moteurs d'une rapide ascension dans le métier. Mais, Rousselière possède également la rare faculté à cette époque de chanter en Anglais et en Italien. En France, tous les opéras étrangers étaient traduits. C'est cet atout supplémentaire qui permit au ténor Carcassonnais de franchir l'Atlantique. Ainsi, après sept années passées à l'opéra de Paris, le voilà engagé au Metropolitan Opera de New-York. Il était le seul à ne pas être italien dans la troupe.

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    Adulé, Charles Rousselière reçoit des cadeaux par milliers et l'on se sert de son image pour des publicités dont le cacao Poulain. Un lion lui fut même offert qu'il donna au zoo de Vincennes. Interprète divin des œuvres de Richard Wagner, Guillaume II lui décerna une décoration. En 1914, il la lui renvoya avec l'expression de son profond mépris. Au cours de l'une de ses tournées en Europe, le compositeur Gustave Charpentier vint le chercher à Barcelone pour lui demander créer Julien, son nouvel opéra. Le contrat fut signé entre Barcelone et Carcassonne. C'est dans cette dernière qu'il avait pour cousins MM. Falcou et Artozoul. Le premier était imprimeur, le second marchand d'articles de pêche dans la rue de la gare. 

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    Feodor Chaliapine

    (1873-1938)

    Revevant d'Espagne après y avoir chanté, Rousselière amena la grande basse Russe Féodor Chaliapine à Carcassonne déjeuner chez les Falcou. Que reste t-il de tout cela ici ? Rousselière ne fut jamais convié à chanter dans le Grand théâtre de la Cité. Si le monde entier, connut Rousselière, Carcassonne ne s'y intéressa sûrement pas. C'est aux arènes de Béziers qu'il créa en 1900 Prométhée, l'opéra de Gabriel Fauré.

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    On pourra lire cette biographie parue chez Edilivre en janvier 2017. On n'y parle pas de Carcassonne, mais le mérite t-elle vraiment ? Vous trouverez également sur Youtube de nombreux enregistrement d'époque de Charles Rousselière : Samson et Dalila, La juive, Lohengrin, Manon, etc.

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  • La future impératrice Eugénie a t-elle rencontré Napoléon III à Carcassonne ?

      Ce que nous allons vous conter n'est pas issu des livres d'histoire, ni a fortiori de l'une des biographies les plus documentées sur Napoléon III. Non ! Il s'agit du témoignage d'un Carcassonnais, célèbre en son temps dans notre ville. Les souvenirs de M. Esparseil, architecte et descendant de Théophile Marcou, rédigés en 1962 sont miraculeusement arrivés jusqu'à nous. Dans ce condensé de précieuse mémoire, cet homme évoque le passage du Prince-président Louis Napoléon Bonaparte à Carcassonne, le 3 octobre 1852.

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    Eugénie de Montijo

    Depuis leur dernière rencontre en 1849 dans l'hôtel de Mathilde Bonaparte, Louis Napoléon Bonaparte brûle de passion pour cette jeune femme issue d'une noble famille espagnole. Pendant deux ans, le futur empereur cherche à lui faire une cour assidue. Son entourage préfèrerait plutôt qu'il se marie avec l'une des héritières des têtes couronnées européennes, mais les souverains ne sont guère enclins à se ranger derrière cette idée. Napoléon n'est pas encore empereur et on ne prête guère une éducation qui sied avec la bienséance et l'étiquette des cours royales. Coureur de jupons Napoléon ? 

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    Le 3 octobre 1852, le Prince-président effectue une tournée à travers le sud de la France et fait arrêt à Carcassonne. Nous avons déjà relaté cet évènement dans notre article du 2 février 2016. Eugénie était là, au coin de la rue du marché. Inutile d'en dire davantage, lisons le récit que fait M. Esparseil à ce sujet.

    « Mon père qui l’avait connue aux Tuileries dans toute sa splendeur, se trouvant tout d’un coup en face d’elle, sa figure changea. Il la salua respectueusement. Cette rencontre fut le sujet de notre conversation au cours de laquelle j’appris qu’avant son mariage avec Napoléon III, ce dernier vint à Carcassonne le 3 octobre 1852, en qualité de Louis Napoléon Bonaparte, prince Président de la République.
    La comtesse de Montijo, amie du curé de Saint-Vincent (ce devait être l’abbé Gastines) avait été invité par lui à Carcassonne pour voir passer le Président de la République, bien en vue, afin qu’elle ne passe pas inaperçue du Président. Ce qui se produisit, à tel point que l’on prétendit à cette époque que le curé de Saint-Vincent était pour quelque chose dans le mariage de Napoléon III avec Mlle de Montijo en 1853.
    Beaucoup plus tard, passant rue du Marché avec des vieux amis de mon père qui avaient assisté à l’évènement, l’un d’eux, s’arrêtant au coin des deux rues, dit aux autres : « Vous rappelez-vous la petite Montijo, ici ? »

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    Eugénie se tenait là avec l'abbé Gastines le 3 octobre 1952

    La future impératrice ne trouvait guère de charme à cet homme plus âgé qu'elle, mais elle se résolu à l'épouser religieusement le 30 janvier 1853. Après tout, on ne refuse pas la main d'un empereur. Exilée avec son époux déchu de son trône en 1870, elle mourra en 1920 à l'âge de 94 ans.  Les époux sont inhumés dans la crypte de l’église St.Michel de l’abbaye de Farnborough (Grande-Bretagne).

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    Eugénie de Montijo à la fin de sa vie

    Sources

    Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

    Souvenirs de M. Esparseil / 1962

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